ÉPISODE 5 DE L’ODYSSÉE RÉUNIONNAISE : APNÉE, LE CALME AVANT LA DESCENTE
Le samedi de décembre 2024, le soleil brûle dans la piscine municipale du Port. Pour les championnats régionaux d’apnée, une petite quarantaine de personnes sont présentes, pourtant, le silence règne.
Sous les arbres, certain.e.s sont allongé.es, d’autres assis.e.s. L’heure est à la préparation mentale. Visualiser son corps des orteils jusqu’au crâne, s’imaginer être dans un endroit que l’on aime et qui nous fait du bien ou bien encore compter jusqu’à cent, voici les techniques des compétiteurs pour se détendre le plus possible avant d’entamer les épreuves. Sur le papier, faire de l’apnée, c’est s’immerger dans l’eau, retenir sa respiration le plus longtemps possible et remonter lorsque l’on est à bout, avec sa part d’angoisse et de mystère liée au repoussement des limites du corps humain. En réalité, et ce que je vais comprendre à la rencontre de tous ces apnéistes, c’est que dans cette pratique, rien n’est laissé au hasard. Rigueur, technique, sécurisation, bien-être et apaisement mental, voici les maitres mots de cette discipline encore peu connue.
Pour ce nouvel épisode de podcast, je suis partie à la rencontre de celles et ceux qui retiennent leur respiration pour explorer les limites humaines et la beauté du monde sous-marin. Celles et ceux, qui pratiquent l’apnée.
Alors qu’elle sort tout juste du petit bassin, et qu’elle vient de battre son records de temps à l’épreuve de statique, je rencontre Marie. Ce jour la, elle participe à sa première compétition d’apnée. Elle m’explique comment tout a commencé.
Vieille de plusieurs millénaires, la pratique de l’apnée a pendant longtemps servi à la pêche sous-marine, ou la récolte de perles, notamment au sein des cultures japonaises ou polynésiennes. A partir des années 40, les premiers records de profondeurs ont été battus et se sont enchaîné vers des exploits toujours plus vertigineux. En septembre 2024, un apnéiste russe est descendu jusqu’à 125 mètres de profondeur avec poids et palmes, dépassant ainsi un nouveau record mondial. Pour autant, la pratique de l’apnée, ne se résume pas à la descente sur câble en mer, comme en témoigne les épreuves proposées lors des championnats régionaux du Port. Marie m’explique quelles sont les différentes disciplines pratiquées ce jour la.
Aujourd’hui, la pratique de l’apnée encadrée ne se résume pas à l’exploration sous-marine et la pratique sur câble, comme en témoignent les disciplines proposées le jour de la compétition.
Apprendre à se relâcher, c’est un des apprentissages fondamentaux de l’apnée. Thuy-Lan Nguyen fait partie de ces personnes qui ont un lien particulier avec l’eau, comme élément. Kinésithérapeute-masseuse de métier, elle pratique des soins dans l’eau, convaincue des bienfaits thérapeutiques d’associer la médecine douce avec la puissance de cet élément. Titi, comme elle se fait surnommée, a créé son club d’apnée, l’Effet mer. Ce qu’elle a tout de suite aimé dans l’apnée, c’est l’exigence de faire le vide dans sa tête et se connecter à ses sensations corporelles, pour progresser.
Pour mettre des images, des sons et des sensations sur ce que me racontaient Marie et Titi, j’ai rejoint l’équipe d’apnéistes de l’Effet-mer pour une sortie d’apnée en pleine mer. A 13 sur le bateau, nous parton, du port de Saint Gilles, en direction du large, à la recherche d’un spot ou on ne voit plus le fond. Dans le groupe, deux personnes font leur première session en mer, et trois leur baptême d’apnée, dont Marion.
A l’abri du courant, pas un nuage à l’horizon, les conditions sont bonnes pour commencer par une session d’apnée sur câble. Titi prépare le matériel.
Aussi bien magique et bénéfique que la pratique de l’apnée peut être, elle n’est pas sans risques. Pour le corps humain, stopper la ventilation et donc l’apport en oxygène peut aboutir à des pertes de connaissances momentanées, dont la plus fréquente en apnée est la syncope hypoxique. Généralement sans gravité, elle ne dure que quelques seconde ou l’apnéiste perd connaissance, mais si elle survient sous l’eau comme à la surface, le risque de noyade existe, d’où l’importance de ne jamais pratiquer cette discipline seul. Titi insiste sur cet aspect sécuritaire.
Lorsque l’apnée est réalisée dans de bonnes conditions, comme l’explique Titi, les risques causés par une syncope sont minimes. Le tout, est d’être entouré, pour observer en toute sérénité ce qui nous entoure.
Popularisée dans l’œuvre mythique de Luc Besson, le Grand Bleu, sorti en 1988, la pratique de l’apnée s’est aussi présenté comme une discipline nous permettant à nous, humains, d’explorer le monde sous-marin, et peut-être, par chances, d’y rencontrer ses habitants. A la Réunion, ces rencontres se transforment souvent en belles histoires à raconter. Comme Jacques Mayol dans le Grand Bleu, Marie a déjà eu la chance de croiser des dauphins lors d’une session d’exploration. Titi aussi, a un intérêt tout particulier pour les animaux.
Véritable immersion dans un monde silencieux, ou la sérénité est reine, l’apnée, permet, pendant quelques secondes ou quelques minutes, de faire corps avec le monde aquatique, et de se prendre pour un de ses habitant. Sous l’eau, c’est un voyage mental et physique, poétique et thérapeutique, qui débute, et qui donne généralement l’envie d’y retourner.
Cet épisode de podcast a été réalisé par Sarah Cortier
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