Près de deux mois après le passage du cyclone Garance, la Croix-Rouge intensifie ses efforts de prévention sur l’île. Le 29 avril dernier, l’association a organisé à Saint-Joseph une formation sur les gestes qui sauvent en cas d’inondation. Une démarche cruciale dans un territoire où plus d’un habitant sur dix vit en zone inondable.
C’est au bord de la rivière Langevin, à Saint-Joseph, que Marion, Emmanuel, Maeva et une vingtaine d’autres participants se sont retrouvés pour une formation pas comme les autres. Organisée par la Croix-Rouge française, en collaboration avec le Comité Régional Réunionnais de Canoë Kayak (CRRCK), cette session, dédiée aux gestes qui sauvent en milieu inondé, s’est tenue… les pieds dans l’eau.
La matinée s’est déroulée au sec, entre quiz et échanges. Ce premier moment a permis aux formateurs, Will Triolet et Hugo Biso, tous deux membre du Comité Régional de Canoë-Kayak, de transmettre des connaissances essentielles sur les particularités météorologiques de l’île. L’après-midi a pris un tournant plus pratique. Gilets de sauvetage bien ajustés, les participants ont simulé des sauvetages, analysé les courants et appris à réagir face à une montée soudaine des eaux. Le tout, sous une pluie battante et dans une ambiance à la fois sérieuse et conviviale.
« Quand on aime l’eau, on oublie parfois qu’elle peut devenir notre ennemie. »
Dans le groupe, les profils sont variés, mais la motivation reste partagée. Franck Fivet, est passionné de plongée, il voit cette formation comme « un complément idéal » à ses sorties en mer. Emmanuel Picard, lui, fréquente régulièrement les rivières et littoraux. Curieux, il s’est inscrit pour mieux comprendre les risques et les dispositifs en place : « Quand on aime l’eau, on oublie parfois qu’elle peut devenir notre ennemie. Cette formation nous offre des outils concrets pour rester calme en cas d’urgence », confie-t-il.
Chez les plus jeunes, comme Maeva et Antoine, tous deux en formation pour devenir moniteurs de kayak, l’objectif est avant tout de « se sensibiliser aux risques liés à leur activité ». Marion Pellerin, étudiante en médecine et bénévole à la Croix-Rouge, a une toute autre approche : « Arrivée récemment à La Réunion, je voulais mieux comprendre les spécificités du territoire. Comme l’a montré le passage du cyclone récent, l’île est régulièrement confrontée à des catastrophes naturelles. Il est important de prendre conscience de ces risques », explique-t-elle.
Une formation gratuite
Encore peu connue du grand public, cette formation gratuite existe pourtant depuis sept ans sur l’île. Soutenue par la préfecture de La Réunion, elle s’inscrit dans le programme régional « Paré pa paré », porté par la Piroi, la Plateforme d’intervention régionale rattachée à la Croix-Rouge française. Celle-ci intervient dans toute la zone Sud-Ouest de l’océan Indien.
Son objectif est simple mais ambitieux : ancrer la culture du risque dans le quotidien des habitants, car sur l’île, le danger est parfois discret, souvent imprévisible, et encore trop sous-estimé. Pour Émeline Grondin, assistante au département Réduction des Risques de Catastrophes à la Croix-Rouge, l’essentiel est de savoir réagir vite : « Qu’il s’agisse d’une montée lente ou d’une crue soudaine, les habitants doivent être capables d’identifier immédiatement le type de menace pour adapter leur comportement. »
Une île sous pression
Avec ses ravines profondes et son climat tropical, La Réunion est l’un des départements français les plus exposés aux catastrophes naturelles. Sur les huit risques majeurs répertoriés par le dispositif ORSEC, sept concernent directement l’île à savoir : les cyclones, les inondations, les feux de forêt, les mouvements de terrain, les séismes, les éruptions volcaniques et les tsunamis. L’avalanche, elle, est la seule à ne pas en faire partie.
Parmi ces menaces, les inondations se classent parmi les plus fréquentes. Selon les autorités locales, 11 % de la population vit en zone inondable. L’île connaît quatre types d’inondations, chacune nécessitant une réponse spécifique. La crue torrentielle, la plus redoutée, frappe les zones montagneuses, lorsque les rivières débordent brutalement après de fortes pluies. La montée lente des eaux touche souvent les plaines et zones urbaines, et peut induire un faux sentiment de sécurité. Le ruissellement pluvial, quant à lui, transforme les rues en torrents après de violentes averses sur des sols imperméables. L’inondation par houle, de son coté, menace les littoraux, en particulier lors de dépressions tropicales.
La journée s’est terminée dans une ambiance détendue. Les participants sont repartis avec des gestes nouveaux, prêts à réagir efficacement en cas de situation d’urgence. À l’issue de la session, une attestation de participation leur a même été remise.
D’autres formations sont déjà programmées dans différentes communes de l’île. L’objectif reste le même : renforcer la sensibilisation, diffuser l’information et encourager la répétition des gestes de premiers secours pour mieux prévenir les risques.
Nafida Abdillah
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