RAVINE L’ERMITAGE
Contre la prolifération des plantes flottantes, le Territoire de l’Ouest a engagé une bataille : plutôt que de pêcher le surplus, l’intercommunalité a installé des barrages flottants.
Cours d’eau et étangs, en zone tropicale, courent un grave danger : l’invasion des plantes flottantes. Salades (Pistia stratiotes*) ou jacinthes d’eau (Eichhornia crassipes) poussent si rapidement que le plan d’eau s’en retrouve recouvert, tellement que les échanges gazeux deviennent impossibles, l’oxygène dissous disparait, entrainant la mort des poissons et l’eutrophisation. C’est pourquoi il importe de lutter contre ces espèces exotiques envahissantes (EEE), comme s’y attelle le Territoire de l’Ouest (TO) depuis que la compétence de la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi) a été confiée aux intercommunalités.
« Depuis 2018, le Territoire de l’Ouest s’engage dans la préservation des milieux aquatiques, confrontés à la menace grandissante des EEE. La prolifération incontrôlée de ces espèces introduites par l’activité humaine nuit à l’équilibre écologique des écosystèmes fragiles des ravines Ermitage et Saint-Gilles et crée des obstacles à l’écoulement de l’eau », souligne le TO.
Barrages anti-pollution
Pour limiter l’invasion, on ramasse ces plantes, de façon plus ou moins manuelle ; la réserve naturelle de l’étang Saint-Paul avait aussi utilisé des machines, pas toujours efficaces.
De son côté, le TO teste depuis quelque temps avec succès un système plus simple dans la ravine l’Ermitage. Il s’agit de barrages anti-pollution faits de boudins qui arrêtent les plantes flottantes mais pas le cours de l’eau. Les boudins d’une vingtaine de centimètres de diamètre, cinquante de long, reliés entre eux, forment une longue chaîne à la surface de l’eau, jusqu’à vingt centimètres sous la surface. Il suffit de capturer les plantes dans le dispositif, à la manière d’un filet de pêche, pour récolter sans difficulté les envahissantes. « Ces plantes prolifèrent quand elles trouvent de la place, de la chaleur, de la lumière, et des nutriments présents dans l’eau ; on ne peut jouer que sur l’espace disponible », explique Eric Vitry, technicien rivière du service Gemapi au TO.
Dans la ravine l’Ermitage, on a éliminé les jacinthes au profit des salades. « Il faut choisir son ennemi », rapporte Eric Vitry. La laitue est préférée car elle présente plusieurs avantages : les poules d’eau et butors la préfèrent pour marcher dessus, elle ne permet pas contrairement à la jacinthe la prolifération des moustiques et, enfin, elle ne pèse que deux kilos au mètre carré contre dix pour la jacinthe et quinze à vingt pour la liane patate, le nouvel envahisseur que les services du TO surveillent de très près.
Il faut surtout garder une partie de ces plantes flottantes qui ont une capacité remarquable d’épuration des nitrates et des phosphates dissous dans l’eau. Des matières organiques présentes en grande quantité en amont du barrage, et bien moins en aval, du côté de l’exutoire vers le lagon où se jette la ravine. Une ravine, d’ailleurs, qui coule en permanence uniquement du fait des rejets de la station d’épuration toute proche.
On garde donc sous contrôle une petite quantité de Psitia, pour la bioépuration et pour faire plaisir aux poules d’eau, le reste, prélevé régulièrement, sera composté chez Ileva. Pour faire un compost bien riche pour nos plantes et l’épandage agricole.
Philippe Nanpon
(*) Parfois aussi appelée « laitue d’eau », « salade d’eau » ou « chou aquatique ».