CANDIDATES, CANDIDATS…
4e vice-présidente de la Région, Karine Nabénésa, partie du centre avec Thierry Robert et arrivée à gauche toute aux côtés d’Huguette Bello, se lance dans une nouvelle aventure électorale à la tête d’une liste candidate aux élections municipales à Saint-Leu. L’occasion pour elle de retracer son parcours, 10e enfant d’une famille modeste, elle a gravi les échelons de la fonction publique territoriale et de la scène politique locale.
Comme elle l’a démontré en s’opposant naguère à Didier Robert à la Région, Karine Nabénésa est déterminée à tracer sa route dans un milieu parfois hostile. Ça s’appelait naguère « La Politique Autrement » (LPA). Aujourd’hui c’est devenu « Pour La Réunion » (PLR). Elle se livre à Parallèle Sud au cours d’une heure d’entretien (à écouter sur notre chaîne YouTube). Il est question, de Saint-Leu, bien sûr, mais aussi de transports, du retour de la menace de la carrière de Bois-Blanc, de sexisme, de « politique autrement », de la « bêtise » Macron, etc.
5 questions expresses
En guise d’aperçu, voilà le questionnaire express qui a conclu l’interview :
Quel poste poste ambitionnez-vous d’occuper pour vos 60 ans ?
Tant que je serai alignée avec moi-même et que ce que je fais me fait vibrer, quel que soit ce que je fais en fait, ben je continuerai à le faire.
Votre coin préféré à La Réunion ?
La Plaine des Sables.
Danyèl Waro ou Kaf Malbar ?
Les deux. Un c’est mon enfance, l’autre c’est ma jeunesse et mon monde d’aujourd’hui.
Un mot pour décrire ce qui se passe à Gaza
Ça m’arrache le coeur.
Si vous êtes élue maire de Saint-Leu accepterez-vous de recevoir une présidente de la République d’extrême-droite ?
Si lui ou elle devient président.e, c’est que les Françaises et les Français l’auront choisi et ce sera un accueil républicain.
Morceaux choisis
Pour parcourir l’interview en diagonale avant de le visionner tranquillement, voilà quelques phrases que nous avons retenues.
À propos de son parcours
« Je suis la dernière d’une famille de dix enfants, de parents illettrés, et c’est grâce à une bourse que j’ai pu faire des études. »
À propos de son ancrage saint-leusien
« Saint-Leu, c’est ma famille, j’y ai construit ma maison. Mon fils y est né. Je me suis mariée, j’ai reconstruit ma famille à Saint-Leu. Mes enfants ont été scolarisés à Saint-Leu. D’autres ont scolarisé leurs enfants ailleurs mais moi mes enfants ils sont dans les clubs de foot à Saint-Leu. Je consomme Saint-Leu et donc j’aime Saint-Leu. »
À propos de son soutien à Emmanuel Macron en 2017
« C’était un ministre de gauche. Moi j’y ai cru, à l’époque j’y ai cru, je me suis rendu compte que c’était une grosse bêtise. »
À propos de ses parts au capital de Derichebourg ou de Total Energie
« C’était la période Covid et c’est mon fils qui m’a dit « Maman, ça serait bien que tu prennes des parts et cetera. » Donc, conflit d’intérêt ? pas du tout parce que j’étais sortie de la mairie. Ces actions, 1, ça fait très longtemps que je ne les ai plus. Et 2, je n’ai rien à voir avec ce qui se passe avec les contrats. Je n’ai jamais été conseillère municipale et donc je n’ai jamais été en position de décider des contrats, des concessions»
À propos de la carrière de Bois-Blanc
« La carrière de Bois-Blanc, c’est fini… et ben surprise, l’État… la fait revenir avec un intitulé que chacun appréciera : c’est classé en PIR, projet d’intérêt régional. C’est une proie pour la soif. Ce n’est pas utile dans le schéma des 10 prochaines années, mais ça peut l’être dans le prochain. Donc en fait, on fige le territoire.»
À propos d’écologie
« On a raté, on a raté le coche pour avoir un vrai transport en commun à La Réunion puisqu’on a fait le choix du tout voiture. »
« Refinancer un tram, c’est vraiment le vœu que l’on porte. On a fait des assises de la mobilité et les Réunionnaises et les Réunionnais appellent de tous leurs vœux un transport en commun.
« Saint-Leu est extrêmement fragile et vulnérable. Il faut que l’aménagement soit acceptable. »
À propos de sexisme
« J’avais 23 ans, vous me voyez comme une femme et femme de couleur qui arrive. J’avais une réunion à la préfecture. Ils étaient tous cravatés, des hommes de 30, 40 ans. Je me rappellerai toujours de ce haut fonctionnaire : il m’a regardé, il m’a dit : « Si vous venez pour servir le café, c’est à côté. » »
À propos du débat politique
« Saint-Leu, c’est pas un ring. Et les municipales, c’est pas un concours de testostérone. C’est une vraie responsabilité. En tant que femme, je pense que j’ai une autre vision, une autre manière de faire de la politique. »
À propos du retrait de la liste sur laquelle elle était candidate en 2000
« Ce choix qui a été fait, je l’ai subi puisque c’est la tête de liste qui emporte la liste. Sur cette élection de 2026, j’irai jusqu’au bout pour défendre des positions, pour affirmer des voix et pour prendre toute notre place. »
Interrogée sur Thierry Robert…
« Je ne suis ni dans le spectacle, ni dans la rancœur, ni dans la revanche. Moi, je suis dans une action responsable. Je souhaite ramener le calme, la proximité, l’écoute et une alternative à toutes celles et ceux qui refusent le vacarme. »
À propos des Parcours emploi compétence (PEC)
« Les PEC, c’est un dispositif qui fait vivre des familles. C’est sûr qu’on ne vit pas avec 800 €, mais on survit. On ne peut pas nier cette réalité sociale et être dans le suspense de savoir est-ce qu’ils vont être reconduits ou pas. C’est quand même 10 000 contrats, c’est 10 000 familles. Mais voilà, il faut voir plus loin que le PEC, il faut voir la formation. »
Entretien : Léa Morineau et Franck Cellier
⚠︎ Cet espace d'échange mis à disposition de nos lectrices et lecteurs ne reflète pas l'avis du média mais ceux des commentateurs. Les commentaires doivent être respectueux des individus et de la loi. Tout commentaire ne respectant pas ceux-ci ne sera pas publié. Consultez nos conditions générales d'utilisation. Vous souhaitez signaler un commentaire abusif, cliquez ici.