N’AYONS PAS PEUR DES MOTS
« Macron qui « échange par téléphone avec son homologue égyptien » (BFMTV) ; Zelensky qui « a échangé avec Biden et croit en une « sage décision » du Congrès » (On voit tout) ; Longoria – Pablo, pas Eva – qui « aurait échangé avec l’UNFP pour apaiser les tensions » (Foot national). Et puis, il y a ces élus et habitants de Montret qui, en gens responsables, « ont échangé sur les énergies renouvelables » (Le Journal de Saône-et-Loire), ou ces représentants de Golfe du Morbihan Vannes agglomération qui ont pris la peine d’ « échanger avec des lycéens »sur l’idée qu’ils se font de leur belle ville à l’horizon 2050 (Le Télégramme)… Je pourrais multiplier les exemples à l’infini.
De nos jours, et sans doute l’avez-vous remarqué, on ne parle plus, on ne discute plus, on ne converse plus, pas plus qu’on ne s’entretient avec autrui. Non, on échange. C’est plus tendance, paraît-il. Après tout, quel mal y aurait-il à se laisser porter par l’air du temps si, comme nous y encourage le bon usage du français, nous prenions soin de respecter la règle. Or, « échanger » est un verbe transitif », nous rappellent à toutes fins utiles les ouvrages de référence, y compris les plus ouverts d’esprit, tels que Larousse et Robert. Et à ce titre, il doit être accompagné d’un complément d’objet direct. On échange quelque chose avec quelqu’un, que ce soit de simples propos, des points de vue, des impressions, des promesses ou tout bonnement les derniers potins avec mamie Pierrette.
Nul besoin de préciser que l’usage, le mauvais celui-là, s’en bat l’œil. Il semble d’ailleurs tout aussi peu à cheval sur la règle qui veut qu’ « échanger » ne s’emploie à la forme pronominale qu’au sens de « être l’objet d’échanges ». Exemple : « Les fonds négociés en bourse et les contrats à terme sur actions s’échangent à la hausse avant la cloche. » En revanche, on ne dira pas : « Ce mercredi 14 février, à La Pierre Saint-Martin, certains usagers du télésiège Arlas ont dû s’échanger ce genre de petites douceurs, entre amoureux. »
Un télésiège en panne à la Saint-Valentin : n’est-ce pas un décor romantique pour un tel échange de bons procédés ?
K.Pello
Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots