RECONVERSION
Maryline et Philippe Noirat, Francs-Comtois de naissance, ont décidé de s’offrir une nouvelle vie dans le sud de l’île. Un grand saut dans l’inconnu. Enfin… pas totalement !
À 55 ans, un peu plus pour Philippe, ils ont chacun négocié une rupture conventionnelle avec leurs employeurs respectifs, vendu leur maison en Franche-Comté, acheté une grosse bâtisse à Carrosse, dans les hauts de Saint-Joseph, et viennent d’ouvrir des chambres d’hôtes. L’aventure pourrait paraître assez banale. Et pourtant…
C’est en 2009 que Maryline et Philippe Noirat viennent pour la première fois à La Réunion, à l’invitation d’amis habitant Saint-Joseph. « Le coup de foudre a été quasi immédiat, confie Maryline, un vrai coup de cœur pour les paysages d’abord, les montagnes, ravines, cascades, rivages, mais aussi la culture, les gens, la gastronomie. Depuis 2009, nous y sommes revenus en vacances à douze reprises ! Chaque fois, nous y avons découvert d’autres lieux magiques. La Réunion, c’est un peu un terrain de jeux pour plein d’activités. »
Le « grand saut »
Petit à petit, l’idée d’y venir pour la retraite et garder un pied-à-terre en Franche-Comté a fait son chemin. Ce sont pourtant d’autres raisons qui motiveront leur arrivée sur l’île. D’abord, de gros problèmes de santé qui font réfléchir à la suite de sa vie et incitent à oser vivre ses rêves. Ensuite, comme dit Philippe, « une certaine lassitude professionnelle avec notamment des valeurs qui ne nous convenaient plus vraiment dans nos emplois respectifs. En ce qui me concerne, passer d’une entreprise quasi familiale à une multinationale, ça change le travail, l’ambiance… ». Et puis, l’idée d’ouvrir un gîte ou d’acheter un hôtel s’était peu à peu immiscée dans les esprits au point de devenir un véritable objectif.
L’opportunité s’est présentée en 2022 sous la forme d’une grosse bâtisse mise en vente à Carosse. « Nos amis sont allés visiter et nous ont envoyé des photos. Nous avons ensuite visité en visioconférence et avons assez rapidement vu le potentiel de cette bâtisse. Nous avons alors décidé de nous lancer dans l’aventure. » La démarche peut paraître singulière, car les risques étaient importants. Compromis de vente signé en avril, vente par l’intermédiaire de procurations aux amis saint-joséphois en juin : tout est allé très vite. Avec entre-temps, les ruptures conventionnelles, la vente de la maison en métropole, la préparation du déménagement, et l’arrivée sur l’île en juillet. La suite ? Business plan, budget prévisionnel pour la création de l’entreprise, puis très gros travaux jusqu’en février. Philippe a passé une formation à Saint-Louis pour pouvoir transporter des gens. Et depuis quelques semaines, la villa « Couleurs du Sud sauvage » accueille ses premiers hôtes.
Philippe explique : « Il nous reste quelques années avant d’être retraités, nous voulions faire autre chose, pas forcément pour gagner beaucoup d’argent, mais pour vivre ce projet pleinement, en vivre au moins jusqu’à l’âge de la retraite, et continuer à faire de belles rencontres et partager avec nos hôtes tout le plaisir que nous avons à habiter dans une île aussi belle. »
« Notre rêve un peu fou s’est concrétisé »
« On a eu beaucoup de chance, explique Maryline, car tout s’est finalement passé sans grosses embûches ». Philippe ajoute : « Nous avions l’impression d’être dans une ambulance, car nous avons pris de vrais risques, mais au bout du compte, on avançait toujours avec les feux au vert ! » Maison vendue en un rien de temps, artisans locaux trouvés rapidement et particulièrement compétents — certains sont devenus des amis—, pas de difficultés particulières au niveau des différentes démarches administratives : « En quelques mois, notre rêve un peu fou se concrétise. Notre maison est ce que nous voulions qu’elle soit, avec des hébergements de qualité réalisés à partir d’études de marché, un label en cours, une démarche environnementale (eau, énergie, déchets). Nous proposons bien sûr hébergement, table d’hôte à la demande, et pourrons proposer prochainement des excursions touristiques. On a vraiment souhaité un concept d’accompagnement global de nos visiteurs. En plus, nous sommes en plein Sud sauvage, dans la région que nous préférons, et à la bonne altitude » (ndlr : un peu moins de 400m).
« Une sorte d’aboutissement »
En quatre semaines, déjà beaucoup de réservations. « Quatre nationalités différentes, et le plaisir de voir nos hôtes échanger à table comme nous le faisions nous-mêmes lorsque nous étions touristes en gîtes. Partager et faire partager, c’est un vrai bonheur », se réjouit Philippe. Et Maryline d’ajouter que de « passer de conseiller (ndlr : son travail précédent consistait à conseiller les gens qui se lançaient dans ce type d’activité) à créateur d’entreprise, c’est une aventure, beaucoup de travail, mais aussi une sorte d’aboutissement ».
Reste à gérer l’éloignement familial… « C’est un peu compliqué notamment avec nos petits-enfants, mais nous trouverons des solutions pour essayer de voir nos familles, soit en Franche-Comté, soit ici, nous avons des chambres pour les accueillir ! »
Dominique Blumberger
Lien : https://www.couleursdusudsauvage.com/fr-FR