QUE DEVIENNENT LES IMMIGRÉS SRI-LANKAIS – ÉPISODE 1
31 août 2021. Sameera Weerasinghe, Sri Lankais, père de famille désespéré, vandalise les bureaux du centre d’hébergement qui l’accueille depuis trois ans, se replie avec ses enfants et brandit des armes blanches. Les forces de l’ordre parviennent finalement à l’interpeler après de longues négociations. Il sera jugé le 4 octobre prochain.
Ce drame n’a heureusement fait aucun blessé. Mais il interpelle. Comment cet homme en est-il arrivé là ? Surtout qu’en est-il, trois ans après leur arrivée, de la situation de ces familles sri-lankaises qui ont fui leur pays à bord de bateaux délabrés?
Première porte d’entrée dans cette affaire complexe, la Cimade, et plus particulièrement la présidente du groupe local, Élodie Auzole. Elle nous a accordé un entretien de trois quart d’heure pour honorer notre « droit de comprendre ».
Depuis mars 2018, l’association chargée de l’accompagnement des étrangers face à l’administration française est intervenue au fil de l’arrivée de six bateaux chargés d’immigrés.
Des centaines de Sri Lankais, victimes de discriminations et de violences politiques et religieuses, fuyaient leurs pays. Beaucoup y ont été reconduits dès leur arrivée à La Réunion. Des expulsions arbitraires si l’on s’en réfère aux suites juridiques. En effet, les autorités réunionnaises avaient renié abusivement leur droit à demander l’asile comme l’a reconnu, trop tard, le juge des libertés et de la détention, ému qu’en France, on puisse à ce point, et en toute impunité, tordre les procédures…
Les décisions couperets de la Cour nationale du droit d’asile
Parmi les Sri Lankais qui ont pu rester à La Réunion, une quarantaine ont obtenu le sésame administratif et ont pu enfin entreprendre leur intégration sereine à leur nouvelle terre d’accueil.
Plus de 120 sont encore dans l’attente et leur chance de pouvoir prolonger leur séjour s’amenuise chaque jour un peu plus. Ils sont entrés dans la période la plus critique de leur présence au sein du centre de l’HUDA (Hébergement d’urgence des demandeurs d’asile), géré par la Croix-Rouge. En bout de procédure judiciaire, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), émet actuellement des décisions de rejet, synonymes de « l’enfer », pour ces hommes et femmes qui ont consacré toutes leurs économies à la fuite de leur pays de naissance.
C’est cette décision qui a poussé Sameera Weerasinghe à bout. Lui, en détention, et son épouse, hospitalisée, préféraient leur mort plutôt qu’un retour au Sri Lanka, espérant que leur geste « sauve » leurs quatre enfants…
Franck Cellier