Boston Saint-Malo

Côte d’Émeraude : Boston ou Saint-Malo des Indes ?

[LIBRE EXPRESSION]

Si la relation entre l’océan Indien et la cité corsaire de Saint-Malo est naturelle depuis Mahé la Bourdonnais, l’ouverture d’un nouveau modèle de « Boston breton » peut enrichir la réflexion sur les frontières intelligentes. La juxtaposition d’un cordon dunaire, d’un marais arrière littoral et d’un très vaste ensemble de landes font du pays de Saint-Malo un espace privilégié du littoral. En croisant les cartes, la physionomie de la cité corsaire a été considérablement transformée entre sa fondation et le XXe siècle. Toutefois, sa logique spatiale demeure de telle sorte qu’il est possible d’y voir une analogie apparente avec la ville de Boston.

Côte d’Émeraude et baie du Massachusetts, l’une des plus grandes baies de l’océan Atlantique, font rarement l’objet d’études comparatives. Pourtant, ces deux territoires ont une histoire mais aussi un avenir à partager entre arrière-pays nourricier et nouvelles terres de sciences avec l’Indianocéanie.

Comme Saint-Malo, le port de Boston exportait du bois, de la farine, de l’huile de baleine, de la viande et du poisson. Le riche musée des Terre-Neuvas à Saint-Malo vaut une visite à bien des égards. Par ailleurs, les marchands bostoniens revenaient des Antilles avec du sucre, du rhum, des mélasses et du tafia. Au XVIIIe siècle, le tafia était l’un des ingrédients servis dans la Marine royale anglaise, en tant que remontant (une eau-de-vie tirée de la canne à sucre).

Boston a longtemps profité d’une situation très favorable sur la côte de l’océan Atlantique : plus proche de l’Europe occidentale que sa rivale New York, elle a développé son trafic maritime et son industrie jusqu’au XIXe siècle. La baie du Massachusetts offrait un abri en eaux profondes pour les navires et son site péninsulaire lui donnait une défense naturelle.

La ville du XVIIe siècle s’étalait sur la péninsule de Shawmut, reliée au continent par un isthme. À l’ouest, s’étendaient des marais envahis par la marée : de nos jours, cette partie correspond au quartier de Back Bay. Le centre de la Boston coloniale se trouvait autour de l’Old State House. La physionomie de la ville peut donc sembler très analogue avec celle de Saint-Malo.

Relation avec l’océan Indien

Un collier d’Emeraude de Boston, une étoile verte pour Saint-Malo ? Le collier d’émeraude consiste en une chaîne de parcs de 1 100 acres (4,5 km 2 ; 450 ha) reliés par des promenades et des voies navigables à Boston et Brookline, Massachusetts. Il a été conçu par l’architecte paysagiste Frederick Law Olmsted et tire son nom de la façon dont la chaîne prévue semble pendre du « cou » de la péninsule de Boston . En 1989, le collier d’émeraude a été désigné monument de Boston par la Boston Landmarks Commission .

Le collier comprend la moitié de la superficie du parc de la ville de Boston, le parc de la ville de Brookline, ainsi que les promenades et les abords du parc sous la juridiction du Commonwealth du Massachusetts. Plus de 300 000 personnes vivent dans son bassin versant. Des pistes cyclables ont été aussi aménagées le long du tracé.

En prenant en compte la grande diversité des quartiers de Saint-Servan à Paramé, un herbier imaginaire pourrait mettre en valeur le patrimoine de verdure que composent les espaces verts des parcs et jardins de Saint-Malo. Une étoile verte relierait grands corridors naturels, vallées et jardins convergeant vers la cité corsaire. À terme, il serait possible de se promener en cheminant de jardin en jardin : jardins paysagers, maritimes, nourriciers — dans la continuité des actuelles stations gourmandes — pour rejoindre le parc de la Briantais ou le parc de Port-Breton à Dinard. En somme, un programme d’aménagement paysager assez proche du collier d’Emeraude déployé par la ville de Boston.

Saint-Malo des Indes, un centre mondial de R&D de haute technologie à l’image de Boston sur la côte est des États-Unis ? La forte concentration d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche explique le surnom de Boston, l’« Athènes de l’Amérique ». Le tissu créatif des PME locales allié à l’écosystème de recherche et d’enseignement supérieur sur la côte d’Emeraude disposent de leviers de rayonnement et d’attractivité régionale importants pour recréer une relation avec l’océan indien (French Tech Maurice, technopole de La Réunion).

Ces deux locomotives peuvent attirer des fabricants internationaux de premier plan et les encourager à s’enraciner dans des technologies d’avenir. Le tout en combinant avec les chaînes industrielles locales des pôles de recherche et de développement coopératifs. Ce système de coopération pour la recherche, la co-création et le développement contribuera à diriger nos territoires dans le nouvel océan bleu de l’aménagement industriel.

Kevin LOGNONÉ

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