Jacques Navon psychologue Kaz Oté Saint-Paul journée support don't punish

Une journée « Support. Don’t punish » contre la criminalisation des toxicomanes

Partout dans le monde, le 26 juin est la journée « Support Don’t punish » pour promouvoir des politiques en matière de drogues fondées sur la santé et les droits humains.

Kaz Oté Saint-Paul journée support don't punish
Tout le réseau Oté de Saint-Paul était représenté à cette journée Support don’t punish. (Photos PhN)

« Au lieu de faire la guerre à la drogue, on fait la guerre aux drogués », remarque Jacques Navon, psychologue à la Kaz’Oté, centre d’accueil et d’accompagnement des risques des usages de drogues (Caarud). Le 26 juin, comme dans 300 autres pays, La Réunion participait à la journée internationale « Support. Don’t punish » de promotion des politiques en matière de drogues fondées sur la santé et les droits humains. 

Un stand chargé de douceurs sucrées pour attirer le chaland, ainsi que des matériels d’hygiène et de réduction des risques habituellement distribués par l’association Effet en Fêt’, trônait toute la journée devant le débarcadère de Saint-Paul. 

Un centre thérapeutique résidentiel

Toute l’équipe du réseau Oté ! y participait et fêtait l’ouverture prochaine d’un centre thérapeutique résidentiel à la Saline-les-Hauts d’une dizaine de lits pour les malades dépendants qui ont déjà fait une cure, ont un logement, mais n’arrivent pas à arrêter. 

Car, même si « on n’est pas si mal lotis en France, comparativement à d’autres pays où les consommateurs risques plusieurs années de prison, comme à Maurice » comme l’indique Jacques Navon, notre pays dispose, c’est connu, de la législation la plus répressive d’Europe en matière de lutte contre les drogues. Et, au passage, les résultats les moins bons. 

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Jacques Navon psychologue Kaz Oté Saint-Paul journée support don't punish
Jacques Navon psychologue à la Kaz Oté de Saint-Paul.

Pour le psychologue clinicien de la Kaz’Oté, centre de soin en addictologie situé à Saint-Paul, les consommateurs de drogues, légales ou illégales, « ont besoin de soins, d’accompagnement, pas d’être stigmatisés ». « Avec cette politique répressive, les usagers ont le réflexe de se cacher alors qu’ils ont les mêmes droits que nous, ce sont des gens vulnérables qui ont besoin de soutien, qui ont le droit d’être soignés », poursuit-il.

Tout le monde

Longtemps, on a pensé que l’île était à l’abris des drogues dites dures, même si l’alcool et le zamal peuvent l’être. Aujourd’hui, les rubriques des faits divers sont abreuvées d’histoires de trafics de cocaïne et de drogues de synthèse. « On compte neuf à dix décès ces derniers temps dus aux drogues de synthèse, nous rappelle Jacques Navon. Des gens qu’on ne connaît pas dans nos permanences ; souvent ils croient que les urgentistes vont appeler la police, ce n’est pas vrai ». 

Tout le monde peut devenir un drogué. De la nicotine ou de l’alcool, mais aussi les toxicomanes sur ordonnance. Nombreux sont les patients addicts aux benzodiazépines ou aux opiacés de synthèse. « Les ordonnances de tranquillisants sont renouvelées tous les 28 jours, les patients ne peuvent pas arrêter », remarque Jacques Navon. Qui a aussi dans sa patientèle un homme à qui on a prescrit du Tramadol après un accident et qui en est devenu dépendant. 

Comme partout dans le monde, le réseau Oté a participé au challenge photos et réaffirmé l’importance de prendre conscience des préjugés causés par la guerre contre la drogue et appelle à « de meilleures politiques en matière de drogues, qui respectent les droits humains, protègent la santé publique et renforcent les services de réduction des risques ». « Soutien a zot. Puni pa zot », terminent les associations organisatrices.

Philippe Nanpon

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon

Journaliste. Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.

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