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Souvenirs de vacances : on se parle pour s’en faire de plus en plus beaux ?

LIBRE EXPRESSION

Je ne peux pas dire que cette dernière période de vacances scolaires ait été farouchement studieuse. En revanche je peux dire que j’ai glané quelques informations à savoir. Par exemple, j’ai appris deux nouveaux mots inscrits au journal officiel (J.O) le 07 juillet 2022 cités ci-après.

Ce que je savais avant d’apprendre ces deux mots est la célèbre formule du philosophe John Langshaw Austin : « dire, c’est faire ». Pour l’expliquer succinctement, cette formule signifie qu’énoncer une action c’est déjà la réaliser. Mais dans le cas des activités d’ « extractivisme » et de « néoextractivisme », il me semblait qu’elles existaient avant leurs nominations officielles.

EXTRACTIVISME
néoextractivisme

De même, l’expression « pouvoir de manipulation » inscrit aussi au JO le même jour que les deux précédents.  

Du « pouvoir » c’est d’ailleurs ce que l’on prête parfois aux roches… ou plus élégamment dit aux pierres luisantes et brillantes. Comme le lithium pour nos batteries de téléphone, ces pierres sont extraites de la nature. Elles sont ensuite achalandées en magasin et deviennent des bijoux miraculeux ou des objets de bienfaisance domestique. L’adhésion au pouvoir et à la pratique de guérison par les minéraux s’appelle la lithothérapie. Sans aller aux soins intensifs, dans leur consommation « ordinaire » c’est-à-dire en les portant sur nous ou en les plaçant dans la maison, il s’agit d’attribuer à ces éléments inertes la capacité d’agir sur nous : notre santé, notre chance, nos aptitudes intellectuelles, et cela simplement en les « rechargeant » grâce à la lune. Dans un article du Figaro en 2019, Christian Chopin, directeur au CNRS disait : « «C’est grotesque (…). Le monde minéral est caractérisé par son inertie: à la différence du monde vivant, il ne produit pas spontanément d’énergie (hormis les substances radioactives…). Vouloir parer les minéraux d’«énergies bénéfiques» ou d’une quelconque vertu thérapeutique par l’effet d’ondes spécifiques est du charlatanisme. Il n’y a tout simplement aucune interaction possible entre les cristaux et le corps humain.» 

C’est un peu violent comme annonce, mais la radicalité des propos devient peut-être nécessaire face à la constatation de la tendance croissante qu’a l’être humain de confier la responsabilité de sa vie à toutes sortes de « choses » extérieures à lui-même : telles les pierres guérisseuses, tels les sorts bons ou mauvais, telles les applications numériques qui envahissent toutes démarches ou plus discrètement telle la classification des aliments sur les paquets qui encourage ou sanctionne la consommation. Sérieusement, un adulte n’est pas capable de choisir sa nourriture sans que les normes de la grande consommation lui disent « A » très bien ou «E » moins bien ? Et sérieusement encore, quel est l’intérêt de continuer à manger tous ces produits ultra-transformés ? 

Qui respire la forêt ?

Est-il bien raisonnable de miser sur la recherche ou le maintien de l’énergie globale de la personne, la recherche ou le maintien de l’équilibre des flux et des forces du corps et de l’esprit par d’autres apports que ceux de l’alimentation ? Est-ce que l’alimentation peut rester (ou redevenir) « le premier médicament » ? Le second pourrait être un environnement affectif « suffisant » au moins. Ou, est-ce que nos « grigri » seraient un peu nos batteries aujourd’hui ? Et si on est un peu comme un téléphone portable, une sorte d’appareil fonctionnel, avec quoi on doit être connecté pour marcher ? Dans quelle prise on met nos doigts ? 

Oui, cette période de vacances scolaires m’a amené à me demander si les gens se rechargent eux-mêmes ou s’ils ne rechargent que leurs galets. Qui regarde la lune en se disant qu’il profite de l’effet de son cycle ? Qui va à la mer, se vivifie de l’air marin, et se laisse balancer par la marée en conscience de capter de l’énergie ? Et qui dans son quotidien très simplement entend, voit, ressent la vie juste autour de lui, celle chantée par les oiseaux par exemple. Qui respire la forêt ? Et, qui considère encore la terre comme élémentaire ?

Beaucoup de gens le font avec plaisir et épanouissement. Non, la déconnexion d’avec le Vivant n’est pas complète. Aussi, l’explication du renoncement de l’Homme à prendre sa part de responsabilité dans le malheur du monde ne relève en aucun cas uniquement de sa paresse intellectuelle ou physique. Les histoires de travail et de vacances montrent que maltraités, dénigrés, avilis, asservis, inconsidérés, certains y renoncent dans l’espoir d’effleurer le confort promis par le conditionnement des progrès techniques et technologiques. Ce conditionnement qui affiche LA facilité -ou la compensation matérielle plutôt- même si elle est immédiatement obsolète et illusoire. Ils y renoncent par impuissance aussi de lutter contre l’argent. 

Mais la fatigue est tenace dans cette vie là, et même pendant les vacances on doit performer. Il faudrait peut-être décaler l’objectif et prioriser le combat non pas « contre l’argent » mais pour le bénéfice « du bien être par le bien faire » partagé et réciproque. Cela ne veut pas dire qu’il y a nivellement et limite d’expansion personnelle, car c’est l’existence du bénéfice qui pourrait être partagée et réciproque, pas sa quantité. Ainsi, dans ce second cas où le travail vise le bénéfice commun, et ne correspond plus à un combat contre l’écrasement de la finance, chacun est libre de faire sa fortune sans appauvrir qui que ce soit. Donc, celui-là est un combat dans lequel tout le monde est gagnant. Bien entendu, chacun est libre aussi d’y participer ou non, de choisir si son orgueil est plus important que sa joie de partager. 

On mangera peut-être nos colliers de galets

Parce que le « mais moi aussi je veux » (un nouveau téléphone juste parce que c’est mieux, une croisière de luxe parce que ça existe, un bracelet indispensable pour se féliciter d’avoir fait le nombre de pas qu’il faut) n’est plus possible. Ce n’est que honteux tant c’est devenu indécent (même si d’autres ont des jets privés, des villas secondaires, tertiaires et quaternaires, et des milliards prévus pour acheter le premier puits sur Mars). 

De plus, cette attitude risque de nous faire aller jusqu’au jour où notre propre frigidaire intelligent nous dira en notification : « je suis vide, comme la terre d’où vient tous mes composants électroniques, et que tu as contribué à anéantir»

Alors, on mangera peut-être nos colliers de galets. 

Certes, certains ne font rien et n’ont pas l’intention de changer de rythme de vie. Mais participer à cette compétition là n’offre que la perspective d’un combat des 99% pour leurs miettes. Et, il y a certainement des ruissellements plus jolis et plus intéressants. 

C’est pourquoi, de cette dernière période de vacances scolaires, je n’envoie pas de cartes postales de beaux paysages. Les stades ouverts entièrement climatisés ne font pas rêver la majorité c’est vrai, les fleuves européens asséchés non plus, les forêts en feu en France encore moins.

Et, pour cette rentrée toute neuve encore, je prolonge mon glanage de quelques informations à savoir, telle la Chine qui distribue gratuitement des stylos connectés aux écoliers et qui appelle ses universités à ne plus participer au classement de Shanghai qu’elle a elle-même mis en place. À cette reprise actuelle des cours, je me rappelle aussi l’appel à déserter lancé par les étudiants d’Agroparistech lors de la remise des diplômes et m’interroge sur la cérémonie disponible en vidéo sur le site web de cet établissement d’enseignement supérieur public. Car la vidéo disponible n’est pas celle de la remise des diplômes mais celle de la remise des prix de la fondation, qui fonctionne par mécénat privé et qui œuvre en grande partie dans l’académie de Versailles, celle-là même qui avait organisé un grand job-dating de corps pour l’enseignement.   

Allez ! La cloche a sonné, avec cette dernière information de 75% d’augmentation du trafic électrique causé par les GAFAM, je ne reste pas de marbre et vais vite me mettre au boulot. 

Bonne reprise à ceux qui aussi !

Kala Livalisse

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