Jeudi, les lycéens d’Evariste-de-Parny, à Plateau-Caillou, ont manifesté leur mécontentement devant un emploi du temps surréaliste. Certains n’ont qu’une demi heure de pause méridienne sur une journée de neuf heures de cours.
« Le rectorat va apporter un renfort pour remettre l’emploi du temps au carré. » C’est ce que nous ont annoncé les services du Moufia. Refaire l’emploi du temps d’un lycée comme Evariste-de-Parny, à Plateau-Caillou, c’est « une personne à temps plein pendant au moins quinze jours », précise l’académie. Pour autant, ce que dénonçaient les lycéens en grève jeudi a quelque chose d’inconcevable : des journées parfois de neuf heures de cours, avec une seule demi-heure pour manger, alors qu’il faut faire la queue trois-quart d’heure pour arriver jusqu’à la cantine.
Les services publics, on le sait, souffrent tous les jours un peu plus des coupes budgétaires. Si la situation à l’hôpital est bien connue, on en sait beaucoup moins sur ce que vivent nos enfants dans les établissements scolaires. Pire, quand les enseignants l’évoquent, on ne les prend pas au sérieux.
Avec les professeurs
Alors, quand les lycéens sortent de leurs salles de classe, on ne manque pas de s’étonner des conditions dans lesquelles ils travaillent. Pour la première fois, nous observions les professeurs participer au même mouvement de protestation que les élèves. « L’organisation est dysfonctionnelle, contraire au bien-être pédagogique », nous a confié l’un d’entre-eux avant de disparaître avec ses collègues, appelé par « une assemblée générale ». Même les parents d’élèves se sont joints à la manifestation. Au total, quelque six à huit cents personnes étaient sur le parking à l’heure de la sonnerie.
Les élèves, dans leurs revendications, dénoncent « un nombre hebdomadaire d’heures par matière souvent non-respecté ; des oublis ou erreurs de spécialités et/ou d’options pour certains élèves ; une durée de la pause méridienne (parfois 30 minutes seulement, avec jusqu’à 9h de cours par jour) ; des trous dans l’emploi du temps, dont certains sont incompréhensibles et en quantité inhabituelle ; des changements arbitraires de professeurs après deux semaines de cours ». Certains d’entre-eux expliquent le phénomène par l’absence de l’adjoint de la proviseure et d’un emploi du temps « fait en une journée ». D’autres montrent un emploi du temps avec quatre heures de physique chimie le vendredi après-midi. On nous dit aussi que certains ont cours le samedi matin alors que ce lycée ne le prévoit pas.
Par ailleurs, les classes de terminales comptent jusqu’à 36 ou 37 élèves, au delà de la limite légale qui est de 35 élèves. Et parfois 39 au gré des options. « C’est comme ça dans les autres lycées aussi », justifie Valentine Camalon, la proviseure que nous avons pu joindre par téléphone. Les élèves indiquent de leur côté que les effectifs n’étaient que 27 en classes de seconde.
Les lycéens dénoncent aussi un « manque d’écoute ». Car ils ont cherché à améliorer les choses avant de se décider à rendre publiques leurs problèmes. « Confiance brisée dans la parole de la direction du lycée après 2 semaines de patience ; Dialogue impossible car la direction du lycée n’est pas à l’écoute ; Impossibilité de s’installer sereinement dans les échéances de scolarité et d’examens ; Non-respect par l’établissement de règlements essentiels alors qu’il est demandé de la rigueur aux élèves ; Ambiance délétère lors des échanges, issue d’un certain mépris et de remarques désobligeantes. » La proviseure, en effet, avait l’air un peu dépassée lors de notre échange et s’en remettait au rectorat après la réunion d’une cellule académique avec des représentants des élèves, des professeurs, des parents d’élèves. « La décision ne m’appartient plus, puisqu’on a demandé à l’extérieur de prendre une décision », indique la cheffe d’établissement qui souligne être « une fonctionnaire » avec « la marge de manœuvre » que cela implique. En clair, elle doit faire avec les moyens que l’on lui donne. Elle aurait répondu aux élèves à propos de la pause méridienne de trente minutes : « Vous n’avez qu’à sécher un cours ».
L’accès à la cantine est aussi un problème, récurent depuis de nombreuses années. Tous les élèves qui le voudraient ne peuvent profiter de la restauration scolaire faute de places, le temps d’attente avoisine une heure. « Les téléphones sont interdits à la cantine pour gagner du temps, pour qu’on mange plus vite », illustrent les élèves. Pour la cantine, c’est du ressort de la Région souligne Valentine Camalon.
Philippe Nanpon
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