[Komidi] Coup de projecteur sur le spectacle de Wally : Ma distinction

Wally avait fait un carton il y a quelques années à Komidi avec un spectacle en duo avec Vincent Roca : « Roca/Wally 150kg à nous deux, on vous en met un peu plus ». Ce spectacle mêlait humour, chansons et musique. Leur joute verbale est encore dans toutes les mémoires !  Un autre spectacle en préparation « Wallawac » est également un spectacle humoristique.

2024 : Le retour…

Cette année, il revient à Komidi avec une pièce dans un registre très différent :  Ma Distinction. En deux mots, Lilian Derruau (son vrai nom) raconte l’histoire de sa vie, de sa cité natale dans l’Aveyron, de l’usine de zinc où travaillait son père. Cette mémoire d’enfant et d’adolescent, il la retrouve dans certaines pensées du sociologue Pierre Bourdieu (La Distinction). Dans cette pièce, Wally raconte du coup son enfance, ses souvenirs, ce monde rural et ouvrier des années 1970 dans lequel il a grandi. Mais tout au long du spectacle (en fait plutôt un récit-spectacle) il se pose la question de ce qu’il est, comment il s’est élevé socialement.

Plus de 40 ans de scène

Depuis le groupe Wally-Freddy en 1981 (devenu Wally-Freddy trio à quatre, puis à six). De 1986 à 1992, plus de 500 scènes, de nombreux cafés concerts, mais surtout le Printemps de Bourges et les Francofolies. Quand même ! Premier spectacle chansons solo en 1993 avec « Dernières chansons avant régime, puis spectacle en duo avec Chraz (un pilier de Rien à cirer sur France Inter. Nombreux passages tv : Nulle part ailleurs (Canal plus), Pollen (France-Inter), des chroniques dans la revue Chorus. Un 2e album : Presqu’heureux , avec spectacles entre autres à Bobino, l’Olympia, … Il écrit aussi pour d’autres : Plonk (monologue théâtral joué par Bernard Cauhapé)

Wally, un artiste aux multiples facettes

Première très grosse scène en 2000

Le Trianon en 2000 pendant un mois avec son spectacle et une expo qui séduira la critique avant que tout s’enchaîne. Il se produit 120 fois les deux années suivantes, dont un nouveau passage aux Francofolies. Il écrit, il compose, enregistre un DVD…, passages en radio, en tv se succèdent. En 2007, La réserve, spectacle monté avec des enfants d’une école dans les landes, sortie du DVD Absurdités protéiformes en 2008, le spectacle tournera deux ans !

2010 Création du bazar de Wally

Ce bazar est un site « dédié à la vente de mes bêtises textiles », confie-t-il non sans humour. Il monte un premier spectacle avec son ami Vincent Roca : Et le vin fût. Il continue à enchaîner l’écriture de spectacles avec d’autres, les salles avec ses spectacles. En 2014, Projet Derli  avec l’accordéoniste Lionel Suarez et création du spectacle en duo avec Vincent Roca : RocaWally, 150kg à deux, on vous en met un peu plus ?  Ce spectacle est une référence dans sa carrière. Des centaines de scènes, dont celles de Komidi en 2017 ! Et patratas, arrive le covid…

Les deux compères sur scène.

 Ma Distinction : spectacle écrit pendant les mois covid

Ecrit pendant la longue période du confinement, ce spectacle est un peu un récit sociologique. Mais c’est diablement bien écrit, parsemé d’anecdotes et on y respire l’authenticité. C’est tendre, c’est émouvant, mais comme on ne se refait pas, c’est aussi souvent très drôle, et Wally manie l’auto-dérision avec un bonheur certain ! (voir teaser en lien en fin d’article). Et puis comme l’homme a toujours quelque chose dans ses tiroirs, un projet musical B.A BA est en cours et un autre spectacle sortira le 25 novembre : Wallawac.

Dans l’attente, c’est à Saint-Joseph, au festival Komidi qu’il a posé ses valises pour deux représentations, si vous n’avez pas encore réservé votre place, faites-le rapidement !

                Dominique Blumberger

Teaser Ma Distinction : https://www.youtube.com/watch?v=8tI_Z3R-tiA

Teaser Chansons Courtes : https://www.youtube.com/watch?v=tDZTPd4IOjk

Rencontre avec Wally à la caverne des Hirondelles

Nous avons rencontré Wally à la caverne des Hirondelles, ce lieu un peu magique où se retrouvent chaque soir artistes, organisateurs, bénévoles et techniciens autour d’un repas avec ambiance musicale : « Je voulais laisser une trace à mes enfants ».

Parallèle Sud : Vous aurez 60 ans l’année prochaine, et plus de 40 années de scène. Le temps passe vite… 

Wally : (rires) A qui le dites-vous ! On voit pas passer le temps parce qu’on fait des choses qui nous intéressent. Je suis tombé dedans un peu par hasard. Avec mes rondeurs, pour moi la filière foot était bouchée (rire). J’ai commencé à faire de la musique. Je crois que j’avais ça en moi. Et c’est vrai c’est vite passé ! D’abord en solo puis avec des copains, mais toujours dans la chanson avec plein d’autres choses en parallèle. J’ai signé dans une maison de disques à Paris « Boucheries Productions » (qui était la maison produisant à l’époque les Garçons Bouchers). C’est un peu comme ça que suis monté à Paris. J’ai ensuite signé chez Universal puis Polidor. 

Parallèle Sud : C’est d’abord et longtemps comme chanteur qu’on vous a connu. Aujourd’hui vous êtes à la fois comédien et chanteur. L’humour, voire le loufoque, c’est quand même un peu votre fonds de commerce, non ? 

Wally : C’est vrai que dans RocaWally on se lâche un peu, mais mon métier c’est quand même toujours chanteur. Effectivement dans les Chansons Courtes, on est souvent dans le loufoque. C’est plein de mordant et d’humour. Je me suis amusé longtemps, aujourd’hui je suis passé un peu à autre chose. 

Parallèle Sud : Vous semblez vivre constamment à 100 à l’heure, les projets s’enchaînent aux spectacles, aux passages radios et tv. Comment faites-vous pour tenir le coup ? 

Wally : « Maintenant un peu moins mais à une époque j’ai fait beaucoup de choses. C’est quand même un métier incroyable parce que quand on n’a pas de boulot, on n’en a pas, mais quand on en a, on en a beaucoup ! J’arrive à un âge où j’ai envie d’essayer d’autres choses. J’ai fait longtemps des chansons comiques, et puis j’ai fait le Projet Derli avec des chansons plus intimistes avec musiciens, quatuor de cordes. Et plus les projets s’enchaînent jusqu’à celui-ci que j’ai écrit pendant le confinement. 

Parallèle-Sud : En 2017, vous accompagniez Vincent Roca sur  Rocawally, 170kg à deux, on vous en met un peu plus. Vous revenez cette année avec une pièce plus intime. Quelques mots sur cette pièce ? 

Wally : Ce récit, je l’ai donc écrit pendant le confinement, ça faisait un moment que j’y pensais. C’’était vraiment pour laisser une trace à mes enfants. C’est devenu un spectacle produit par la scène nationale du théâtre d’Albi. J’ai voulu dire à mes enfants que quand j’avais leur âge, je vivais dans une cité ouvrière dans l’Aveyron et j’ai relié ça à des pensées de Pierre Bourdieu. L’une d’elles m’a marquée : « Le goût, c’est le dégoût du goût des autres ». J’ai donc relié mes années d’enfance dans ce milieu ouvrier, populaire avec le travail de Bourdieu qui est le sociologue du déterminisme social. 

Parallèle Sud : Parlez-nous de ce festival Komidi, qui n’est quand même pas un festival comme les autres 

Wally : « Komidi, c’est quand même assez incroyable ce qui se passe ici, en fait. Des gens qui, à un moment donné, décident de créer un évènement comme-celui-là ! Ca permet aux gens de se rencontrer. Vous savez, en métropole, ça se passe rarement comme ça, chacun a d’autres spectacles ailleurs, on n’a pas le temps de vraiment se rencontrer et d’échanger. Ces soirées à la caverne, ça permet de rencontrer des gens, d’en revoir d’autres, d’échanger. Et puis ça permet de découvrir des spectacles, et de prendre un peu de bon temps sur l’île. Ce sont des conditions qui sont quand même fabuleuses, quoi, il faut le dire ! »

Propos recueillis par D.B.

Vincent Roca  : «Wally c’est un dossier»

« Bon, alors, oui, Wally c’est un dossier (rires). On a fait un peu les mêmes circuits de café-théâtre. Lui est arrivé de la chanson dans l’humour. Des rencontres occasionnelles, on a sympathisé, et un jour, on m’a donné une carte blanche pour organiser un spectacle sur le thème du vin (Et le vin fût). Il a fait partie du spectacle. J’ai écrit des choses, il a apporté les siennes. C’est la première qu’on faisait quelque chose ensemble. Ensuite, on a un ami commun qui nous a proposé de faire du théâtre en appartement les deux. Chacun faisait sa partie, et on a monté quelque chose ensemble. Lui faisait ses chansons courtes et moi je faisais des aphorismes sur des thèmes qu’on avait choisis ensemble. On s’est régalé, on jouait les deux, personne ne tirait la couverture à lui. Y’avait pas de metteur en scène, c’était juste deux gamins qui s’amusent, qui sont heureux d’être là. On a fait plusieurs petites salles, on a continué à gamberger et le spectacle RocaWally s’est monté petit à petit.

On s’est découvert un peu le même humour, la même dérision, la même envie d’aller vers la gens. Il y a chez Wally une grande humanité. Quand les gens viennent nous voir ils sentent ce plaisir qu’on a d’être ensemble.

Ca fait un moment que Wally était parti sur l’écriture de son nouveau spectacle, quelque chose de beaucoup plus personnel. C’est un Wally que j’avais déjà entrevu dans certaines chansons qu’il a faites où il parlait de lui avec beaucoup d’émotion, avec toujours cet humour en filigrane […]. Ce récit de vie, c’est un questionnement sur : pourquoi je suis ce que je suis, comment je suis sorti de ce milieu, sans vraiment toujours en sortir, comment je suis fait de ça… […]. C’est très émouvant, il se met à nu, ses interrogations, ses rapports avec ses parents. C’est un récit sur comment il est devenu ce qu’il est maintenant. C’est très beau ! »

Propos recueillis par D.B.

A propos de l'auteur

Dominique Blumberger | Reporter citoyen

Ancien enseignant et directeur à la retraite, Dominique Blumberger a rejoint les rangs de Parallèle Sud quelques mois après son lancement. Passionné de musique, gros lecteur, il propose d’ailleurs souvent des avis sur ce qu’il a lu, il affectionne plus particulièrement les portraits et les reportages.