Pourquoi Lula n’est pas accusé de « lèche-cul » ? 

LIBRE EXPRESSION

Donald Trump a accusé Macron de lécher le cul de Xi Jinping. Ce sont des propos indignes exprimés par un homme d’État dangereux. Pourquoi? 

Déjà, en avril 2017, il s’était distingué, en recevant XI Jinping. A l’instant du repas, il donne l’ordre de bombarder la Syrie. Plus tard, il se vante de l’avoir fait au moment de « déguster la plus grosse part de gâteau au chocolat ». Je vous laisse le soin de faire le lien entre lécher le cul et la cuillère chocolatée… Selon lui, son hôte est resté « stoïque » lorsqu’il l’a informé de son exploit. Certainement une différence d’appréciation de la fonction présidentielle, du sens de l’hospitalité et de la responsabilité envers l’avenir. Nous sommes en 2023 et la Syrie est toujours debout,  mais avec une base militaire US illégale sur son sol. 

C’est sous la présidence de Trump que, le 19 février 2020, au Qatar, les Talibans ont été élevés au rang d’interlocuteur privilégié. Exit le pouvoir légitime afghan. Par quelle magie, l’ennemi de 20 ans était devenu fréquentable? La vérité éclate, 5 mois plus tard, le 23 juillet 2020, à la Bibliothèque présidentielle et musée Richard Nixon. La guerre contre le Parti communiste chinois a été consacrée. Ce jour-là, le secrétaire d’Etat de Trump, équivalent du ministre des Affaires étrangères, déclare : « Écoutez, il faut se rendre à l’évidence. Nous devons admettre une vérité douloureuse qui doit nous guider dans les années et les décennies à venir. En effet, si nous voulons un 21e siècle libre, et non le siècle chinois dont rêve Xi Jinping, l’ancien paradigme du dialogue aveugle avec la Chine ne nous conduira tout simplement à rien. Nous ne devons pas continuer et nous ne devons pas y revenir. » Les diatribes anti-chinoises découlent de cette profession de foi. 

Aujourd’hui, Trump n’est pas au pouvoir mais la nouvelle doctrine de politique étrangère des Etats-Unis est le guide pour des « décennies ». Pour réussir, il faut empêcher l’Union européenne de devenir une 3e force, puis il faut l’enrôler dans un affrontement de bloc contre la Chine. Cependant, depuis, le mois d’août 2022, certains responsables européens ont pris conscience du piège. Ils ont dénoncé le vote de l’IRA (Inflation Réduction Act) doté d’une frappe budgétaire de 400 milliards, une arme de destruction massive de l’industrie européenne. L’explosion des gazoducs Nord Stream mesure la détermination du commanditaire de décider à la place des Européens. C’était un investissement coûteux. 

Dans ce climat de méfiance, peut-être que Macron s’est rappelé comment Biden a chipé le gros contrat australien signé avec la France en 2016, visant à construire 18 sous-marins pour un montant de 56 milliards. L’annonce de la rupture unilatérale du contrat a été faite le 15 septembre 2021, soit un mois exactement après le retour des Talibans à Kaboul. Mieux, une nouvelle coalition militaire a été créée, comprenant l’Australie, la Grande Bretagne et les Etats-Unis (AUKUS). La France en est exclue. Toute cette manigance a été conclue, en juin 2021, au sommet du G7, en Cornouailles. Macron était présent, tout sourire, serrant des mains, ignorant le poignard pointé dans le dos de la France. Ce « gentlemen agreement » se passe entre puissances soi-disant « alliées » dans l’OTAN.

Ainsi, 2 mois avant l’entrée des Talibans à Kaboul (15 août 2021), les 3 pays anglo-saxons s’occupaient de la guerre contre la Chine. La France en a fait les frais et les propos de Macron ont eu une résonance particulière. La violence contenue dans l’expression de Trump, « lécher le cul de Xi Jinping » pourrait signifier que les Etats-Unis n’apprécient pas d’avoir été démasqués en Europe. En comparaison, le président du Brésil n’a pas reçu les mêmes amabilités alors qu’il appelle à la fin de l’hégémonie du dollar. Lula et Xi se retrouveront au sommet des BRICS, en Afrique du Sud, dans 2 mois. Les dirigeants américains, de Trump à Biden, feront-ils le décompte des lèche-culs du président chinois? 

Ary YEE-CHONG-TCHI-KAN

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