Présidée depuis 2020 par Gilles Elma, l’Ufolep de La Réunion (Union Française des Œuvres Laïques d’Éducation Physique) milite pour un sport accessible à tous, loin des logiques de performance ou de profit. Mais à l’heure de la baisse des financements publics, le modèle associatif est sous pression.
Le sport autrement
« Tous les sports autrement » tel est le slogan de Ufolep qui prend tout son sens dans la bouche de Gilles Elma. Président du comité départemental depuis 2020, il milite au sein du mouvement depuis près de trente ans. À La Réunion, 55 associations y sont affiliées et 1 290 licenciés, qui pratiquent aussi bien la randonnée, la gymnastique, le sport de combat que le tchoukball ou le cerf-volant. La fédération promeut une pratique inclusive « avec ou sans compétition ».
« Le but, c’est de permettre l’accès au sport pour tous, quel que soit l’âge, le sexe, le niveau social », insiste Gilles Elma. Depuis plusieurs années, l’Ufolep investit également des dispositifs d’insertion comme les « parcours citoyens sportifs », et propose des formations au BAFA, aux premiers secours (jusqu’à 1 500 personnes), ou encore aux CQP (certificat de qualification professionnelle).
Des événements ouverts à tous
Au-delà des formations, l’Ufolep de La Réunion organise de grandes manifestations ouvertes aux non-licenciés, comme la Fête de la randonnée au volcan – près de 500 randonneurs chaque mois de novembre – ou le Somin Grand Raid, une randonnée solidaire de 20 km sur le dernier tronçon du Grand Raid. « Beaucoup de trailers disent qu’ils ont pu terminer leur trail grâce aux encouragements des randonneurs », raconte le président.
En septembre 2025, un nouvel événement viendra enrichir cette dynamique : le Trail Autrement. Pensé par des trailers membres du comité, il veut se démarquer des courses traditionnelles. « C’est de plus en plus cher, il y a comme une sorte de course au profit des organisateurs. Nous, ce qu’on veut, c’est un trail sans pression, avec bonifications pour ceux qui viennent en vélo ou en covoiturage, sans classement élitiste. C’est le sport bien-être, le sport partage, le sport convivialité », précise-t-il.
Une situation budgétaire tendue
Comme souvent dans les associations, la question du financement est cruciale. Avec un budget annuel avoisinant les 450 000 euros, l’Ufolep vit surtout des subventions publiques et des revenus issus des formations. « Les cotisations des licenciés représentent à peine 12 à 16 % de notre budget », rappelle le président. Or, « les subventions des collectivités n’augmentent pas, voire baissent […] On est un peu en situation critique. On réfléchit à réorienter nos actions ».
Certaines actions sont fragilisées ou directement menacées. « On a atteint 1 500 formés par an, mais maintenant on est obligé de passer uniquement par nos salariés agréés. On va devoir en faire moins. Donc moins de sous qui rentrent ». Le parcours citoyen qui repose sur l’appui de la ville de Saint-Paul et de bailleurs sociaux est lui aussi sous surveillance : « S’ils diminuent les moyens, on sera obligés de renoncer ou de réduire la voilure ».
Une mission sociale à préserver
Pour Gilles Elma ce sont bien plus que des activités sportives qu’il faut défendre car « L’État ne peut pas tout faire. Le mouvement associatif, les associations, l’UFOLEP, l’USEP, la Ligue de l’enseignement, sont des leviers indispensables pour canaliser cette situation sociale tendue, en permettant l’inclusion par le sport et la formation. » Et d’alerter « Il ne faut pas abandonner le mouvement associatif. On a notre rôle à jouer et on doit être soutenus dans ce rôle-là. »
Aujourd’hui, ce sont 5 salariés qui permettent à la structure de réaliser les actions au côté de la cinquantaine de bénévoles réguliers. Si l’Ufolep peut compter sur eux, le vivier vieillit. « Un jour, ils vont arrêter. Et derrière, il n’y a pas grand monde ». Il est donc nécessaire de toucher un jeune public.
Le comité tente de renforcer sa communication vers les jeunes : « On a Facebook, un site, et on est en train de travailler avec un ancien salarié qui nous aide à être plus présents sur les réseaux sociaux ». Mais son image reste associée à celle d’un public plus âgé : « Comme beaucoup d’associations aujourd’hui », admet-il.
Depuis près de 50 ans l’Ufolep de La Réunion propose un autre modèle de sport qui soit accessible, convivial et vecteur d’insertion. Face aux incertitudes budgétaires elle entend garder le cap entre adaptation et créativité. Elle fait partie intégrante du paysage réunionnais de l’éducation populaire et son évolution sera liée aussi bien aux aspects financiers qu’à sa capacité à attirer les jeunes.
Texte : Jean Fauconnet
Photos et vidéo : Etienne Satre
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