Déraciné par Garance, le tamarin dodo n’est plus.

Le Tamarin Dodo, arbre emblématique de La Réunion âgé de 400 ans, a été déraciné par le cyclone Garance le 28 février 2025. Fragilisé par la déforestation et les parasites, ce géant des Hauts disparaît, emportant avec lui une part du patrimoine naturel de l’île.

Rando Pitons, Visorando, Randoréunion, Carte de La Réunion, Département de La Réunion… nous incitent toujours, sur internet, à aller rendre visite au fameux Tamarin Dodo.
Pour s’y rendre, depuis Bourg-Murat, prendre la route forestière du Volcan en direction du Piton de la Fournaise. Après les fermes et un grand parking à droite, sous les cryptomérias, poursuivre jusqu’au panneau de Piton Sec. Tourner à gauche et rejoindre le Piton Guichard. Se garer, 550 m plus loin, dans un virage à gauche en angle droit. Le sentier débute à droite de ce virage, sous les cryptomérias. En sortant de la forêt, prendre tout de suite à gauche et longer le pâturage jusqu’au bout du chemin.

Dans un bosquet, on ne peut pas rater le Tamarin Dodo, avec son tronc imposant et ses branches torturées, à quelques mètres de la clôture. Il est facile de le reconnaître car il est beaucoup plus grand et beaucoup plus large que les arbres qui l’entourent. C’est une curiosité naturelle à ne surtout pas manquer quand on marche dans les environs, et qui ne nécessite qu’un détour de deux minutes.
Le Tamarin Dodo est un ancêtre, né certainement avant l’arrivée des hommes sur l’île. Il a sans doute connu les dodos s’ils vivaient là (ce n’est pas l’origine de son nom, qui proviendrait du surnom d’un des propriétaires de l’endroit), ou les tortues, avant qu’elles ne soient décimées. On estime qu’il est âgé de 400 ans !
C’est un superbe tamarin des hauts, Acacia heterophylla, espèce végétale endémique de La Réunion, emblématique, fournissant un excellent bois d’ébénisterie. Celui-ci est particulièrement remarquable par sa hauteur et sa largeur : il mesure 20 mètres de haut, pour un tronc d’environ 2,50 m de diamètre et 7,50 m de circonférence. Cet arbre est à la limite d’altitude tolérée par l’espèce, qui aime pousser entre 1 200 et 1 900 mètres d’altitude.
Combien de pique-niques ont eu lieu sous son ombre ? Il a même inspiré un atelier d’écriture.
Tout cela fait tristement partie du passé. Le Tamarin Dodo a été complètement déraciné par le cyclone Garance le 28 février 2025.

Encore un pan de notre patrimoine qui disparaît. Pourquoi ? Il vivait dans la tamarinaie, forêt d’altitude, au milieu de ses frères, et cette forêt a été partiellement défrichée pour le développement économique des Hauts, et remplacée par des plantations de cryptomérias dès 1966, puis des pâturages à partir de 1978.
La carte de la végétation de La Réunion montre ce qu’il reste de la végétation tropicale humide de montagne :


Le Tamarin Dodo se trouvait, par malheur, à proximité de la clôture de la prairie, et n’était plus protégé du vent de ce côté par ses anciens congénères, sacrifiés pour la rentabilité.
De plus, il était attaqué par les psylles, une espèce de microcigale qui pique les feuilles et se nourrit de sève, probablement originaire d’Australie, arrivée dans les années 2010. Le voici photographié le 8 août 2022. Il montre des tiges défeuillées et des pertes d’écorce :

Malgré sa taille et son âge, ce monument végétal était bien fragilisé. Les recherches entreprises par le CIRAD et l’Université pour lutter contre les psylles n’ont pas abouti assez tôt pour le sauver. L’ONF, qui gère la forêt départemento-domaniale, n’a pu que couper les grosses branches gênantes. Il aurait sans doute été trop cher et trop difficile de le relever, et sans trop d’espoir de réussite, comme cela a été fait pour les banians du bord de mer de Saint-Denis.

Il nous reste des tamarins spectaculaires : le Roi des Tamarins, âgé de 250 ans, de 20 m de haut, de 4 m de circonférence, avec un tronc droit sur près de la moitié de sa hauteur, dans la forêt des Hauts de l’Ouest ; et la Reine des Tamarins, 300 ans, déjà couchée sur le flanc par un cyclone, dans la forêt de Bélouve.

Nicole Crestey

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