[Bisik] Une soirée urban style engagée et enflammée

Locks Myld et Sueilo en concert au Bisik

Vendredi 3 mai, le Bisik a été le théâtre d’une soirée incroyable qui a mis en lumière deux révélations de la scène urbaine réunionnaise : Sueilo et Loks Myld. Dans une ambiance électrique et éclectique mêlant rap, afro et musiques urbaines métissées, ces deux artistes ont enflammé la salle, captivant un public fébrile et curieux.

Encore une fois la soirée a débuté sous les étoiles exactement pour le plus grand plaisir des spectateurs qui ont pu profiter des koté kour et jardin en famille ou entre amis en attendnat le premier concert.

C’est Loïc Leocadie, aka Loks Myld, venu présenter pour la première fois en live les titres de son EP “Somin” sorti en mars dernier, qui prend d’assaut la scène avec une présence incontestable. Accompagné de Frédéric Lagourde, alias Lartane, à la guitare et Etienne Laldy Maquiha à la basse, Loks Myld impose son style et se dévoile sans fard. 

Des rythmes urbains et afro, une touche de rap, des mélodies très présentes et des mots qui portent, l’artiste affirme son identité réunionnaise avec des textes ciselés qui touchent. « Korèk » !

Après un début de carrière sur le label très anglo-saxon Raw Musik, Loks Myld revient sur le devant de la scène, plus sûr de lui que jamais pour « Pa perd amwin », « Mi koné » ; un vrai « Maronnèr ».

Son style musical polyvalent séduit, et des claviers au micro, Loïc offre une performance scénique atypique parsemés de séquences rythmées. Sa voix manque parfois d’assurance mais le charme agit, habilement soutenu par les solos de Lartane et d’Étienne. Les spectateurs se laissent emporter par ses titres enlevés, véritables reflets des multiples facettes de son art. 

Il nous entraîne sur son “Somin”, avec douceur et passion, en passant par « « Lilet Zoranzé », une reprise inspirée de Zan Mari Baré, pour « Zamé » nous dire « Sayonara ».

Un premier rendez-vous avec le public de l’Est, enthousiaste et exalté, qui doit pourtant se terminer sur un rappel « Sans toi » mais avec tout l’amour du monde…

Le temps d’un changement de plateau rondement mené et la soirée peut continuer avec la très attendue Sueilo, anagramme de Louise et artiste « Sensible ».

Insaisissable, Sueilo nous inspire et nous ensorcèle

 « Geisha » inspirée et « Dina » de son EP Apis Mellifera, Sueilo nous offre aussi la primeur de ses nouveaux titres à paraître. La mouche à miel de la scène pop, soul, rnb et parfois bossa prend des airs de diva sans prétention et ensorcèle. Sueilo c’est une voix urbaine enracinée dans la chaleur de la soul et les rythmes enivrants du dancehall. La jeune femme incarne avec force et un style affirmé l’indépendance et le girl power de la femme réunionnaise pour bon nombre de spectateurs et spectatrices qui sont venus la découvrir en live.

La jeune femme explore les nuances de l’amour sous toutes ses formes, révélant les émotions profondes que chacun d’entre nous peut ressentir. Engagée, enragée parfois, elle passe des « Texto » sirupeux à « Sur le tard » pour évoquer sans violence un sujet lourd de sens, celui du viol conjugal… Accompagnée de Loic Odou, alias Djouns, à la guitare, Julien Jacquemart à la batterie et Emmanuel Laporte, alias Manux, à la basse, Sueilo nous entraîne en version acoustique et enchante l’audience, offrant une expérience musicale authentique et captivante où l’artiste mêle les langues et les styles.

« Fanée » soutenu par un solo de basse à affirmer encore, « Solo », « Boy Boy » single à paraître dans les jours à venir, dessinent ce futur EP au titre encore incertain mais à l’identité bien marquée… 

Insaisissable Sueilo continue de nous surprendre avec une reprise de « Summertime » de Georges Gershwin immortalisé par une certaine Ella Fitzgerald et réinterprété ici avec maestria !

Bientôt le « 15 Août » et les amours estivales en France Hexagonale, un mashup de « Master Blaster » de Stevie Wonder et de « Bédo », l’un des plus gros succès de Sueilo que certains auraient aimé entendre en intégralité… et le temps est venu de se quitter.

Mais pas sans “Sort Devan”, dernier single en date de l’artiste réalisé par un certain Sskyron et premier titre publié de son prochain EP à paraître en 2024 et dont nous avons eu la primeur qui vient conclure ce set tonitruant !

Une expérience explicite, un engagement assumé, une personnalité qu’on est pas prêts d’oublier même si la formation doit encore travailler pour affermir sa cohérence.

Iris Mardémoutou

Régie : Alexandre Duchemann / Maeva Constante

Son : Vincent Gerbith 

Lumières : Alexandre Jacquot

Photos : Iris Mardémoutou

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Urban style

Le style urban style au Bisik à La Réunion.

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Kozé libre

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