UNION DES FEMMES RÉUNIONNAISES
Faute de places dans les hôtels et gîtes de tourisme pendant le Grand Raid, la préfecture a demandé aux associations qui défendent les femmes victimes de violences de les héberger à domicile. L’UFR s’insurge.
Le 7 octobre, l’UFR (Union des femmes réunionnaises) organisait une conférence de presse pour annoncer que l’association se portait partie civile aux côtés de deux soeurs ayant déposé plainte contre leur père qu’elles accusent d’inceste. Jéromine Santo-Gammaire l’avait raconté la veille dans nos colonnes.
A l’occasion de cette rencontre avec les journalistes, les responsables de l’UFR ont dénoncé également le manque de places d’accueil pour les femmes victimes des violences de leur conjoint, notamment pendant la période du Grand Raid, où tous les hôtels et les gîtes affichent complet.
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il avait cette fois été anticipé par l’ensemble des associations. Une réunion en avril avec la préfecture avait permis de mettre les choses sur la table, mais pas de les régler. « C’est choquant, faute de places, on nous dit « met zot kaze », s’insurge Huguette Bello, présidente d’honneur de l’UFR.
« On nous demande, aux adhérentes et bénévoles, d’accueillir chez elles les femmes en détresse », reprend Evelyne Corbière, présidente de l’UFR. « Mais quand il y a un cyclone, une catastrophe, on trouve bien des hébergements. L’effort de l’Etat est réel, mais pas suffisant », estime-t-elle, sans remettre en cause pour autant l’intérêt de la manifestation sportive.
Et la sécurité ?
Ce qui agace surtout l’UFR, c’est la façon dont se défaussent les services de l’Etat dans un département où sept plaintes par jour sont déposées pour violences intrafamiliales. « Il est demandé aux associations de mobiliser parmi nos membres actifs et nos adhérents pour « offrir des possibilités d’hébergement pour une durée de 10 à 15 jours fin octobre ». La Préfecture de La Réunion nous enjoint d’« identifier quelques places chez l’habitant qui permettraient d’accueillir des victimes de violences pendant cette période tendue », indique l’UFR dans un communiqué. « Et comment assure-t-on la sécurité des hébergeants ?», demande Evelyne Corbière. On sait en effet que, souvent, les conjoints violents viennent « récupérer » leur femme sur les lieux d’hébergement où, d’ordinaire, la sécurité est assurée.
Et, comme si la proposition qui frise l’indécence ne suffisait pas, il faut que les logements répertoriés soient aux normes. « Enfin, nous ne commenterons pas la proposition de la DEETS de « rassembler et établir une synthèse des éléments d’un mode opératoire partagé pour ces mobilisations d’hébergements privés : visite préalable, engagement de l’hébergeant, action de sensibilisation, distribution de kit ».
« On vient nous montrer comment organiser notre générosité, la mise à l’abri ne peut pas reposer sur cette générosité, surtout quand il s’agit de savoir si le canapé n’est pas aux normes », s’insurge encore la présidente de l’UFR.
La préfecture, contactée, a préféré demander un droit de réponse à Zinfo974 plutôt que nous répondre. « Il n’a jamais été évoqué de contrôle des bénévoles par la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, mais plutôt une attention à avoir par les associations elles-mêmes quant aux conditions d’hébergement qui seraient proposées par leurs bénévoles. (…) Pendant le Grand raid, une attention particulière sera portée par les services de l’État pour qu’aucune victime ne soit sans solution d’hébergement », y avaient précisé les services de la préfecture.
Philippe Nanpon