SÉMINAIRE SUR L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE À L’UNIVERSITÉ DE LA RÉUNION
Jeudi 28 novembre, à l’Université de La Réunion, les étudiants du Master Information Communication ainsi que le Laboratoire LCF [1] ont organisé un séminaire sur l’intelligence artificielle.
Laurène Têtu, doctorante à l’Université de la Réunion, qui consacre sa thèse au racisme et à l’IA, Johan Equixor, consultant en marketing digital et grand passionné d’IA, ainsi que Franck Cellier, journaliste chez Parallèle Sud, sont intervenus jeudi après-midi. Une rencontre animée par des échanges enrichissants entre le public et les intervenants experts.
Lors de ce séminaire, la place de cette nouvelle technologie dans notre quotidien a été abordée, mais également les limites de celle-ci et son impact sur les métiers de la communication, du journalisme et dans le domaine de la recherche.
Avant d’entamer ce compte-rendu, nous avons demandé à ChatGPT de réaliser une accroche. Voici ce qu’il a produit : « L’intelligence artificielle, fer de lance de l’innovation, soulève pourtant des enjeux éthiques et sociaux majeurs. Si ses applications se multiplient, qui garantit que ses dérives ne mettront pas en danger nos libertés et nos valeurs ? Malgré les appels à une gestion responsable et à la collaboration entre chercheurs, entreprises et gouvernements, l’IA semble échapper à tout contrôle. Sommes-nous prêts à en payer le prix ? »
L’IA dans nos quotidiens…
Johan Equixor nous signale l’omniprésence de l’IA dans nos vies : “IA, c’est un terme large. On parle beaucoup d’IA générative, mais aujourd’hui elle est partout. On ne peut presque plus y échapper. On la retrouve dans nos boîtes mails, dans nos applications GPS, dans nos réseaux sociaux, et même dans le domaine médical.”.
Aujourd’hui, il s’agit d’un outil presque indispensable, “qu’il faut comme tous les autres apprendre à utiliser”, souligne Laurène Têtu.
Lors de ce séminaire, l’accent a été mis sur l’IA générative, et notamment ChatGPT. Une plateforme connaissant depuis quelque temps un réel succès. Johan Equixor nous éclaire sur l’origine de cet outil. Développé par Open AI et mis sur le marché en novembre 2022, ChatGPT se compose de deux couches, soit d’une couche génératrice de mots (GPT) et une couche conversationnelle (Chat).
Il s’agit d’un outil qui ne cesse de se perfectionner et qui devient même presque “maître” de nos décisions.
Pouvons-nous véritablement nous fier à cet outil ?
ChatGPT présente aujourd’hui certaines limites de fonctionnement, notamment sur des questions éthiques. Laurène Têtu, basant sa thèse sur le sujet, explique : “Aujourd’hui, ChatGPT s’alimente de données fournies par un monde très occidents-centré, soit des hommes, blancs, d’un certain âge. Cela explique donc parfois les propos et stéréotypes racistes employés par la machine (noms typiquement français ou encore espagnols, lorsque l’on fait une recherche sur ces pays). On peut, par conséquent, s’interroger sur le sujet. […] Cela commence d’ailleurs à être le cas aux États-Unis, où des comités d’éthique se créent, mais également en France où la législation s’en mêle.”. Il y a donc, dans ces deux cas, un retour aux mains humaines qui est fait dans la production des informations.
Outre ces problèmes éthiques, il arrive parfois que le logiciel invente des informations, des sources, des experts fictifs, etc.
Il est donc essentiel d’utiliser ChatGPT comme tout autres outils (supports papier : livres, manuels scolaires…), soit de manière consciente et réfléchie.
En effet, nous ne pouvons, nous référer uniquement à cet outil dit “bien pratique”. C’est ce que Franck Cellier explique : “Nous utilisons ChatGPT chez Parallèle Sud, pour les corrections des articles, mais également parfois pour la recherche de contacts (numéros de téléphone), mais nous vérifions toujours, et ne lui faisons pas une confiance aveugle. Pour donner un exemple concret où il a été très utile, un de nos membres était malvoyant, ChatGPT l’a donc aidé à trouver ses contacts, ou encore à rédiger ses articles. Cependant, l’équipe l’épaulait toujours afin de garantir la fiabilité des informations trouvées”.
Malgré ces limites toujours pratiques !
Cet outil, en perpétuelle évolution, risque sans aucun doute, à force de perfectionnement d’effacer tous nos métiers.
Cependant, à l’heure actuelle, il n’est pas assez performant, pour remplacer la patte d’un journaliste ou encore le côté relationnel et humain d’un communicant.
Les 3 intervenants parlent à l’unisson en disant que nous devons dès à présent apprendre à évoluer avec l’IA, et de l’utiliser comme une force.
C’est ainsi que Parallèle Sud réfléchit en développant sa rubrique : “ChronIA” (articles rédigés par une IA génératrice). Pour le titre de presse en ligne,, utiliser une IA ne réduit en rien le métier des journalistes, mais le fait avancer. Ils ont même à l’esprit que cet outil leur permettra peut-être de revenir au journalisme de terrain tant apprécié et de rompre avec des contenus purement théoriques et faibles en émotions.
Johan Equixor dit même : “Il ne faut plus s’inquiéter de l’IA qui s’emparera de nos métiers, mais plutôt réfléchir à, comment nous allons nous démarquer AVEC elle.”.
C’est ainsi que naît d’ailleurs le “journalisme gonzo”. Il s’agit d’un “journaliste passionné, qui passionne” en se mettant en scène. L’objectif de cette nouvelle vague du journalisme est de rompre avec la froideur de la machine et de mettre en avant le journaliste humain et plein d’émotions. Le fait de le voir permet de garantir sa légitimité et son humanité. C’est donc certainement la voix du futur que nous devons suivre !
Texte : Marissa Benoît, Sydney Labelle et Urvashi Véléchy
Photos : Lauryne Tantzy
L’équipe M1 Information, Communication de l’Université de La Réunion
[1] Laboratoire de recherche sur les espaces Créoles et Francophones (LCF)
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