La longue et belle histoire de la lutte à Saint Joseph

SPORT : LE LUTTE CLUB DE SAINT-JOSEPH

Le Lutte Club de Saint Joseph (LCSJ) est l’un des meilleurs de l’île. Les médailles nationales s’ajoutent à un palmarès déjà bien fourni. Mais c’est aussi à Saint Joseph qu’est installé le centre formateur de la Ligue.

Plus de vingt ans d’histoire…

En 2002, Jean-Pascal Henrion, professeur d’EPS passionné de lutte, crée le Lutte Club de Saint Joseph après avoir mis en place une section lutte au collègue Sang Dragons. Cette section existe toujours, désormais au collège Achille Grondin qui a ouvert ses portes en 2009 en remplacement du Collège Sang Dragons. Le succès est immédiat, l’activité séduit les jeunes élèves, c’est le début de l’aventure ! Le Club est affilié à la fédération française de lutte, la section sportive et une section haut-niveau sont reconnues avec un fonctionnement très particulier soutenu par le Rectorat et la Ligue.

Emmanuel Robert et Medhi Lebon, lutteurs saint-josephois.

Un palmarès particulièrement bien fourni !

Les premiers résultats ne se font guère attendre. Isabelle Ladevèze sera la première « pointure » du club à monter sur des podiums nationaux. Championne de France en 2005, elle le sera encore en 2012, 2013 puis 2015 et portera plusieurs fois le maillot de l’Equipe de France. Elle est actuellement entraîneuse, responsable du pôle France Espoirs à Font-Romeu, une belle carte de visite !

Depuis, Aurélie Rivière a décroché une deuxième place européenne et de nombreux titres nationaux, Charles Afa, international, plusieurs médailles nationales, a postulé aux qualifications pré-olympiques en 2021, Valentin Damour, international lui aussi, est quintuple champion de France et aurait pu postuler aux qualifications pré-olympiques 2024 sans une succession de petites blessures… Environ 140 médailles nationales en une petite vingtaine d’année, ça force le respect !

Valentin Damour, champion de France Senior 2022

Un club particulièrement bien structuré

Label Club Elite depuis 2015, label Club Performance depuis 2019, le LCSJ, 1er club français féminin en 2018 et 2019 (3e en 2017), forcément, c’est le gage d’un club en bonne santé, qui fonctionne bien. En 2013, le club a même mis en place une structure d’hébergement temporaire à Bézaves pour y accueillir des athlètes locaux en stage, mais aussi des athlètes des îles voisines. Cette structure n’existe plus, mais c’est à Saint Joseph qu’est implanté le centre formateur régional de lutte, une évidence pour certains, un gage de réussite pour beaucoup, tant le LCSJ donne de garanties sportives et en termes d’encadrement.

Podium filles France 2024 (Laurette Foubert, Taniah Maanfou, Jenelly Raphaël)

Un encadrement et un suivi de qualité

Les aides de la fédération, de l’ANS (agence nationale du sport), de la Ligue, des collectivités, … permettent de faire fonctionner club et centre formateur (créé en 2010). « Ce centre, précise Valentin Damour, est une structure de formation et d’accession vers le haut niveau. L’idée était de réunir les meilleurs jeunes lutteurs réunionnais et de les emmener vers les niveaux national et international. Aujourd’hui ce centre s’appelle structure d’accession vers le haut niveau ». Avec 4 permanents (salariés), 7 entraîneurs diplômés et de nombreux bénévoles, c’est une « petite entreprise » !

Sans parler d’un pôle santé avec ostéopathe (Pierre Brives), praticien hospitalier (Bruno Lemarchand), coachs et préparateurs physiques (Pascal Blanc, ancien traileur de niveau mondial, et Alexandre Chamand, ancien lutteur de bon niveau), une micro-nutritionniste (Marie Dufourmentel) et une copsy au collège Achille Grondin (Anna Blouin) très impliquée dans l’orientation et le suivi scolaire des jeunes lutteurs. On comprend mieux pourquoi les lutteurs saint-josephois et les lutteurs réunionnais sont aussi performants au niveau national !

Charles Afa (au prix Henri Danglane à Nice)

Les scolaires : un vivier

Si la section sportive du collège existe depuis 2002 (voir focus ci-dessous), un groupe de lycéens bénéficie également d’horaires aménagés au lycée Pierre Poivre dans le cadre du centre formateur. Des animateurs et encadrants ont intégré l’Ecole Municipale des Sports de Saint Joseph dès sa création en 2007 et interviennent dans de très nombreuses écoles, y compris de certains écarts de Saint Joseph : animations, démonstrations, tournois, …

C’est essentiellement grâce à ce travail de fond avec des élèves de classes élémentaires que le club peut alimenter sa section sportive, et former les lutteurs de demain. Les entraînements et animations se font essentiellement au gymnase du collège Achille Grondin où le Club a sa salle de lutte au rez-de-chaussée.

Tous les publics sont ciblés

Les entraînements ont lieu six jours sur sept. Sont concernés bien entendu les lutteurs de tous âges à partir de l’école élémentaire. Certains s’entraînent jusqu’à quinze heures par semaine. Mais il existe également une section loisirs, une section jeux de lutte, une section entretien corporel, un créneau pour des personnes porteuses de handicap, et même depuis peu une section « baby lutte ». De quoi satisfaire tous les publics, tout en gardant la formation « haut-niveau » qui permet au club d’émarger chaque année sur les podiums nationaux. Pour tous renseignements, lien internet : https://www.lutteclubsaintjoseph.com/

Chloé Cadet, médaillée à l’open de Tallinn (Estonie).

Les athlètes restent fidèles…

Le Lutte Club de Saint Joseph est un peu, une grande famille. Lorsque les athlètes ont terminé leur carrière, ou arrivent à l’âge adulte, ils se forment, et souvent restent au club à la fois pour y poursuivre les compétitions, mais aussi pour encadrer des groupes de jeunes lutteurs. Valentin Damour, lutteur phare de ces dernières années est en train de préparer les différents niveaux pour devenir entraîneur et caresse même l’idée « de devenir plus tard entraîneur national ».

Dominique Blumberger

JEAN-PASCAL HENRION, RESPONSABLE DE LA SECTION LUTTE ET DE LA SECTION HAUT-NIVEAU AU COLLÈGE ACHILLE GRONDIN

« Le lien entre le club et les écoles est très fort »

Jean-Pascal Henrion

Cette section lutte, d’où vient l’idée ? Vous étiez vous-même lutteur ?

Jean-Pascal Henrion : En fait, au départ j’étais plutôt judoka, mais en STAPS, j’ai choisi lutte pour passer le CAPES. Il y avait le pôle France à Watigny (dans le nord) qui accueillait des étudiants en STAPS. Je suis allé m’entraîner avec eux et j’ai fait quelques « compets ». C’est comme ça que j’ai découvert ce sport.

La section, son fonctionnement ?

Section et Club ont été lancés en même temps, car il faut un club partenaire pour créer une section. Le recrutement se fait beaucoup grâce aux interventions dans les écoles. Le lien entre le club et les écoles est très fort. Notre section 6-10 ans est alimentée surtout grâce à ces élèves. On recrute chaque année entre quinze et vingt élèves en sixième, et on les suit jusqu’en troisième, voire jusqu’au lycée s’ils le souhaitent. Les élèves sont regroupés pour chaque niveau dans la même classe. Un cahier des charges très précis et très complet encadre les dispositifs (section sportive et section haut-niveau). Le recrutement se fait avant tout sur la motivation et l’aspect sportif. Le comportement est bien sûr pris en compte, le scolaire, lui, s’est adapté.

 Grâce à un référent pédagogique (20h par semaine quand même) qui fait notamment le lien avec l’équipe pédagogique, les élèves sont libérés de cours, peuvent les rattraper parfois en présentiel, souvent en distanciel. […] Cette section (et celle de haut-niveau pour les lycéens) est bien acceptée par les équipes, c’est un peu un moteur de l’établissement. Certains élèves qui partent parfois sur un mois ou un mois et demi en compétitions en France ou en Europe ont une scolarité hybride, les équipes et le Rectorat ont toujours parfaitement joué le jeu en toute confiance. Mon poste est un poste à profil avec 7 heures de détachement. Quand j’accompagne des groupes, je suis remplacé. Les conditions de fonctionnement sont vraiment très bonnes, notre section est un peu un « modèle régional » et notre collège un « collège pilote ».

Les contraintes en termes d’horaires, de stages, …

Au fil des ans j’ai formé plusieurs entraîneurs, ce qui permet d’étoffer l’encadrement. En section sportive, les collégiens ont quatre heures par semaine de lutte. Ceux qui sont en « haut niveau », et qui s’entraînent 12 à 15h par semaine, sont ceux pour lesquels une scolarité aménagée est mise en place. Par exemple, quatre élèves du collège sont actuellement à Font-Romeu (pôle France) depuis le 1er Janvier jusqu’au 2 avril. Leur scolarité est donc totalement différente des autres élèves… Au collège, tous les lutteurs sont regroupés sur les mêmes créneaux horaires d’entraînement lutte. C’est plus facile à gérer pour moi et les encadrants, mais aussi au niveau des emplois du temps.

Entretien : D.B.

A propos de l'auteur

Dominique Blumberger | Reporter citoyen

Ancien enseignant et directeur à la retraite, Dominique Blumberger a rejoint les rangs de Parallèle Sud quelques mois après son lancement. Passionné de musique, gros lecteur, il propose d’ailleurs souvent des avis sur ce qu’il a lu, il affectionne plus particulièrement les portraits et les reportages.

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