Entre Mafate et la Drôme, Le Ballet d’Augustine de Florence Stevenson raconte la reconstruction : celle d’une enfant à la vie déchirée par un cyclone, celle d’un étalon orphelin, et celle de deux femmes qui, entre deux terres et deux existences, trouvent auprès des chevaux un nouveau chemin.
Lauréat du prix du roman Femme Actuelle, Le Ballet d’Augustine trace un cercle vertueux au croisement de l’éthologie et de l’enfance maltraitée, de la gémellité et de l’abandon, de la passion et de la connexion.
Florence Stevenson, qui a vécu vingt ans à La Réunion, confie garder « un attachement profond à la nature et à la beauté de l’île ». Quand elle se lance dans l’écriture de son premier roman, c’est naturellement à Mafate qu’elle ancre les premières pages. Un jour de cyclone, Augustine y perd sa famille, sa maison, ses repères… et sa voix.
L’enfant est envoyée dans la Drôme, où deux sœurs l’accueillent dans un haras. L’une, Jeanne, soigne les humains en souffrance à l’aide des chevaux. L’autre, Adrienne, s’occupe des animaux meurtris. Un jeune étalon, Verdi, deviendra le miroir d’Augustine.
Entre réalité et fiction
Le Ballet d’Augustine avance en équilibre entre le réel et l’maginaire.
Côté vérité : l’autrice confirme la gémellité, l’installation dans la Drôme, la formation en éthologie, la justesse des notions scientifiques, la détresse des enfants et la création d’un lieu où humains et chevaux se réparent mutuellement. Comme dans son roman, Florence Stevenson partage un domaine équestre avec sa sœur jumelle, Brigitte. Ensemble, elles y ont créé une association, Cheval d’Espoir, qui propose des séjours de rupture et de médiation équine.
Côté fiction : les personnages qui offrent l’arc narratif de l’histoire. Dans cette galerie inventée, une douleur réelle demeure pourtant, celle du suicide d’un enfant, conséquence d’une décision administrative aveugle. Un dossier mal traité. Un dossier maltraitant.

Dix ans sur le domaine, à comprendre des chevaux compliqués, à observer sa soeur accompagner des enfants qui le sont tout autant, et l’autrice a senti qu’il fallait transmettre, témoigner, et qu’un roman aurait sans doute plus d’impact qu’un essai. « J’avais tout ça sous les yeux. Ces chevaux, ces enfants, ce lieu. Alors j’ai commencé à écrire tous les soirs, comme un journal ».
Sous l’impulsion d’une amie, elle s’inscrit à une masterclass d’écriture avec Éric-Emmanuel Schmitt, transforme le journal en roman, écrit, réécrit, affine. Le processus dure 3 ans.
Puis un soir, sur la plate-forme Éditez-vous, elle envoie son texte à Femme Actuelle pour participer au prix du meilleur roman. Quatre mille manuscrits, quatre finalistes. Elle en fait partie. Le roman reçoit le Prix des lectrices et trouve doucement son public. Il est maintenant en lice pour le Prix littéraire 30 Millions d’Amis, surnommé le Goncourt des animaux.
Les chevaux comme passeurs
Ce livre n’est pas un roman sur l’équitation. C’est un roman sur la connexion.
Florence Stevenson y décrit l’« interaction vertueuse » qui avec un peu d’écoute et de patience s’installe entre le cheval et l’humain, pour permettre à chacun d’apprendre de l’autre.
Formée à l’éthologie, elle sait qu’il est un partenaire sensible, capable de confier sa vie, de lire nos émotions, de les apaiser. « La relation avec le cheval, dit-elle, c’est une connexion de cœur à cœur, d’âme à âme. »
Dans cette relation sans jugement, l’équidé est un guide, un partenaire, un complice. Il aide à guérir ce que les mots ne savent pas dire.
Le Ballet d’Augustine est un roman sensible, un maillon de transmission. Entre Mafate et la Drôme, entre un étalon et une enfant, entre le deuil et la tendresse, Florence Stevenson a écrit une histoire qui apaise.
Un récit sur l’attachement, la gémellité, la résilience et cette mystérieuse alchimie où la vie, parfois, se remet à respirer grâce au souffle des chevaux.
Anouk
Contribution bénévole
Le Ballet d’Augustine, Florence Stevenson — Éditions Les Lauréats, 18,95 € (broché), 13,99 € (ebook)

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