[Tourisme] Epile-toi avant le rougail saucisses

L’IMAGE DE LA RÉUNION ASSOCIÉE AU SEXISME DES INTERNATIONAUX DE ROLAND-GARROS ?

L’IRT ne savait sans doute pas en retournant aux Internationaux de Roland-Garros que les hôtesses sont obligées de s’épiler et de laisser le dernier bouton de leur chemisier ouvert… Personne à La Réunion ne souhaite associer l’image de l’île à la polémique de ce dress code indigne et plus généralement au machisme ambiant.

Parallèle Sud interrogeait la semaine dernière l’IRT sur son retour aux Internationaux de tennis de Roland-Garros. Nous n’avons jamais obtenu de réponse sur le bien-fondé de cette opération de promotion indirecte épinglée en son temps par la chambre régionale des comptes pour son inefficacité. Pas plus de réponse sur le coût, ni sur l’intérêt de deux allers-retours en 1re classe du président Patrick Lebreton, ni sur les bénéficiaires de la cinquantaine de billets achetés par l’IRT…

En revanche la semaine écoulée vient de confirmer les risques de ce genre d’association d’images : celle de la destination Réunion avec celle des internationaux de tennis. Passe encore le fiasco attendu des joueurs français mais il aurait aussi fallu s’attendre à ce que soit rendu public le dress code particulièrement sexiste auquel sont soumises les hôtesses d’accueil du prestigieux tournoi.

« Roland-Garros, c’est le monde d’hier, une institution conservatrice, rétrograde, sexiste et misogyne qui prend les femmes pour des plantes vertes. »

Sandrine Rousseau

C’est Le Parisien qui a révélé que les hôtesses étaient tenues de respecter une charte exigeant « un maquillage léger mais toujours présent et résistant aux intempéries », « une bombe de laque pour les mèches rebelles, l’absence de tatouage et piercing » ou encore « les jambes et les aisselles épilées ». Les hôtesses sont également priées de « laisser ouvert le premier bouton de leur chemisier » alors que les hommes de l’accueil doivent au contraire boutonner leur polo jusqu’en haut… L’information a fait le buzz sur BFMTV, France Inter, Le Figaro, etc.

Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT, a dénoncé l’inégalité de traitement entre les hommes et les femmes dans un métier « structuré par des stéréotypes sexistes et exposé à des violences sexuelles ». Sandrine Rousseau, députée écologiste, a commenté : « Roland-Garros, c’est le monde d’hier, une institution conservatrice, rétrograde, sexiste et misogyne qui prend les femmes pour des plantes vertes. » Même le maire LR du 16e arrondissement de Paris, Francis Szpiner, a estimé qu’« obliger les hôtesses à s’épiler est une atteinte à la dignité ».

Ce n’est évidemment pas l’IRT de La Réunion qui a pondu cette charte d’un autre âge. Admettons que les quelques personnes à l’initiative du retour à Roland-Garros ignoraient le machisme de leur hôte. Mais c’est un peu gênant. En tout cas, Huguette Bello, présidente de la collectivité qui finance l’IRT, nous a fait savoir qu’elle n’assistera pas à la finale, ni à aucun autre match d’ailleurs.

Franck Cellier

A propos de l'auteur

Franck Cellier | Journaliste

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.