hélicoptère

A qui le tour ?

LIBRE EXPRESSION

L’accident d’hélicoptère ULM intervenu ce samedi 5 aout est un véritable choc pour toute la Réunion. La rapidité du déroulé du crash qui n’a laissé aucune chance au pilote venu s’écraser à moins de 300 mètres des premières habitations est tout simplement effroyable.
Nous pensons fortement à la famille de la victime à laquelle nous adressons nos plus sincères condoléances.
Passé ce moment d’émotion, vient maintenant le temps des interrogations sur les circonstances exactes de ce drame, qui ne sont pas encore établies.
En l’état des informations disponibles, il semble pour l’instant que :
1/ la machine était très bien entretenue,
2/ le pilote était aguerri,
3/ le pilote connaissait parfaitement ses trajectoires pour les emprunter très régulièrement, et qu’ainsi rien ne le prédestinait à une telle issue fatale.
Par ailleurs, nous apprenons que ce même type d’ULM a déjà connu 6 accidents mortels depuis 2018 sans qu’aucune explication ne puisse être avancée sur les séparations des portes en vol, les piquages du nez vers le sol, les arrêts du moteur en vol, …

Dans ces conditions, la circonspection est de mise.

Les ULM incontrôlés


Le tourisme et les loisirs aériens motorisés ont été sur-développés à la Réunion au cours des dernières années et parmi les aéronefs qui nous survolent le plus, les ULM de toutes catégories sont particulièrement nombreux à la Réunion mais, comme la DSAC-OI l’a confirmé :

  • il est impossible de connaître leur nombre exact car ils ne sont pas immatriculés et donc non-inscrits au registre d’immatriculation des aéronefs tenu par le ministère de la Transition écologique,
  • ils n’ont pas l’obligation d’enregistrer leurs mouvements de vols dans leur carnet de route. L’entretien de chaque aéronef relève également de la seule responsabilité de son pilote et / ou propriétaire, sans davantage de contrôle non plus

Bref, on ne sait rien.

Cette liberté totale laissée aux ULM, permise par une réglementation totalement laxiste, explique sans aucun doute possible le taux d’accidentologie de cette catégories d’aéronefs en France.

En effet, d’après le Bureau d’Enquête et d’Analyses – BEA -, 1 accident aérien sur 2 intervenu en France en 2022 concerne un ULM et 1 fois sur 2, il est mortel.

En clair, avec un ULM, on sait quand on part mais on ne sait pas si on revient ….

Des poubelles volantes au-dessus de nos maisons

Notre association alerte maintenant depuis longtemps les services de l’Etat sur la situation préoccupante des survols aériens à la Réunion. L’ACNUSA s’est bien emparée du sujet mais ses recommandations ne concernent que le trafic des
hélicoptères sans s’occuper de l’aviation légère.
Les ULM passent donc une nouvelle fois sous les radars or la seule observation du ciel nous montre que s’il y a une catégorie d’aéronefs à encadrer strictement, c’est bien celle des ULM.

En effet, chaque jour, nous constatons au-dessus de nos maisons :

  • des altitudes règlementaires non respectées,
  • des vols en escadrille à 3 ULM côte à côte,
  • des boucles répétées,
  • des comportements accidentogènes, tout cela sans aucun contrôle !

L’état mécanique de chaque machine n’est pas un gage de sécurité car même bien entretenu, l’ULM présente des fragilités incontestables et peut exploser / s’écraser en quelques secondes sans explication comme nous l’avons vu samedi. Cela nous rappelle douloureusement que les activités de loisirs aériens constituent un danger permanent.

Aussi, si la première habitation qui se situait à 300 mètres du crash de samedi dernier a pu miraculeusement être évitée, l’hypothèse d’un crash dans une zone habitée ne doit maintenant plus être écartée par les autorités compte tenu du trafic aérien devenu totalement délirant.

L’hélico ULM crashé le 5 août survolait d’ailleurs quotidiennement des grandes zones habitées de la côte ouest, notamment la Saline les Bains, l’Eperon, Saint-Gilles les Hauts, Plateau Caillou, Bellemène, Le Guillaume…

  • en les enregistrant avec un numéro d’immatriculation
  • en leur interdisant les survols des zones habitées,
  • en recensant précisément leur nombre sur le territoire,
  • en leur imposant d’enregistrer leurs mouvements,
  • en imposant des contrôles techniques,
  • en recueillant leurs paramètres de vol.

A défaut, la liste des victimes va encore s’allonger, c’est une certitude.

Enfin, alors que le Ministre des Transports a demandé au Préfet du Var de réduire de 80 % les survols en hélicoptères de la presqu’île de Saint-Tropez, autre territoire sensible particulièrement impacté par le tourisme aérien comme la Réunion, il serait tout à fait anormal que Monsieur le Préfet de la Réunion n’engage pas un processus similaire de réduction de l’usage du transport aérien notamment à but touristique et de loisirs, comme le préconise l’ACNUSA et comme le demandent depuis longtemps les associations de riverains victimes des nuisances sonores aériennes.

Nou lé pa plus, nous lé pas moins.


Association de Défense des Résidents du Département de la Réunion KOLAIR974

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