Une nouvelle direction éditoriale pour Mediapart

LIBRE EXPRESSION

Nous publions cette libre expression qui est en réalité un courrier envoyé par Mediapart à ses abonnés. Nous constatons qu’effectivement la liberté d’un média se voit notamment à travers le choix de la rédaction en chef et le soutien dont elle dispose ou non auprès de l’ensemble des journalistes de la rédaction. L’ensemble des médias, dans leur rôle noble, ont besoin de prises de position claires telles que celle-ci.

Cher lecteur, chère lectrice,

Le 1er octobre, Lénaïg Bredoux et Valentine Oberti prendront le relais de Carine Fouteau et Stéphane Alliès comme codirectrices éditoriales de Mediapart. Selon nos statuts, leur nomination, proposée par le directeur de notre journal, a été soumise au vote de la rédaction, qui l’a approuvée à 88,5 % avec un taux de participation de 91 %.

Face à l’accélération d’une concentration capitalistique aux visées idéologiques d’extrême droite, confortée par l’immobilisme politique abyssal du pouvoir exécutif comme du pouvoir législatif, le chantier est immense. Mais il existe deux mesures simples que tout démocrate devrait défendre : le droit des rédactions d’approuver (ou de refuser) et de révoquer (donc de démettre) les directions éditoriales que les dirigeants des médias et leurs propriétaires veulent leur imposer. 

Ces deux mesures sont inscrites dans le marbre des statuts de Mediapart. Leur article 13.4 exige une approbation « à la majorité absolue des journalistes » de la proposition de direction éditoriale faite par le président de Mediapart, lequel est statutairement un·e journaliste et, à ce titre, directeur de la publication.

Ce sont ces dispositions qui ont été appliquées pour aboutir au vote qui, mercredi 28 juin, a approuvé à une large majorité la proposition que j’ai soumise de nommer Lénaïg Bredoux et Valentine Oberti directrices éditoriales de Mediapart.

La première incarne notre investissement dans le traitement des violences sexistes et sexuelles, les « VSS », dont le dévoilement accompagne la révolution féministe #MeToo. La seconde symbolise notre ouverture à l’audiovisuel avec la professionnalisation de nos émissions vidéo et la production de documentaires.

Reste, au-delà des personnes et des procédures, le message essentiel qui fut, ces quinze dernières années, la clé du succès de Mediapart : l’intranquillité. En somme, ne jamais se croire arrivé, rendu ou parvenu, bref installé. Savoir que l’événement, l’inattendu et l’improbable sont au secret de notre engagement démocratique, au service de l’intérêt public de toutes et tous, sans distinction d’origine, de condition, de culture, de croyance, d’apparence, de sexe ou de genre – autrement dit, animé par l’idéal de l’égalité naturelle qui fonde la radicalité émancipatrice des déclarations, française et universelle, des droits humains.

Enfin, nous n’oublions pas que toute cette aventure n’est possible que grâce à vous, toutes et tous, qui nous soutenez et nous aidez, nous donnant du cœur à l’ouvrage. Vous, à qui nous devons donc un immense merci.

Edwy Plenel
Journaliste, président de Mediapart

Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.

A propos de l'auteur

Kozé libre

A Parallèle Sud nous nous faisons un devoir de libérer la parole, de la partager, sous quelque forme que ce soit (texte, vidéo, son, BD...). Chaque lecteur peut être acteur et créer l'information. Celle-ci est relue par le comité de lecture de Parallèle Sud avant d'être publiée dans la Libre expression.

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