[Requins] L’UICN demande la protection des bouledogues

ESPÈCE VULNÉRABLE

Pour protéger des requins dont les populations sont en chute libre, l’Union internationale pour la conservation de la nature demande que des réserves soient créées dans l’ouest de l’île pour protéger les tigres et les bouledogues.

L’UICN suggère d’adopter des mesures de protection pour les requins réunionnais.

« La première évaluation mondiale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 2014 a estimé qu’un quart des requins étaient menacés d’extinction. Cette proportion était passée à trois quarts, seulement sept ans plus tard en 2021. Soit une augmentation du taux d’extinction de plus de 7 % par an ! » Pour Didier Dérand, l’heure est grave. Car l’instance internationale qui classe les espèces animales et végétales en fonction de leur danger d’extinction parle aussi de l’océan Indien. 

L’UICN aussi considère que pêcher les requins est une erreur. Tellement qu’elle propose la création de deux réserves sur la côte Ouest de notre île, l’une allant de Saint-Paul à Saint-Gilles et l’autre de L’Etang-Salé à Saint-Pierre. Deux réserves pour protéger les requins marteau halicorne tigre et bouledogue et quatre espèces de raies.

Depuis toujours, Didier Dérand s’oppose à la « régulation » des requins. On dirait bien que, du point de vue de la biodiversité, il a raison. D’autant que, depuis dix ans de pêche préventive, l’Etat n’a jamais évalué ni l’état initial des populations, ni l’impact de ces pêches.

Pourtant, « Les grands requins – comme le tigre, le bouledogue et le marteau halicorne – ont pour la plupart adopté une stratégie « K » : faible taux de croissance, grande taille asymptotique, faible fécondité et maturation tardive. Cette stratégie les rend extrêmement vulnérables au programme d’abattage réunionnais qui cible en priorité les grands individus (donc les individus matures, reproducteurs), et limite leur potentiel de rétablissement. Et du fait de la pêche récréative, les jeunes bouledogues et marteaux halicornes sont aussi capturés en abondance. », indique l’UICN. 

En 2021, les trois quarts des espèces de requins étaient menacés d’extinction.

l’UICN publiait le 11 mars 2022 un avis sans concession sur la gestion du risque requin outremer : « [….] les mesures ayant des impacts sur l’environnement sont susceptibles d’engendrer en cascade d’autres problématiques écologiques tout en donnant au public une impression de fausse sécurité. A moins qu’elle ne corresponde au test d’un dispositif non encore éprouvé, toute mesure ne permettant pas une limitation certaine du risque se révèle inappropriée. En conséquence, le Comité français de l’UICN exprime son opposition à l’abattage des grands requins, méthode de limitation du risque inefficace, non déontologique et impactante pour la faune marine locale (tortues, raies, grands poissons). Les grands requins sont un maillon essentiel des écosystèmes marins aujourd’hui menacés. En contribuant au maintien de l’équilibre des chaînes alimentaires océaniques, ils garantissent leur résilience et permettent aux communautés locales de bénéficier des ressources qu’elles procurent. L’élimination aveugle et abusive des requins est à proscrire. »  Et réitérait son avis  août 2023.

Malheureusement, les avis de l’UICN, s’ils sont consultés pour élaborer les lois, n’ont pas de valeur juridique. « Il faudrait que le préfet redevienne raisonnable », estime Didier Dérand. Une première demande de protection avait été adressée au ministère de l’Ecologie, sans succès ; une demande de protection des requins est toujours en cours d’étude par le Conseil d’Etat. 

En revanche, l’association Vagues a obtenu gain de cause pour ce qui est de la pêche en zone de protection renforcée 2 a de la réserve marine. Le tribunal adminstratif a décidé le 13 décembre dernier que l’arrêté préfectoral permettant la pêche dans ces zones était illégal. 

PhN

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.