manifestation contre la réforme des retraites à Saint-Pierre

Violation du consentement, manipulation des médias, fourberies et caponneries

LIBRE EXPRESSION

C’est grave de forcer quelqu’un à faire quelque chose contre son consentement, c’est grave aussi d’exercer son pouvoir institutionnel de manière clandestine.

Le journal 20 minutes a publié un article intitulé  « Réforme des retraites: les syndicats dénoncent un mail de Stanislas Guerini envoyé aux fonctionnaires ». On y lit que les syndicats CGT, FO et Unsa ont dénoncé ce mail pour plusieurs raisons. L’article traite surtout du détournement des adresses mail des fonctionnaires. Il indique aussi que la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a alors été saisie et « prendra position ultérieurement ». 

Cependant, un autre aspect de la dénonciation est moins pris en compte dans cette publication. En effet, l’article indique: « Dans la vidéo, Stanislas Guerini s’adresse directement aux agents et explique la réforme comme si elle avait déjà été adoptée telle quelle au Parlement », critique Céline Verzeletti, co-secrétaire générale de l’Union fédérale des syndicats de l’État CGT. L’article mentionne cette critique puis n’en parle plus.

Cette pratique mérite pourtant de faire l’objet, elle aussi, si ce n’est d’une enquête, d’un rappel à l’ordre, voire d’une sanction. Car, faire « comme si elle avait déjà été adoptée » alors que ce n’est pas le cas est indigne et irrespectueux, et encore plus écœurant. 

Dans cette vidéo, le ministre explique ce qui change, autrement dit, ce que le fonctionnaire préalablement soumis doit faire. Cette vidéo place dans l’esprit de celui qui regarde l’acceptation ou plutôt la résignation, provoque l’anéantissement de toute possibilité de contestation de la loi puisque c’est « comme si elle avait déjà été adoptée ». En outre, il n’y a aucun moyen de dire non à celui qui explique dans l’écran. Le ministre y manipule les cas et les simulations de cas. Cette vidéo force donc l’acceptation et force les corps à se positionner pour ce qu’ils ne veulent pourtant pas. 

Cette pratique ressemble à un viol institutionnel.  

Pratiques suspectes

Pour ce qui concerne, aussi et encore, la pénétration des esprits, « Le média » proposait une émission pour dénoncer les pratiques suspectes de Macron avec le journalisme. L’invitation à l’Elysée, non pas discrète mais dite secrète de Macron à dix éditorialistes à la veille de la première manifestation contre la réforme des retraites, provoque la défiance dés lors que ces éditorialistes ne citent jamais « ce que le président a dit » durant cette rencontre. Le Média questionne l’ascendant psychologique que Macron opère sur ces éditorialistes et l’influence qu’eux mêmes peuvent avoir dans la sphère publique. 

Enfin, la ministre de l’Énergie, toute fraichement concernée par une enquête Anticor, « ne peut pas supporter » d’entendre que la réforme des retraites défavorise les femmes, car selon elle, « les femmes pourront enfin gagner plus ».

Ailleurs, elle disait aussi le lieu formidable qu’est la mine en ce qu’elle efface la différence entre le cadre et l’ouvrier. 

Donc, entre violation du consentement, manipulation des médias, fourberies et caponneries, occultation d’intérêt personnel et évasion fiscale, je ne sais pas qui cette fois mérite le titre de la légion néo-augmentée d’honneur.

Kala Livalisse

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