A quand un prof de français pour le lycée ?

LETTRE AU RECTEUR


Depuis la rentrée 2023, le Président de la République Emmanuel Macron a dégagé des moyens conséquents pour faire du remplacement des professeurs absents une priorité du gouvernement. L’Education nationale affirme ainsi sur son site internet que “ La question du remplacement des enseignants absents constitue une préoccupation majeure du ministère chargé de l’Éducation nationale. Priorité ministérielle, elle touche à la continuité et à la qualité du service public et cela nécessite que tout soit mis en œuvre pour remplacer les enseignants absents, quelle que soit la durée de leur absence. Cette exigence est d’autant plus forte que toute absence non remplacée a des effets immédiats sur les apprentissages des élèves et constitue une source d’inégalités.”

Derrière ces annonces, se cache une tout autre réalité à l’île de la Réunion. Nous, parents d’élèves de la classe 105 du Lycée Marguerite Jauzellon à Saint Denis – Bellepierre, souhaitons attirer votre attention sur une situation très pénalisante pour nos enfants du fait de lacunes dans l’enseignement du français.

Nous avons noté les faits suivants :

En classe de seconde, le professeur de français a été absent toute la seconde moitié de l’année scolaire sans remplacement ni aucun soutien aux élèves.

A la rentrée 2023 en classe de Première, absence du professeur de français, remplacé au bout d’un mois par un contrat précaire dont le titulaire a fait défaut après 15 jours d’enseignement. Ces signalements et nos préoccupations ont été transmis à la direction de l’établissement et au rectorat (réunion parents-professeurs, mails, rencontres) sans constat d’une quelconque avancée : à ce jour nos enfants n’ont eu que quinze jours de cours.

Aussi, nous, parents, sommes consternés par le non-respect du volume horaire imposé par l’article 2 du code de l’éducation. Nous nous inquiétons fortement des lacunes accumulées par nos enfants en français et des résultats à attendre du baccalauréat. Au-delà de l’enjeu de l’examen, c’est leur dernière chance d’acquérir un minimum de culture et de maîtrise de la langue française, puisque les cours de français s’arrêtent en fin de première.

Aussi nous vous demandons instamment, Monsieur le Recteur, de consacrer tous les moyens à votre disposition pour recruter de toute urgence un professeur qualifié et de lui assurer un contrat pérenne jusqu’à la fin de l’année scolaire. Si les moyens locaux ne suffisent pas, il est de votre devoir de solliciter le ministère que nous avons également mis en copie de ce courrier afin d’assurer à nos enfants les cours communs obligatoires. Nous savons compter sur votre mobilisation au service de l’avenir de nos marmailles et nous vous en remercions.

Cependant en l’absence d’action concrète au bénéfice de nos enfants, nous envisageons de mobiliser l’opinion publique sur cette situation. En effet, dans notre île qui détient un triste record en termes d’illettrisme, l’enseignement du français devrait être une priorité pour l’académie de la Réunion. Malheureusement force est de constater qu’elle ne parvient pas à assurer ce minimum légal que l’on pourrait attendre de l’éducation française afin de garantir que les jeunes qui sortent du baccalauréat sachent correctement lire, écrire et parler.

Par ailleurs, certains d’entre nous souhaitent également engager une action en justice pour perte de chance et droit aux cours, afin que l’Etat soit contraint à réagir et aussi pour prendre en charge des frais que certains d’entre nous ont ou seront amenés à engager pour compenser les manques de l’éducation nationale (cours privés ou Cned). Tous les parents n’ont en effet pas les moyens d’assumer cette charge.

Avec nos salutations respectueuses,

Le collectif des parents d’élèves de la classe 105 du lycée Marguerite Jauzellon

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Kozé libre

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