allée des Pétrels Manapany hôtel

[Saint-Joseph] La route vers le Manapany Bay illégale ?

GREENPEACE RÉUNION

Le 26 août dernier des habitants du quartier de Manapany-les-Bains nous ont contactés, alors qu’ils venaient de découvrir que des travaux d’aménagement dans l’allée dite des Pétrels débutaient, menés par l’entreprise SBTC SOGEA. Non seulement aucun arrêté de travaux n’a été publié par la commune de Saint-Joseph mais, en plus, à
aucun moment les riverains et habitants du quartier n’ont été informés de la tenue de ces travaux (un constat d’huissier a relevé ces absences le 9 septembre 2024) qui impactent tout le quartier.
Nous avons mené l’enquête et voici nos conclusions :

  1. Déni des recours au tribunal administratif en cours : la course contre la montre judiciaire.
    Nous avons appris :

  • qu’un recours en annulation au tribunal administratif de ces travaux est en court de traitement depuis juillet 2022 ( ! )
  • ET qu’un référé suspension a également été envoyé le 15 septembre 2024 contre ces travaux. Sans attendre que le tribunal ait statué, la commune de Saint-Joseph a fait démarrer les travaux.

2. Création d’une route privée avec de l’argent public pour desservir un hôtel. de luxe.
Alors que la mairie annonce que ces travaux consistent en l’aménagement de l’allée dite des Pétrels, ce qui justifierait son financement public, nous affirmons qu’il s’agit plutôt d’une création de route :

  • cette allée n’est présente ni au Plan Local d’Urbanisme (doc 2), ni au cadastre comme constaté par un huissier le 9 septembre 2024 : l’allée dite des Pétrels n’existe donc pas, les travaux sont en train de la créer !
  • elle traverse une zone de 5ha que le PLU de St Joseph consacre à un projet touristique (zone 1AUto) qui ne compte aucune habitation individuelle ou aménagement public (cf doc 2 et 3).
  • la note explicative de synthèse envoyée aux conseillers municipaux avant le vote du financement public de ces travaux le 23 mai 2022, est explicite : « Les travaux d’aménagement de l’Allée des Pétrels conditionneront le projet d’hôtel lodges « Manapany Bay » qui s’implantera aux abords de cette voie.»
  • la facture de ces travaux est aujourd’hui portée à plus d’1 million d’euros (1 038 635 € 38 €), dont 24 % à charge de la Casud (en charge de la part gestion de l’eau potable et de l’assainissement) et le reste est financé avec de l’argent public : impôts des Saint-Joséphois, mais aussi des Réunionnais (la mairie a demandé à la Préfecture une subvention au titre de la dotation de soutien à l’investissement local).
  1. Un financement municipal voté sur fond de conflit d’intérêt.
    Le 23 mai 2022, lorsque les élus municipaux ont validé la création de cette route, aucun plan, aucune information sur l’absence d’étude environnementale, aucune information sur l’envergure de cette voie disproportionnée par rapport aux routes du quartier ne leur avaient été fournies (13 m de large pour cette route, alors qu’à Manapany, le boulevard de l’Océan mesure 5m de large).
    De même, nous avons appris que le 1er adjoint au maire de Saint-Joseph, M. Axel Vienne, a participé à de nombreux votes quant à cette allée dite « des Pétrels », alors qu’un membre de sa famille possède une maison au pied de cette allée. Le conflit d’intérêt n’a été pris en compte que le 11 avril 2024, par un arrêté municipal.
  2. Manapany, ti coin charmant, terre du célèbre Lézar Vèr, espèce endémique et emblématique de La Réunion.
    En l’absence d’étude environnementale, les services de la Préfecture (DEAL) ont accordé une dérogation à la protection absolue prévue par l’article L.411-2 du code de l’environnement du lézard vert de Manapany, Phelsuma inexpectata, espèce classée en voie d’extinction critique par l’UICN (PJ n°5 – Dérogation à espèce protégée DEAL).
    Pourtant, aucune étude d’impact environnementale n’a été faite dans cette zone, ZNIEF continentale de type 1 avec présence du gecko vert de Manapany espèce en voie critique d’extinction ?
  3. Cette route aura des conséquences sociales et écologiques :
    Nouvelle route = augmentation du trafic routier.
    → Le risque d’introduction d’espèces exotiques envahissantes et mettant en péril la survie du gecko vert de Manapany (agame des roches, Phelsuma grandis…) augmente d’autant.
    → nuisances sonores, la pollution, insécurité routière à proximité d’une crèche et de l’école maternelle.
    Nouvelle route = artificialisation d’une des dernières terres agricoles du quartier.
    C’est pourquoi nous pensons que cette création de route sur des fonds publics est illégale et aurait nécessité la révision du PLU, une enquête publique et une étude d’impact environnemental l’incluant à l’ensemble du chantier du projet d’hôtel Manapany Bay.
    Enfin, ces travaux consistent en la création d’une route pour un montant de plus d’ 1 million €, dédiée à un hôtel de luxe privé , financée par de l’argent public !
    Comment ne pas y voir de collusion ?

Nous avons donc, ce jour, demandé à monsieur Jérôme Filippini, préfet de La Réunion, d’intervenir auprès de la municipalité pour qu’elle revoit totalement son projet en consultant les habitants du quartier et en tenant compte des risques environnementaux importants pour ce quartier encore assez préservé du béton qu’est Manapany-les-Bains.

Saint Paul, le 1 octobre 2024.
Greenpeace La Réunion

Plan issu du dossier déposé en Préfecture en date du 22 aout 2024 pour l’aménagement de l’Allée dite des Pétrels. Au nord-ouest, le projet d’hôtel « Manapany bay ». La
création de cette route ne dessert aucune habitation.

Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.

Hôtel Manapany Bay

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Kozé libre

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