La campagne sucrière en cours laisse présager de résultats historiquement bas. Alors que la production est en berne depuis plusieurs années, c'est l'avenir et l'évolution de cette filière agricole qui posent question.
Le couperet n'est pas encore tombé. Mais les prévisions ne sont guère optimistes. La campagne sucrière en cours sera très probablement pire que celle de 2024. "Nous faisons face à une succession de mauvaises campagnes, s'inquiète Olivier Fontaine, président de la chambre d'agriculture. Mais l'année 2025 est plus que catastrophique et nous aurons moins d'un million de tonnes de cannes produites à La Réunion." Depuis cinq ans, le marasme guette cette filière clé de l'agriculture réunionnaise : en 2020, 1,5 million de tonnes avait été livrée aux usines pour chuter à 1,3 million en 2022 et 1,13 million en 2024.
Ces chiffres peu engageants dessinent une trajectoire qui inquiète les planteurs sur leur avenir. "Il faut que les agriculteurs se réveillent, prévient Jean-Bernard Maratchia, conseiller régional et exploitant agricole à Saint-Pierre. C'est vrai qu'il y a des problèmes de main d'œuvre sur l'île mais, malgré tout, on ne produit plus assez. Nous devons aussi prendre nos responsabilités car il pourrait y avoir des conséquences." Conséquences qui pourraient aller jusqu'à la fermeture d'une des deux usines sucrières, actuellement surdimensionnées. Dominique Clain, président du syndicat UPNA (Unis pour nos agriculteurs) Coordination rurale, partage lui aussi ce pessimisme. Et pointe du doigt les revenus trop faibles perçus par les professionnels du monde agricole pour expliquer ce déclin rapide. "La filière est en train de mourir. Le modèle n'est plus adapté. On vit plus de l'aide de l'Etat que du produit de notre travail. Il faut revoir le prix de la tonne de canne à la hausse. Si les subventions s'arrêtent, il va y avoir de la casse. "

