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Koffi Azoumah ou la pierre sacrée des guins

LIBRE EXPRESSION

La vie, ce grand voyage, nous réserve parfois des rencontres qui illuminent notre chemin comme des pierres précieuses, rares et inestimables. Parmi ces trésors, j’ai eu la chance de croiser Koffi Azoumah. Toujours souriant, avenant, et doté d’une grande patience, il exerce ses fonctions avec un calme et une bienveillance qui inspirent. Mais ce n’est qu’en entendant cet accent singulier que ma curiosité s’est éveillée. « Je suis Togolais », m’a-t-il dit avec un regard brillant, et soudain, son histoire m’a transportée.

Koffi est né dans ce petit pays niché entre le Ghana et le Bénin, où ses ancêtres reposent. Une terre de contrastes où chaque souffle du vent raconte une histoire ancienne. Jadis berceau de royaumes puissants comme celui des Mina ou des Éwé, il a vu ses terres foulées par les colons allemands, français et portugais, avant de conquérir son indépendance en 1960.

Sa richesse réside autant dans ses paysages – plages dorées, montagnes verdoyantes, forêts tropicales et ressources importantes de phosphate – que dans son peuple, un kaléidoscope d’ethnies unies par des valeurs ancestrales de respect et de travail.

« Au Togo, le « savoir-vivre ensemble » est une réalité à la tolérance et à l’harmonie » m’explique-t-il. Dans ce pays où se côtoient chrétiens, musulmans, et adeptes des religions traditionnelles africaines, la diversité religieuse n’est pas une source de division, mais au contraire un pilier de la cohésion sociale. Ainsi, il est fréquent qu’un Togolais commence sa journée à la mosquée et la termine dans une église, illustrant cette fluidité spirituelle unique. Les fêtes religieuses, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes, sont souvent célébrées par tous, et les mariages interreligieux restent courants dans certaines régions.

Cette coexistence pacifique est ancrée dès l’enfance : à l’école, les jeunes apprennent non seulement l’histoire de leur propre pays, mais aussi celle des cultures africaines et occidentales, développant une ouverture d’esprit qui transcende les frontières.

Koffi me raconte avec fierté que cette éducation a forgé son amour pour les langues et les cultures. Après avoir appris le français qu’à l’université, il parle cette langue avec une élégance rare, capable de me réciter le poème « Demain, dès l’aube… » de Victor Hugo avec une émotion palpable. Un trouble que j’ai eu du mal à cacher car c’était le poème préféré de mon père…le hasard n’existe pas !

Mais ce qui l’émeut encore plus, c’est le souvenir de son grand-père maternel : cet homme, qui ne savait ni lire ni écrire, mais capable avec une poignée de sable portée à son oreille de prédire les pluies.

Ce mélange d’héritage ancestral et d’ouverture au monde est au cœur de l’identité togolaise. Une identité profondément enracinée et résolument tournée vers l’avenir. Le Togo prouve que la paix n’est pas seulement un idéal, mais une réalité vécue au quotidien grâce à un respect mutuel cultivé depuis des générations.

Banquier de profession, Koffi Azoumah ne se contente pas de chiffres : il consacre son temps libre à aider les jeunes en difficulté dans le cadre du programme Seconde Chance. Il leur enseigne non seulement des compétences pratiques mais aussi la force de croire en leurs rêves.

Avant de nous quitter ce jour-là, il m’a offert un dicton qui résonne encore en moi en écho : « Visez toujours la plus belle étoile car même si vous tombez, vous atterrirez dans les nuages ».

Ces mots sont une invitation à l’audace et à l’espoir de la jeunesse togolaise que Koffi incarne et qu’il veille à transmettre à ses enfants « au Togo, le travail rime avec excellence ». C’est la raison pour laquelle les Togolais expatriés occupent souvent des fonctions dans les hautes technologies, la recherche et le domaine médical. D’ailleurs le pays a noué des alliances stratégiques avec l’Israël (armement de pointe) et la Chine (investissements dans les infrastructures et équipements).

Mais bien au-delà des aspirations politiques, économiques et sociales portées par « la Suisse de l’Afrique », je garde en mémoire que la vie s’illumine de ces instants précieux et rares où l’on rencontre des âmes d’exception. Merci à Koffi.

Frédérique Welmant

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Koffi Azoumah et les pierres

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