ÉMISSION SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
Une émission sur les réseaux sociaux organisée par le QG Zazalé a réuni ce mercredi soir 26 avril des membres du Collectif Stop Uwambushu Mayotte (CSUM). L’occasion de mieux appréhender la vision d’une partie de la société civile comorienne sur l’opération militaire française « Wuambushu ».
Sur le terrain, le lancement de l’opération baptisée « Wuambushu » patine. L’opération militaire et policière menée par la France vise à lutter contre l’immigration clandestine et l’habitat insalubre à Mayotte à travers la destructions de bangas et l’expulsion massive de sans-papiers. En début de semaine, la Justice a suspendu provisoirement l’évacuation du bidonville de Talus 2, à Majicavo. L’opération devait avoir lieu mardi 25 avril au petit matin. Le préfet a fait appel de la décision. La veille, l’Etat comorien avait décidé de refouler des bateaux qui renvoyaient des expulsés de Mayotte à leur arrivée au port de Mutsamudu sur l’île d’Anjouan.
Dans une tribune parue le 26 avril dans le quotidien Libération, une centaine de personnalités et de collectifs (dont le CSUM) affichent leur opposition à l’opération « Wuambushu« . Celle-ci témoigne, selon eux, d’un « durcissement autoritaire du gouvernement ». Ils alertent sur « le déferlement de violences » qu’elle risque d’entraîner.
Ne pas réduire la perception de la réalité
Sur cette situation délicate, dans une île que l’ONU ne reconnaît pas comme un territoire français, plusieurs points de vue se croisent et s’entrechoquent : celui de la France, celui de La Réunion, celui des Comores, celui de Mayotte, celui des associations de défense des droits humains. Avec des intérêts et des contextes tous très différents. Pour ne pas réduire la perception de la réalité, la simplifier ou minimiser le vécu des uns ou des autres, nous faisons le choix, à Parallèle Sud, de partager les différentes prises de positions et analyses. Du moment qu’elles nous semblent pertinentes pour aider à comprendre la situation sur place.
Depuis la semaine dernière, nous avons ainsi mis quatre articles en ligne qui traitent de ce sujet :
— L’article d’un journaliste comorien : [Mayotte] « Wuambushu » : une opération qui inquiète ! (parallelesud.com)
— L’émission sur les réseaux sociaux organisée par le Rond-point 2.0 outremer qui permet d’appréhender la situation du point de vue de Mahorais qui vivent sur place : L’opération « Wuambushu » vue par des Mahorais sur place (parallelesud.com)
Société civile comorienne
— Un article connexe qui parle des évacuations sanitaires entre La Réunion et Mayotte, du point de vue de la Cimade : [Evasan Mayotte/Réunion] Un système raciste (parallelesud.com)
— Un texte cosigné par plusieurs associations dont la Ligue des Droits de l’Homme, les Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), le Syndicat des avocats de France (SAF) et le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) : [Mayotte] Il est urgent d’y rétablir le droit.
Cette semaine, une nouvelle émission a été organisée sur les réseaux sociaux, cette fois-ci par le QG des Zazalé basé au Tampon. Parallèle Sud a participé en posant quelques questions aux côtés d’un autre journaliste de Maurice, Stéfan Gua, du média Rising Ocean. Les échanges ont permis de cerner cette fois le point de vue d’une partie de la société civile comorienne sur cette opération.
Elle est à revoir en replay ici :
Parmi les invités, le professeur Mohamed Nabhane, le porte-parole du Collectif Stop Uwambushu Mayotte (CSUM). Nadia Tourqui, référente du CSUM à Moroni. Mabadi Ahmedali, coordinateur du CSUM. Mais également Jean Jacob Bicep de l’Union populaire pour la libération de la Guadeloupe (UPLG) et Paco Iskandar de la Team DK (Guadeloupe).
Solutions pacifiques
Les discussions approfondissent la complexité de la situation actuelle, l’accroissement progressif des restrictions de circulation entre les îles. Les invités reviennent sur les liens qui unissent les familles vivant sur les quatre îles de l’archipel et sur la nécessité de rétablir un dialogue pour trouver des solutions pacifiques. Ils rappellent l’histoire de l’archipel, évoquent la déstabilisation politique aux Comores organisée par la France après l’indépendance. Ils craignent l’aggravation de violences avec des mineurs que la France a abandonnés et n’a pas pris en charge sur son territoire, « organisant sa propre délinquance ».
Jéromine Santo-Gammaire