[Bisik] Stogie T & Eusébia enflamment la scène

L’AFTER SAKIFO RACONTÉ PAR LE BISIK



Vendredi 14 juin, le Bisik accueillait l’After Sakifo, le septième depuis 2017, dans une ambiance survoltée. Malgré les menaces de fortes pluies et des grands tourments politiques, près de 200 spectateurs s’étaient réunis sans contrefaçon pour l’amour de la musique. Une soirée incroyable qui a comblé les amateurs de Hip Hop conscient avec Stogie T et de Salegy inspiré avec Eusébia pour une proposition 100% océan Indien qui a également séduit tous les curieux. 

Vigilance fortes pluies annoncée en ce vendredi 14 juin, mais c’est bien plus de fortes émotions qui ont gagné le public venu en nombre profiter d’un After Sakifo dofé !

À peine quelques gouttes de pluie quand les premiers spectateurs se pressent pour profiter de ce moment unique que toute l’équipe du Bisik a à cœur de partager avec passion.

L’ambiance festival est bien là et les groupes se forment pour échanger et profiter des jardins du Bisik sous un ciel finalement clément et dans une ambiance bon enfant. Les spectateurs peuvent aussi découvrir « l’Album Péï » proposé par Lucile et Pauline de la compagnie Lu2 avec le Théâtre les Bambous en partenariat avec le Bisik.

Mais la température va monter de plusieurs crans et la salle s’est vite enflammée lorsque les premières notes de musique commencent à envahir l’espace.

La soirée est lancée de manière magistrale par Stogie T, Véritable O.G. du hip-hop sud-africain, qui nous fait l’honneur de sa présence après une prestation sur la scène de la Poudrière explosive.

Accompagné de Clem Carr aux claviers et machines et de Justin Badenhorst au cajón et percussions, Tumi Molekane impose son flow dès son premier titre, « Sins of Our Fathers », issu de l’album « The Empire of Sheep » qui ne pouvait pas mieux résonner dans la conjoncture actuelle…

Un rap conscient, inspiré et poétique

Si Tumi assène avec vigueur ses désirs de « Freedom », Bonj au chant et au chœur transcende littéralement la scène dès ses premières vocalises. Un chant de sirène qui hypnotise les spectateurs, soutenu avec virtuosité par Clem et Justin dont les rythmes sont réglés au millimètre. En toute objectivité Stogie T assure une performance parfaite à la hauteur de la renommée internationale du groupe. 

Parmi la foule, de nombreux acteurs du monde musical partagent ce moment d’une grande intensité, leur soutien et leur passion à cet événement majeur qui restera longtemps gravé dans nos mémoires.

Un set majestueux magnifiée par la poésie de Tumi sur « Shallow », titre éponyme du dernier E.P. du rappeur, chanté en duo avec Bonj… Une pure merveille bien plus profonde qu’il n’y paraît. 

Leur prestation enflamme la salle et conquiert le cœur du public. Chaque morceau est accueilli par des acclamations enthousiastes, le public danse et « Too Late » confirme qu’il n’est jamais trop tôt pour profiter de la vie…

Notre fumeur de havanes, dieu du rap sud-africain, et ses fabuleux acolytes concluent son set avec des titres de 2016 « Diamond Walk » critique acerbe de la société de consommation, ou « By Any means » titres de 2016 engagé et enragé ! Un succès !

Après cette ouverture de soirée époustouflante, à peine le temps d’un changement de plateau et la soirée se poursuit avec Eusébia, fière représentante de la nouvelle génération du Salegy de la Grande île.

Fatoma Eusebia, fille du grand Jaojoby, accompagnée d’Andriamanovohasy Robert, Randriatahiana Lala Joseph et Herimanantsoa Éric Naomy distille une énergie insulaire puissante sur la scène du Bisik. Le public, toujours aussi réceptif, danse au rythme de la musique et fait écho avec ivresse aux sons et aux rythmes de Madagascar réinventés. Les sourires illuminent tous les visages, et il est évident que l’esprit du Sakifo flotte dans l’air Bénédictin.

Réunion – Madagascar : la passion du partage

« Madagasikara », « Moramora », « Ça va bouger » aux accents pop… Les titres se suivent et le rythme s’accélère en même temps que la température monte encore dans le farfar du Bisik. Eusébia i mét dofé dan Bisik ! Captivante la jeune artiste danse et vole au-dessus de la scène. Elle ne ménage pas son énergie et la partage sans compter. Sa voix nous hypnotise et les musiciens, véritables virtuoses, nous entraînent dans cette joyeuse sarabande métissée.

Tandis que le dernier titre, « Samy Tsara », résonne dans les corps et les cœurs du public l’ambiance est à son apogée.

Une fois de plus, la Réunion et Madagascar démontrent leur complicité musicale et culturelle, et les artistes offrent au public une ode merveilleuse et cadencée à l’océan Indien.

La soirée a atteint son paroxysme lorsqu’Eusébia et ses musiciens invitent sur scène certains des artistes locaux présents dans la salle. Tinom et les sœurs du groupe Solah d’abord pour un maloya en hommage à Gramoun lélé improvisé et poignant. Johnny Boyer de Diatsika et Mamiso ensuite pour des chants d’amour et de d’ivresse. Ces collaborations spontanées créent un moment unique, offrant au public une performance inédite et pleine de belles énergies.
Une fusion artistique, symbole de la richesse culturelle de notre région, qui aura été un véritable cadeau pour les spectateurs, marquant la fin du concert d’une manière inoubliable.

La soirée s’est prolongée un peu au-delà de l’heure prévue, le public et les artistes emportés par la magie du moment refusaient de quitter les lieux sans un nouveau partage improvisé koté kour.

Une fois de plus, le Bisik a su offrir une soirée mémorable. Cet After Sakifo a marqué les esprits, et nul doute que le public est reparti avec des souvenirs impérissables, en attendant impatiemment la prochaine fête de la musique et la rentrée prochaine.

Pascal Saint-Pierre

Régie : Alexandre Duchemann / Maeva Constante / Lucas Boyer

Son : Vincent Gerbith 

Lumières : Alexandre Duchemann

Photos : Iris Mardémoutou

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