ENQUÊTE NATIONALE DU CNRS SUR LA VIE SOCIALE DES ÉTUDIANT.ES
Vers le mois de novembre 2023, une enquête du CNRS a commencé à circuler concernant la vie sociale des étudiants. Son objectif : améliorer leurs conditions, sécurité et prise en charge. Parallèle Sud s’est intéressé à l’opinion des concerné.es.
Voici quelques chiffres des années précédentes concernant la santé mentale des étudiant.es.
Selon une étude de Cohorte Confins, entre mars 2020 et janvier 2021 : 36,6% des étudiant.es interrogé.es ont des symptômes dépressifs.
27,5% d’entre elleux sont touché.es par de l’anxiété.
12,7% d’entre elleux ont déjà eu des pensées suicidaires.
20% des étudiant.es interrogé.es par l’OVE** ont connu une situation de détresse psychologique durant les quatre semaines qui ont précédé l’enquête qui a eu lieu en 2020.
Depuis plusieurs mois, le CNRS*** fait circuler un questionnaire au sein des établissements universitaires et du supérieur. Réhan, étudiant à Paris a l’habitude de ces enquêtes : « Dans mon école, ça se fait régulièrement. Les directeurs sont vraiment impliqués. ». Anonyme et accessible, les personnes interviewées ont trouvé le questionnaire « hyper intéressant ». C’est le cas de Sasha, étudiante au Tampon : « J’ai aimé le fait de parler de ces sujets, d’être impliquée. Quand j’ai fini je me suis dit ‘wouah, c’est bon, j’ai joué un rôle là-dedans’ ». Que ce soit, Sasha, Réhan, Carole ou bien Brice, tous deux étudiant.es à Saint-Denis ; l’utilité de ce questionnaire reste à voir.
« J’espère que quelque chose en sera fait », avait soufflé Réhan. Du côté de Carole c’est « surtout que je ne sais pas qui va s’en servir. ». Avis partagé par Brice : « l’UNEF avait déjà expliqué les problématiques des étudiant.es mais il n’y a pas eu de changement. ». Comme le réseau de contact de sa faculté est efficace, Réhan, étudiant à Paris reconnait que le « service de santé étudiants est bien fait ». « On est assez bien entouré », déclare-t-il. Il affirme pourtant que ce n’est pas le cas pour tous les établissements
Un « continent caché » ou qu’on évite ?
Éloignement familial, instabilité financière, détresse psychologique etc. toutes ces raisons sont suffisantes pour dégrader la santé mentale d’un.e étudiant.e. « On est très en PLS la majeure partie du temps. » Confie Réhan. La difficulté des études supérieures se fusionne aux tracas du quotidien.
À cela, s’ajoute une impression pour certain.es, une réalité pour d’autres : « Personne ne nous demande si ça va ». Cette citation, elle vient de Carole, étudiante à Saint-Denis. « Pleins de mesures ont été prises pour les lycées et collèges, on ne parle pas beaucoup de nous. » Déclare-t-elle. « On dirait que le lycée et le collège ça se modèle encore, mais pas l’université : c’est trop tard pour nous. » Finit-elle en riant.
Ce sont des paroles qui font l’unanimité chez les étudiant.es. Dire que le gouvernement ne fait rien, n’est pas l’intention. Les dispositifs comme santépsyétudiants et le nombre d’actions préventives depuis la fin de la pandémie Covid-19 le montrent bien. « Je ne peux pas dire que l’état ne s’en préoccupe pas. Mais ça manque de relationnel, de proximité » précise ainsi Brice, étudiant à Saint-Denis.
Réhan, lui pense sincèrement que « s’il n’y avait pas eu toutes ces histoires d’étudiants qui vont mal, le gouvernement n’aurait pas bougé. ». Un argument que l’on retrouve d’ailleurs chez Sasha « Si on prend le cas du harcèlement par exemple, ils attendant que le pire arrive pour réagir. Il faut prendre la main depuis le début. » Souligne-t-elle avec résignation. La fameuse expression utilisée par le Président de la République Emmanuel Macron lors de l’interview d’Hugo Decrypte (04/09/23) semble vouloir se nuancer. Finalement, est-ce que la santé mentale des jeunes est un “continent caché” ou bien un continent qu’on cherche à éviter ?
Bon nombre d’étudiant.es pencheraient plutôt pour la deuxième option.
Lauryne Tantzy Periassamy
* Cohorte Confins : étude épidémiologique en ligne
** OVE : Observatoire de la Vie Étudiante
*** CNRS : Centre national de la recherche scientifique