À propos de Paul Junot et de la direction de la BNP Parisbas

LIBRE EXPRESSION

Lorsqu’une institution se livre à des malversations avérées (et par ailleurs condamnées), il est curieux (et hélas trop fréquent) que le châtiment s’abatte sur celui qui les dénonce…

La menace de licenciement dont Paul Junot est l’objet de la part de la direction de la BNPParisbas, et que plusieurs médias réunionnais ont eu la pertinence de faire connaître, relève de cette indécence dégradante qui caractérise trop souvent le monde des affaires et les milieux bancaires, peu respectueux dans leur pratique de la déontologie qu’ils affichent publiquement au gré de leurs campagnes de communication.

Si les petits clients sont souvent, hélas, les otages vulnérables des ambitions de profit sans limite de la part d’actionnaires insatiablement cupides, le personnel lui-même, à tous les niveaux hiérarchiques, est l’objet d’injonctions indispensables à la dissimulation des trahisons les plus criantes de la probité des affaires, de l’éthique professionnelle et du respect humain.

Depuis toujours défenseur de la dignité des salariés au travers notamment d’une action syndicale continue, Paul Junot est réputé être un homme d’une droiture exemplaire et d’une responsabilité sans faille dans ses diverses implications sociales.

Il faut ajouter que ses engagements ne l’ont jamais éloigné de sa fidélité et de sa parfaite loyauté à l’égard de son employeur qu’il sert depuis près de 40 années, et même précisément lorsque celui-ci viole ses propres règles, portant gravement préjudice à ses clients comme à ses collaborateurs eux-mêmes. Lancer une mise en garde est alors de l’ordre de la fidélité et de l’exigence morale les plus élémentaires. En regard de l’éthique qu’il se prévaut d’afficher, un établissement bancaire aussi important qu’est la BNPParisbas devrait s’honorer de la collaboration d’une personne de la qualité de Paul Junot, dont le courage de lanceur d’alerte, toujours intelligent et modéré, est propre à contribuer au redressement d’une image passablement dégradée. L’intérêt collectif requerrait qu’il soit écouté et que soient écartées les pratiques dénoncées qui se révèlent à terme profondément nuisibles à la notoriété de l’entreprise incriminée.

Lors du conflit de l’ARAST en 2011-2012, on se souvient sans doute de la solidarité sans faille manifestée par le syndicaliste Paul Junot à l’égard des grèvistes de la faim. À l’époque, ses prises de position ont forgé sa renommée. Sa détermination est demeurée intacte, le conduisant à mener en toute tranquillité des combats dont la constance et la cohérence forcent le respect. Son altruisme vivace lui fait dire que n’importe qui, à sa place, pourrait faire de même !

Les relations établies avec Paul Junot constituent une expérience humaine de valeur, inspirant à chacun l’honnêteté et le courage de se prévaloir en toute circonstance d’engagements tenaces et pacifiques, au service des plus démunis et des plus fragiles dans le monde du travail. La confusion de ses détracteurs devrait les conduire à une réflexion fondamentale à propos des manipulations dont ils ont eux-mêmes été l’objet…

Dans sa résolution à rétablir contre vents et marées la réputation de son établissement, gravement entachée par des pratiques dirigeantes et managériales parfaitement inconvenantes, j’éprouve à l’égard de Paul Junot une estime et une admiration profondes. Au coeur des présentes circonstances, son éviction déshonorerait l’institution à laquelle il a si longtemps consacré sa vie professionnelle.

Arnold Jaccoud

Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.

A propos de l'auteur

Arnold Jaccoud | Reporter citoyen

« J’agis généralement dans le domaine de la psychologie sociale. Chercheur, intervenant de terrain, , formateur en matière de communication sociale, de ressources humaines et de processus collectifs, conférencier, j’ai toujours tenté de privilégier une approche systémique et transdisciplinaire du développement humain.

J’écris également des chroniques et des romans dédiés à l’observation des fonctionnements de notre société.

Conscient des frustrations éprouvées, pendant 3 dizaines d’années, dans mes tentatives de collaborer à de réelles transformations sociales, j’ai été contraint d’en prendre mon parti. « Lorsqu’on a la certitude de pouvoir changer les choses par l’engagement et l’action, on agit. Quand vient le moment de la prise de conscience et qu’on s’aperçoit de la vanité de tout ça, alors… on écrit des romans ».

Ce que je fais est évidemment dépourvu de toute prétention ! Les vers de Rostand me guident : » N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît – Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit – Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles – Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! » … « Bref, dédaignant d’être le lierre parasite – Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul – Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! » (Cyrano de Bergerac – Acte II – scène VIII) »
Arnold Jaccoud