[Vie chère] Ces très chères voitures…

Très chères voitures : on peut comprendre « chère » au sens premier du mot, c’est-à-dire « qu’on aime beaucoup », mais aussi « chère » sur le plan financier… A la Réunion, acheter un véhicule va devenir bientôt un luxe !

Trois groupes se partagent le marché

Sur l’île trois groupes se partagent plus de 90% du marché automobile. Le groupe Caillé (12 marques, dont Peugeot et 14 centres autos Midas), le groupe Hayot (15 marques, dont Renault, Dacia, Hyundai) et le groupe CFAO (Toyota, Citroën,…) ont un quasi-monopole des ventes. Le groupe Bernard Hayot à lui seul approche les 50% des ventes annuelles …

site oovango.com distribution automobile en 2023

Le train abandonné pour la construction de routes

Depuis très longtemps, le choix de la voiture a toujours été la règle. Il y a pourtant eu sur l’ïle une voie ferrée pendant plus de soixante-dix ans ! On pouvait aller de Saint-Benoît à Saint-Pierre (12 gares desservies, huit haltes supplémentaires, plus de 240 ponts et viaducs).

CARTE CHEMIN DE FER source Train Consulting Clive Lamming

Nous avions tout ce qu’il fallait ! Mais le tout béton et le tout voiture est arrivé et on s’est mis à construire des routes et encore des routes. Route des Tamarins, contournement de Saint-Leu, contournement de Grand-Bois, d’autres contournements envisagés. Et enfin la nouvelle Route Littorale, véritable gouffre financier, alors qu’un projet de tram-train était dans les tiroirs et aurait pu changer la donne. Non seulement la Réunion s’est endettée pour des dizaines d’années, mais cette route n’est pas terminée, et sur le fond, ne résoudra pas grand-chose.

Des routes totalement saturées

Avec l’augmentation constante de notre population, le nombre de voitures est lui aussi en constante augmentation. Chacun peut chaque jour se rendre compte du résultat. Des bouchons et de gros ralentissements un peu partout, bientôt à toute heure de la journée. Saint-Paul, les boulevards sur Saint-Denis, les entrées du Tampon, de Saint-Pierre. Aller de Saint-Joseph à Saint-Pierre peut prendre 20 minutes, mais aussi une heure et demie ! L’option du « tout voiture » est clairement une erreur, et même une impasse…

Parce qu’il faut bien se déplacer…

Le trafic étant saturé quasiment en permanence, et les transports collectifs étant eux-aussi tributaires des aléas routiers, et notamment des ralentissements et bouchons, tous ceux qui travaillent ont une voiture, souvent deux. Plus de monde, plus de voitures, de plus en plus de problèmes de trafic, au fond, c’est logique ! En l’absence d’autre modes de transports, l’usager n’a guère de choix, et s’endette, car une voiture , ça a un coût, surtout ici ! Pendant longtemps, les politiques n’ont pas pris en compte cette problématique. Aujourd’hui, il va être compliqué d’inverser la tendance !

Des véhicules très chers

Dans l’Hexagone, les achats de véhicules sont soumis à TVA (20%). Les prix annoncés à la vente tiennent à la fois compte de la TVA et de la marge du fabriquant et du concessionnaire. A la Réunion, la TVA est minorée, mais s’ajoute l’octroi de mer. Et bien sûr, il faut y ajouter le prix du fret (transport routier et/ou par voie ferrée dans l’Hexagone, et transport par bateau). Cela peut-il expliquer les écarts de prix « monstrueux » sur certains types de véhicules ?

L’octroi de mer a bon dos…

TVA à 20% dans l’Hexagone, 8,5% ici sur l’île. L’octroi de mer est de l’ordre de 10,5%, mais sur les véhicules, bizarrement, il est plus important : 18% pour une cylindrée jusqu’à 1500 cm3 (voiture de base de « monsieur tout le monde »). Nous sommes clairement plus taxés que dans l’Hexagone, et n’avons guère le choix, puisque nous avons besoin d’une voiture… Cela dit, les voitures ici sont en moyenne plus de 40% plus chères que dans l’Hexagone, la différence fait donc le bonheur de certains ! 

Un exemple…

A titre d’exemple, un Dacia Stepway Horizon « de base » est proposé ici à la Réunion dans une agence du sud au prix de 25858 €. Quand on va chercher un peu sur le site de Dacia France, le même véhicule « de base » est proposé à 16800 €. A la Réunion, nous payons donc plus de 50% plus cher !

L’explication coule de source, certains intermédiaires et les concessionnaires se font de l’argent sur le dos des Réunionnais ! La vente des véhicules automobiles n’est pas la seule dans ce cas, il suffit de regarder certains surcoûts dans l’alimentaire (yaourts importés plus de deux fois plus chers que dans l’Hexagone), sur des pièces automobiles (tiens donc…) ou sur l’électro-ménager par exemple.

Il serait donc grand temps que l’observatoire des prix puisse avoir accès à tout ce qui peut expliquer de telles marges sur notre dos. A lire à ce propos le papier paru le 6 octobre dans le Monde* où il est dit en particulier : « Un rapport d’un organisme indépendant créé en outre-mer pour étudier la formation des prix, publié vendredi 4 octobre, avoue se « heurter » à la « relative opacité du secteur de la grande distribution » dans l’île ». La grande distribution est clairement visée, tout est dit ou presque…

                Dominique Blumberger

* https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/10/06/vie-chere-a-la-reunion-les-resistances-persistent-sur-la-transparence-des-prix_6344992_823448.html

A propos de l'auteur

Dominique Blumberger | Reporter citoyen

Ancien enseignant et directeur à la retraite, Dominique Blumberger a rejoint les rangs de Parallèle Sud quelques mois après son lancement. Passionné de musique, gros lecteur, il propose d’ailleurs souvent des avis sur ce qu’il a lu, il affectionne plus particulièrement les portraits et les reportages.

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