Geneviève Alaguiry est une artiste pluridisciplinaire de 39 ans. Elle revient sur son parcours semé d’embûches et de sacrifices.
Genathena, de son vrai nom Geneviève Alaguiry, est une artiste pluridisciplinaire réunionnaise de 39 ans. Diplômée d’un DNSEP à l’école supérieure des beaux-arts de la Réunion en 2010, elle poursuit son cursus à l’université Paris 8. Durant sa carrière, l’artiste a réalisé de nombreuses expositions, à La Réunion, à Paris ou encore à Maurice.
Dorénavant, Geneviève Alaguiry occupe un atelier dans la barre F du bâtiment de la SIDR à Château Morange, à Saint-Denis, nouvel espace dédié à la culture. « C’est une vraie chance de pouvoir être là, j’ai beaucoup de choses en tête, beaucoup d’envie. Mais surtout d’être aussi près des habitants, c’est vraiment extraordinaire », s’enthousiasme Genathena.
Durant l’année qu’elle s’apprête à passer aux côtés des habitants de Château Morange, l’artiste pluridisciplinaire souhaite continuer à travailler sur le sacrifice.
« J’ai sacrifié énormément dans ma vie. »
Depuis 2021, c’est le nouveau thème qu’elle transmet à travers ses œuvres. Les sacrifices. Lorsqu’elle s’explique sur ce choix, la réponse paraît évidente. « J’ai sacrifié énormément dans ma vie. Dans le milieu, beaucoup le font. C’est quand on perd des gens qu’on se rend compte qu’on n’a pas passé assez de temps avec eux. C’est à ce moment que je me suis rendue compte que je n’avais pas passé de temps avec mes proches », argumente l’artiste.
À travers son projet sur le sacrifice, il est possible de retrouver plusieurs fois le même personnage. « C’est souvent le même personnage qu’on voit partout dans mon travail, c’est une petite fille. Moi, je parle de l’humain aujourd’hui, qu’est-ce qu’il sacrifie, qu’est-ce qu’il est prêt à sacrifier, et a-t-il conscience des sacrifices qu’il est en train de faire », détaille l’artiste.
Dans une autre de ses sculptures, l’artiste expose toujours cette petite fille. La fillette est là, posée sur une sellette avec des os qui sortent de son dos. « L’idée derrière cette sculpture, c’est aussi de montrer la beauté et la monstruosité chez l’humain. Il peut être parfois très beau, mais très monstrueux. Il y a une idée de beauté, mais aussi une idée de perte, de souffrance », explique Genathena.
La dure réalité d’être Réunionnais
C’est un autre combat que mène Geneviève Alaguiry. À travers l’un de ses textes, de la série « je me tiens debout », l’artiste exprime la position de l’artiste réunionnais dans le monde de l’art. « À travers ces écrits, je souhaite montrer la position d’un artiste réunionnais. Quand un artiste réunionnais débarque en France, il n’est pas considéré comme un Français. Quand on arrive en métropole, nous sommes catégorisés artiste des îles et nous ne sommes pas pris au sérieux », déplore Genathena.
Ce n’est pas seulement dans l’Hexagone qu’elle a eu du mal à exprimer son art. Mais, aussi ici, à La Réunion, île d’où elle est native. « Aujourd’hui, les gens sont beaucoup plus ouverts, mais avant, si nous ne traitions pas de l’esclavage ou de l’histoire de la Réunion, c’était compliqué », constate Geneviève Alaguiry.
Aujourd’hui, Geneviève a l’opportunité d’exposer son art au plus près de l’habitant et de montrer que les artistes réunionnais sont bourrés de talent.
Loïc Vidon
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