[Sport] La flamme nous enfume

JEUX OLYMPIQUES

Le 12 juin 2024, la flamme olympique débarquera dans notre île de La Réunion pour cette seule et unique journée.

Depuis plusieurs années, le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO) indique que cette année, cet évènement sera plus responsable que les précédents. Ainsi, le bilan carbone final serait divisé par deux. D’une part, en diminuant le nombre de constructions par l’utilisation d’infrastructures existantes, d’autres part, avec une panoplie d’actions allant de la nourriture proposée aux modes de déplacement.

Sans entrer plus avant dans les détails organisationnels hexagonaux, il semblait y avoir une prise de conscience écologique du COJO.

Cependant, le déploiement de la flamme olympique en outre-mer peut-il avoir une cohérence écologique ?

Pour que la flamme puisse déambuler dans notre île, il a été nécessaire d’en prévoir les équipements. Entre autres, les torches, les cartouches de gaz, des équipements promotionnels divers, et les lanternes avec la flamme “originelle” d’Olympie. Tout ceci a donc parcouru les 10 000 kilomètres qui nous séparent de l’hexagone et fera surement le voyage retour.

Par ailleurs, pour cette journée réunionnaise, il y aura deux convois. Le premier, dit convoi agile, sera composé de dix véhicules pour accompagner les toutes petites distances. Le deuxième sera composé de vingt véhicules pour les relais dans les villes de Saint-Paul, Saint-Pierre et Saint-Denis. Mais tous ces véhicules vont bien entendu devoir circuler entre les différents points de parades.

En ajoutant à tout cela les 1000 personnes en charge de la sécurité, policiers, gendarmes, pompiers, sécurité civile, et d’autres encore, c’est une mobilisation très importante. Sans considérer ici l’aspect économique, il est notable que toute cette agitation va engendrer énormément de déplacements de la part du volet organisationnel comme celui des spectateurs.

Pour la flamme, ce sont des cartouches de gaz au propane, réalisée par MJ Conditionnement, qui vont s’évaporer (10 000 pour les JO).

Bien sûr que beaucoup sont heureux de cet évènement extraordinaire sur notre territoire.

Au total, ce sont 120 porteurs de flamme qui vont se relayer… sur un territoire de 870 000 habitants, c’est peu. En kilomètres parcourus, la flamme va parcourir 21,5 kilomètres en tout dans l’île. C’est étonnamment peu.

Comment alors se réjouir de ce déploiement incroyablement polluant ? Le réchauffement climatique est là, nous le savons, nous le voyons. Alors que le gouvernement nous parle de voitures électriques, d’énergies vertes, de l’isolation thermique, d’économies d’eau, n’est-ce pas contradictoire ?

« Nous ne nous retrouvons pas dans le récit glorifié de cet événement imposé, qui vient amplifier les problèmes écologiques, économiques ou sociaux actuels », déclare un représentant d’Extinction Rebellion France.

Ici, à La Réunion, nous avons régulièrement des problèmes d’accès à l’eau potable, des coupures d’électricité. La météo locale évolue également. Tous ces moyens n’auraient ils pas plus de sens s’ils étaient exploitées pour mieux utiliser et préserver nos ressources locales ? Rappelons que l’industriel le plus polluant de France, ArcelorMittal, a été désigné comme partenaire officiel des Jeux Olympiques de Paris. Dans ce contexte, des jeux responsables sont-ils vraiment possibles ?

Notons que 38 départements ont refusé le passage de la flamme par conviction politique, conflit politique ou pour ne pas débourser les 180 000 euros demandés par le COJO. Le volet financier, ça, c’est une autre histoire !

Jean Fauconnet

A propos de l'auteur

Jean Fauconnet | Reporter citoyen

Engagé depuis de nombreuses années pour le respect des droits, Jean contribue au média Parallèle Sud de diverses façons.