Trop de requins à tuer, pas assez de pognon…

Mais quel enfer !

Zinfos 974 a publié récemment un article sur la gestion calamiteuse de l’organisation de la surveillance du surf par le Centre Sécurité Requin (CSR) à La Réunion.

Le dispositif Vigies Requins Renforcées (VRR) a été liquidé de façon autoritaire par l’Etat il y a moins d’un mois : le 30 avril 2025. C’était pourtant un dispositif fiable, basé sur l’examen de la turbidité et la présence d’observateurs dans l’eau, et qui n’avait jamais connu d’interaction – encore moins d’accident – avec un requin depuis sa création en 2015.

Mais surtout, et c’est peut-être ce qui gênait beaucoup certains, il ne nécessitait aucun « prélèvement » de requin (selon les fameux éléments de langage de la préfecture).

L’association RESSAC était censée reprendre les activités à la fois de VRR et des Water Patrol en les fusionnant en un seul dispositif de surveillance.

Sauf qu’entre incompétence et lenteurs administratives, rien n’est prêt au final : l’État parle maintenant de 2026, un délai bien trop long qui finira sans doute par envoyer au tapis nombre d’écoles de surf. Et en même temps par favoriser l’explosion du surf hors surveillance avec à la clé, de possibles accidents …..

Le représentant de l’État, en l’occurrence le sous-préfet de Saint-Paul également président du CSR, légitime ce fiasco par des explications pour le moins contradictoires qui l’exonèrent bien évidemment de toute responsabilité : entre autres le cyclone Garance avec une forte turbidité rémanente, des impératifs financiers et…..trop de requins à tuer (sic).

Quelques morceaux choisis, dont certains sont réellement hallucinants :

  • « Le haut fonctionnaire précise que sept écoles, sur la douzaine que compte la micro-région [de l’Étang-Salé], sont déjà autorisées par la DMSOI à pratiquer. « Si des autorisations orales ont été délivrées, je fais confiance à la DMSOI. La question du partage des vagues entre les écoles, les pratiquants libres et les locaux doit se faire en bonne intelligence. » »
  • « [….] Parmi les questions posées par la ville [de Saint-Leu], l’absence d’un DREI (dispositif de répulsion électrique individuel) pour le spot de la Passe, alors qu’il est obligatoire pour la Gauche, interrogeait. En réalité, une formation rocheuse en face de la Passe réduit le risque d’approche par un requin et ce dispositif n’est plus nécessaire [….] »
  •  « [….] Nous visons l’horizon 2026 afin de ne pas peser sur les finances de l’association, qui pourrait être asphyxiée par la masse salariale en début d’année, alors que toutes les collectivités et administrations attendent le vote des budgets pour l’année à venir. »
  • « [….] Avec le maintien des VRR et Water Patrol jusqu’à la fin avril, nous avons fait le maximum pour limiter l’impact sur les écoles. Si la situation actuelle n’est pas plaisante, c’est sans doute la meilleure période pour faire cette transition, alors que le surf rentre dans la période creuse [….] ».
  • « [….] avec Garance, les prélèvements ont augmenté de façon importante. Depuis fin février, nous avons autant pêché que durant huit mois d’activité normale. Or, ces pêches sont financées via des crédits publics, et nous sommes arrivés au bout des bons de commande. Des fonds ont été mobilisés et cela devrait reprendre [….] »

Si une turbidité importante est évidemment un élément indiscutable qui remet en cause toute activité de surf, plusieurs questions se posent néanmoins :

  • Une autorité administrative comme la DMSOI (direction de la mer sud océan indien) est-elle légitime à accorder des autorisations orales SANS AUCUNE VALEUR LÉGALE ??? Une manière pour l’administration de se défausser de toute responsabilité en cas d’accident, surtout quand le sous-préfet reconnaît et légitime l’existence des « pratiquants libres », hors tout dispositif de surveillance donc.
  •  A qui va-ton faire croire que les dispositifs de sécurité individuels (les DREI) sont indispensables – et obligatoires – sur certains spots de la commune de Saint-Leu, mais pas sur d’autres à cause d’une simple formation rocheuse située en face d’une passe ?

Les requins sont-ils au courant de ladite réglementation ? On leur a mis des panneaux sous la surface peut-être ?

  • Ces contraintes financières, l’État, qui a déjà englouti des dizaines de millions d’euros pour l’activité surf à la Réunion, ne pouvait-il les prévoir et les solutionner à l’avance avant de liquider à la fois VRR et les Water Patrol ?

Au final, rien ne change sous le soleil : l’administration se défausse de toute responsabilité (« nous avons fait le maximum pour limiter l’impact sur les écoles »).

Et les vrais responsables sont toujours et encore les requins : c’est vrai quoi, ils sont devenus si nombreux après Garance qu’on n’a même plus de pognon pour les tuer ! Mais quelle pitié ! Où va donc ce foutu monde ?

Association VAGUES

                                                                                   Didier Dérand
Président de VAGUES

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