RENCONTRE AVEC LES ÉTUDIANTES LILI LONDOZ ET STÉPHANIE
Lili et Stéphanie sont deux jeunes étudiantes rencontrées dans le cadre de leur stage en journalisme à l’université. Découvrons ensemble ce qu’elles ont à nous dire surtout après notre entretien. La première nous vient directement de la Belgique.
Qui es-tu ?
Bonjour, moi c’est Lili Londoz, je viens de la Belgique, j’ai 22 ans.
J’ai fait un bachelier de 3 ans en commerce extérieur à la Haute école libre Mosane à Liège. J’ai pu effectuer un Erasmus au Mexique pendant ma dernière année et j’en garde de merveilleux souvenir. Le programme Erasmus est avant tout un programme d’échange d’étudiants et d’enseignants entre les universités, les grandes écoles européennes et des établissements à travers le monde entier, faisant parti de l’espace européen de l’enseignement supérieur.
Je me suis ensuite dirigée vers un master en communication multilingue à l’Université de Liège. J’ai souhaité réitérer l’expérience Erasmus. Et vu que mon copain voulait absolument voyager, nous avons eu la brillante idée de faire les démarches ensemble.
La fac de Philosophie et Lettres de mon Université à Liège a beaucoup de « partenariats » et proposait un choix de destinations Erasmus assez large. Mon critère était « être dépaysée », sortir de l’Europe tandis que celui d’Alexis mon copain, était de pouvoir travailler là-bas. On avait l’intention d’aller à Tokyo ou au Canada mais pour des petits soucis de date, cela ne s’est pas fait. Le Chili et le Pérou sont apparus sur notre liste mais ce n’était pas si facile d’y aller surtout pour le travail.
Je me suis donc intéressée aux 5 départements d’outre-mer, j’ai vu «Saint-Denis » pour moi c’était sur Paris. Et quand j’ai ensuite vu le nom de l’Université de La Réunion, j’ai compris que c’était sur l’Île. J’ai téléphoné à Alexis et j’ai tout de suite dit : « c’est bon, je sais où nous partons ! ». Tout était réunis, le soleil, le dépaysement et comme c’est l’Union Européenne, ce serait plus facile pour Alexis d’aller y travailler. J’ai donc fait les demandes aux écoles et l’aventure a commencé.
Il est vrai que la nourriture est plus chère ici pour nous , impossible de manger par exemple un peu de saumon sauf si l’on a les moyens. En revanche, les marchés offrent des fruits et légumes moins chers. Les prix des salons d’esthétiques sont plus élevés également. Les vêtements aussi coûtent plus cher mais les soldes sont plus avantageux qu’en Belgique.
La mentalité des étudiants de l’université comparé à la Belgique ?
Je dirais que les étudiants sont très sympas et ouverts. Peut-être plus qu’en Belgique mais partout, je crois qu’il faut rencontrer les bonnes personnes.
Nous avons la chance de vivre très proches de notre propriétaire, qui est marrante, intelligente et bienveillante. Nous faisons des activités et apéros avec elle, son compagnon et leurs amis.
Je vois régulièrement les étudiants de Erasmus lors des activités sportives ou de sorties.
Parmi eux, il y en a quelques-uns qui me sont proche et que je vois souvent.
Mon copain et moi faisons du sport au sein d’une association gratuite appelée « body art » et les gens y sont très sympas.
Nous avons déjà bien visité l’île : des bassins, plages, lagons.
Ta rencontre avec Jean-Philippe Sevagamy !
Pour mon cours de journalisme, nous devions proposer des sujets d’articles. Stéphanie a proposé de parler de Jean-Philippe, pour lequel elle a écrit un article durant son stage à la SEMTO. J’ai eu ce sujet et j’en ai été très contente. J’ai aussitôt contacté Jean-Philippe ainsi que Franck le cofondateur de Parallèle Sud et je leur ai posé des questions.
Jean-Philippe m’a accueillie dans son appartement, c’est alors que j’ai pu comprendre son mode de vie.
Comment il arrive à tout faire seul sans la vie !
Il est un model, un exemple pour notre société. Rencontrer des gens comme lui, cela m’aide à avancer.
Je trouve ça génial. Les gens comme lui sont très courageux d’accepter leur handicap et tout faire pour se débrouiller seul. Il faut se battre et s’entourer de plein d’outils pour avoir la vie la plus « normale » possible. Faire comprendre cela aux gens c’est vraiment nécessaire ; il faut se rendre compte et sensibiliser les personnes voyantes.
As-tu essayé de fermer les yeux en te mettant à la place de Jean-Philippe ? Qu’as-tu pu ressentir ?
J’ai fermé les yeux et essayé de marcher avec sa canne, imaginé remplir un verre sans la vue, vivre seul dans le noir…
J’ai eu l’impression que chaque geste quotidien avait besoin d’être très travaillé, entrainé. Je me suis aussi sentie affaiblie ; il faut déjà être à l’affut de tout dans la vie, des voleurs, etc…
J’ai déjà peur chez moi toute seule avec les yeux ouverts. Je pense que quand on est aveugle, il faut être courageux, pas apeuré, etc.
Ça m’a fait chaud au cœur de voir un homme comme notre ami Jean-Philippe qui se donne à fond pour les autres.
Il est tellement passionné motivé par tout ce qu’il fait. C’est impressionnant merveilleux. Il a vraiment du mérite car son parcourt reste remarquable.
Pour le remercier de son accueil et du temps qu’il a pu me consacrer, je tiens à partager avec vous lecteurs et lectrices de Parallèle Sud le résumé que j’ai pu faire à l’université.
Interview réalisée par Jean-Philippe Sevagamy
JEAN-PHILIPPE SEVAGAMY, REPORTER NON-VOYANT CHEZ PARALLELE SUD
Chronique dans le noir, voir le monde les yeux fermés
Chanter du karaoké, rouler à vélo, visiter des musées… Tout est possible pour Jean-Philippe Sevagamy, 28 ans après avoir perdu la vue. Incroyable mais vrai, il écrit également des articles de presse.
Assis à une petite table carrée, dans le noir et face au mur, Jean-Philippe Sevagamy rédige ses papiers journalistiques dans son appartement de Saint-Louis. A l’aide d’un ordinateur et d’un logiciel adapté, il assouvit sa passion pour l’écriture. Comme sur tous les claviers, les touches F et J sont pourvues de marques tactiles. Il peut alors se repérer et y placer deux de ses doigts ; Il connaît les autres caractères par cœur. Le reporter non-voyant utilise un programme informatique appelé « Méthode de Description Verbale d’Images Animées ». Cette technique décrit de manière audible les contenus visuels présents sur l’écran. Le journaliste peut ouvrir des documents, écrire ses articles, les écouter et les envoyer. Ceux-ci passent ensuite par le secrétariat de rédaction du média pour lequel il est bénévole, où ils sont corrigés et mis en forme. Aidé par la technologie, le rédacteur bénévole effectue ses recherches sur internet grâce à des assistants vocaux ou applications Google. Il raconte : « Je me suis promis de toujours travailler et aider les autres dans la même situation que moi. C’est un moyen pour moi d’accepter mon handicap… Je veux montrer que les handicapés sont capables ».
Un environnement de travail collaboratif
Le rêve de Franck Cellier et ses collaborateurs de disposer d’une totale liberté d’expression, dépourvue de toutes pressions économiques et politiques fait naître le média en ligne, associatif et engagé « Parallèle Sud ». L’équipe dénonce la dégradation de la liberté de presse sous l’effet de ces contraintes, provoquant un désintérêt du public et une défiance envers les médias. Cette presse numérique fonctionne en autonomie et bénéficie de financements de la part de généreux donateurs et de prestations d’éducation aux médias. Les membres de l’équipe journalistique promettent de favoriser un environnement de travail « inclusif et collaboratif », où chacun encourage la pluralité des points de vue.
C’est la raison pour laquelle, lors du Festival Komidi en mai 2023, la parole a pour la première fois été donnée à Jean-Philippe Sevagamy. Plus de 200 pièces de théâtre y accueillent 30 000 spectateurs dans le Sud. Ce jour-là, une souffleuse de sens bénévole était présente pour chuchoter à Jean-Philippe ce qu’elle observait de la scène, afin qu’il puisse l’imaginer. Franck Cellier, en tant que journaliste, souhaitait parler d’eux. Rapidement, l’idée lui est venue de laisser s’exprimer Jean-Philippe lui-même et leur collaboration a alors débuté. Articles, reportages, interviews… Le reporter bénévole sensibilise au handicap et montre les capacités de chacun dans sa [Chronique dans le noir] : « La beauté de la vie dépend de ton regard », « Impossible d’avoir un chien guide à la Réunion », « Un GPS de guidage pour déficients visuels et auditifs »…
Selon le co-fondateur, Jean-Philippe apporte un plus exceptionnel à la rédaction. [Chronique dans le noir] permet de fermer les yeux et se mettre dans la peau de quelqu’un qui ne voit pas.
Jean-Philippe rapporte : « Pierre Richard dans la comédie ‘Je suis timide mais je me soigne’, c’était moi, avant ». Sa cécité l’a ouvert aux autres mais il reste poète et rêveur. On pourrait même dire qu’un sixième sens lui est apparu : « Je ressens quand la personne avec qui j’interagis s’adonne à une autre activité, est éveillée, endormie ou triste », partage-t-il.
Lili Londoz
Dans le fénoir, il a su mettre Parallèle Sud en l’air………
Moi c’est Stéphanie, moi aussi j’ai eu le privilège de rencontrer Jean-Philippe Sevagamy dans le cadre de mes études en Master information et communication à l’université de la Réunion en décembre 2023. Il a bien voulu nous faire part de son expérience chez Kar Ouest Mouv en tant que PMR et en faire un article pour Parallèle Sud.
Pour cela il s’est rapproché du service de communication de Kar Ouest. Julie Touzet la responsable l’a immédiatement recontacté suite à sa demande. Julie et moi lui avons répondu positivement à sa sollicitation. Ainsi elle m’a confiée la mission de rédiger l’article demandé.
Je lui ai donc contacté au sujet de son expérience avec Kar Ouest Mouv en me partageant quelques anecdotes de vie que j’ai beaucoup appréciées. Une fois l’article rédigé, avec l’accord de ma responsable je lui ai envoyé par mail la version finale.
Cela fut pour moi une belle expérience et un réel plaisir de le rencontrer. Je suis admirative de son parcours.
Parallèle Sud peut-être fier d’un reporter tel que Jean-Philippe, un exemple pour nous tous, le seul journaliste non-voyant de notre île. C’est pour cela que je me suis permise de parler de lui à Lili vu qu’elle est dans la même classe que moi à l’université.
En classe, on nous demande de faire des articles de presse qui nous plaisent. Chronique dans le noir de Parallèle Sud reste notre chouchou préféré que nous avons plaisir à lire chaque vendredi de la semaine.
Stéphanie