[Kiltir] Visite d’atelier à Lerka

COUDRE ENSEMBLE LES ORIPEAUX DU MONDE : LE TRAVAIL D’AIGUILLE DE DOMINIQUE FICOT

Installé à La Réunion depuis plus de 40 ans, Dominique Ficot s’emploie quotidiennement à produire une œuvre métamorphe et profuse commencée à l’adolescence, où le textile de récupération occupe une place centrale. Artiste glaneur, sculpteur, peintre, vidéaste, performer, mais aussi et surtout couturier, brodeur, tricoteur, tisseur… il fabrique inlassablement un univers à son propre usage, exposant peu, produisant considérablement, dans une démarche patiente et obsessionnelle qui déconstruit les stéréotypes de genre liés aux travaux d’aiguille et au textile dans l’art, pose la question de l’obsolescence, de l’usure et de la déchéance des objets qu’il recycle sans fin, et, dans ses actions performatives notamment, opère une mise en scène de la figure de l’artiste en idiot ou en fou. Autour des sujets récurrents de la mort, de la sexualité, du désir et de la relation, il propose une hybridation constante et délirante qui mêle l’intime et l’impersonnel, les mémoires individuelles anonymes, les corps absents et les gestes oubliés, avec une liberté transgressive et un amour du jeu qui soulignent la portée politique de son travail. 

Né à Saint-Louis du Sénégal, dans une famille d’expatriés français très ouverte aux diverses expressions artistiques, Dominique Ficot grandit en connivence avec les esthétiques avant-gardistes et bénéficie d’une éducation très libre. Il a toute latitude pour créer ce qu’il veut, quand il veut, ce qu’il s’empresse de faire dès son plus jeune âge. En revanche, à l’extérieur de la cellule familiale, il se heurte en permanence aux angles et à la violence du système : une scolarité punitive dans une école primaire de la banlieue de Toulouse, où humiliations publiques et martinet rythment son éducation, main gauche attachée dans le dos pour lui apprendre à écrire « droit ». En Martinique, au collège, il fait l’expérience douloureuse de la différence, du racisme et de la solitude. Au lycée à Toulouse, il est le « péquenot aux cheveux longs et chemises à fleurs qui arrive des Antilles ». Avec toujours un pas de côté, qui permet d’observer et de se protéger en même temps, il se structure d’emblée en décalage avec le monde extérieur.

Il se plonge très jeune et de manière définitive dans la fabrication d’un univers parallèle, avec des petites choses d’abord (perles de sureau, bijoux, objets de toutes sortes), de la teinture naturelle et de la broderie sur ses vêtements, des peintures et des sculptures, puis des installations et des environnements sans cesse renouvelés dans sa chambre d’adolescent, des actions dans l’espace public sous le regard indifférent des passants. Le monde glisse sans qu’il n’ait de prise, et ses offrandes de timide maladif, vaines tentatives de créer du lien, ne semblent pas trouver d’écho. Il continue néanmoins à fabriquer, stocker, fabriquer encore… et ne s’arrête jamais. Il tisse, tricote, coud, brode, récupère des vêtements, les découpe, en fait de la lirette, il peint, sculpte, dessine… il y en a partout. Les visites familiales à Paris incluent fréquemment Beaubourg et les galeries, où Dominique Ficot peut se nourrir, mais aussi se reconnaître et se connecter à un univers de références qui lui parle. Au moment de choisir une voie professionnelle, il assiste à une séance de cours du soir en auditeur libre aux Beaux-Arts de Toulouse, et s’en détourne immédiatement, en rupture complète avec ce qu’il y trouve. ll continue de créer chez lui, inlassablement et dans des proportions démentielles, il chante aussi dans une chorale laïque, danse, tout en se formant pour devenir professeur d’Education physique et sportive.

Jeune capétien, il a sa première affectation à La Réunion en 1982, où il poursuit sa création chez lui, dans les mêmes disproportions et avec la même assiduité. Il participe à sa première exposition en 1991 à Jeumon Arts plastiques, dont il intègre le collectif d’artistes puis prend part, au début du XXIe siècle, aux aventures de LERKA (Espace de recherche et de création en arts actuels), où il a désormais son atelier.

« Temps VI -Habiter, re-vêtir », Dominique Ficot, 2012, extrait du livre « Pelures », 98-98. © Dominique Ficot.

Matière-monde et surfaces sensibles

Dominique Ficot est un artiste glaneur, qui tel l’ancien chiffonier que décrit Baudelaire, « compulse les archives de la débauche, le capharnaüm des rebuts (…) fait un triage, un choix intelligent ; il ramasse, comme un avare un trésor, les ordures qui, remâchées par la divinité de l’industrie, deviendront des objets d’utilité ou de jouissance » [1]. Il collecte et recycle en matière première pour ses productions quantité de boutons, vieilles photos d’identité, morceaux de bois, coquillages, écheveaux multicolores, textiles usagés, biberons, filtres de piscine, débris de verre et textiles de toutes sortes. Le déchet devient la chair d’un corps sans fin qu’il tricote depuis ses jeunes années, un  « tout » organique où le tissu occupe une place centrale. Si au cours de ses études il récupérait des centaines de kilos de rebuts auprès des usines textiles toulousaines, à son arrivée dans La Réunion des années 80, c’est plus compliqué de se fournir. Il se sert alors davantage de chutes et travaille beaucoup avec ses propres vêtements usagés et ceux de ses proches. Aujourd’hui c’est essentiellement à Emmaüs qu’il se fournit. 

Il parle volontiers de sa vie comme d’un parcours de surfaces sensibles : l’histoire et ses costumes, la danse et le rapport au tissu chez Alwin Nikolais (dont il a failli intégrer la compagnie), la mode et ses créateurs du XXe siècle (Azzedine Alaia, Jean-Paul Gaultier), les vêtements de son enfance (notamment les boubous avec leur toucher rugueux et leurs couleurs contrastées). Et de ses voyages il garde au bout des doigts les parements et tapisseries murales, les tapis, les peaux et les feuilles, les terres et les voiles de lumière.

Les vêtements, détournés de leur fonction première et cousus ensemble tels des tapimandian[2], deviennent des ciels de tissus et d’immenses filets suspendus au mur, déroulés au sol, ou tendus sur des façades de bâtiments. Les dessous féminins en dentelle de couleur sont découpés et cousus à plat dans des compositions insolites sur fond d’étoffe ajourée et brodée, aux motifs floraux ou géométriques d’anciens rideaux qui désormais montrent davantage qu’ils ne cachent. Suspendus en toile libre sur des cordes à linge par des pinces en bois, ou simplement cloués au mur tels des trophées, ces hybrides de dessous usagés nous projettent en voyeurs dans un espace domestique, une improbable arrière-cour où sèche le petit linge à l’abri des regards. L’intime exposé dans des jeux de piste texturés et colorés, révélant des sensualités décomposées et autres désirs évanouis, évoquant aussi parfois les draps témoins de la virginité de la mariée et montrés au grand jour…

« Temps VI – habiter, re-vêtir », 2012, Extrait du livre « Pelures », p. 94-95. © Dominique Ficot

« Temps IV – Les dessous, les objets », 2012, extrait du livre « Pelures », p.62-63. © Dominique Ficot

Les pièces récentes fonctionnent également comme des rébus visuels : de grandes toiles libres, composites et colorées qui habillent son atelier. D’anciens couvre-lits ou d’anciennes nappes récupérées à Emmaüs, crochetés ou brodés, qui ne manquent pas d’évoquer les longues heures de travaux d’aiguille dans les foyers, et sur lesquels l’artiste a cousu des napperons de fil de multiples couleurs, des lirettes et autres trames textiles. Les compositions sont organiques, d’allure aléatoire, dynamique et harmonieuse. La plongée au plus près révèle une abondance de textures et motifs, des napperons blancs ou chamarrés, qui semblent lourds de souvenirs. Des grands tissus d’ameublement découpés selon un motif récurrent en grillage dans des propositions à la Claude Viallat, jouent des ombres portées sur les murs de l’atelier. Des installations suspendues de boites rondes en bois, peintes en succession et reliées entre elles par une trame côtoient des vestiges de grands filets suspendus, aux couleurs vives, rouges ou bleues, que l’artiste tricote lui-même, et qu’il marie avec des pièces de lirette, plus denses et prises comme des proies dans des rets.

« Filets des mères », série, 2022. Vue d’atelier © Dominique Ficot

Tous ces travaux se tiennent entre eux, semblent être d’un seul tenant. Rapiécés sans interruption, cousus ensemble comme des lambeaux d’existence, ce sont des rebuts d’intimités que l’artiste sort du chaos et qui repartent à l’assaut de l’existence dans une ultime convulsion. Chaque pièce devient un élément de la trame du monde et un prolongement de son propre corps, à l’instar des sacs poubelles remplis de vêtements de son installation à Bâtissage en 1991, et qu’il désigne comme ses tripes. Son univers devient habit, habitat, antre arachnéen, avec lequel il fait corps. Il se joue des frontières et des catégories, et par le processus de recyclage même, s’inscrit dans un mouvement perpétuel, un continuum, refusant toute dualité entre lui et son environnement. « L’opposition nature/culture ne me parle pas de façon sensible, dit-il. Je prends autant de plaisir à regarder un lac, la mer, une architecture, pour moi c’est exactement la même chose, il n’y a pas de hiérarchie et pas de séparation. »[3].

Ses installations créent des allers-retours entre histoires intimes et collectives, entre pratiques ancestrales, techniques vernaculaires et nouveau média de l’art contemporain connecté aux questions sociétales des dernières décennies. Il est fasciné par Manolo Millares Sall, et surtout Josep Grau-Garriga, dont il croise les œuvres très tôt. L’artiste catalan l’impressionne par la puissance du geste, la quête de tridimensionnalité dans les « tapisseries aux hauts-reliefs écorchés »[4], comme par son engagement contre l’obscurantisme et son amour de la liberté… « sentiment à fleur de peau dont transpirent ses immenses tapisseries pareilles à des paysages d’où semblent sortir l’humus des sillons ruraux de son enfance mais aussi le drame des destinées humaines (…) »[5].

« Filets surface », 2022, vue d’atelier © Dominique Ficot

« Filets surface », 2022, vue d’atelier © Dominique Ficot
« Filets surface », 2022, vue d’atelier © Dominique Ficot

En lecteur assidu d’Artpress, auquel il est abonné depuis le lancement de la revue, Dominique Ficot est très au fait des enjeux et de l’évolution des pratiques d’art contemporain. Il n’ignore pas que la question du genre est au cœur de l’art textile, longtemps désigné comme « travaux de dames », relégué aux catégories d’artisanat avant de devenir un art à part entière très fortement lié aux mouvements féministes et à la dénonciation des stéréotypes de genre. Désormais pratiqué aussi bien par des femmes que par des hommes, le médium textile, qui reste très chargé de représentations liées au féminin et à l’univers domestique, est devenu un lieu d’interrogation de l’histoire, de la société, des rapports socio-politiques et des questions de genre[6]. Dominique Ficot le sait très bien et, en ravaudant patiemment l’infinie pelure[7] du monde, il se connecte à son héritage familial où les travaux d’aiguilles étaient aussi bien dévolus à son père qu’à sa mère, et il continue de déconstruire les codes et les règles qui régissent la société et qui peuvent tellement blesser les corps.

« Filets pour plaire », série, 2022, tissage, laine et fils, dimensions variables (détail) © Dominique Ficot

« Filets pour plaire », série, 2022, tissage, laine et fils, dimensions variables (détail) © Dominique Ficot

Jouer le jeu de l’artiste et réparer le monde

Je pratique, explique Dominique Ficot, « un rituel essentiellement ménager. Un rituel qui se trouve dans la répétition du geste. Dans chaque acte répétitif il y a possibilité d’évasion »[8]. Couvrir les murs d’une multitude de fiches d’état civil falsifiées lors de l’exposition de Bâtissage en 1991, qu’il renseigne lui-même de vrais noms de personnes fictives, ou inscrire à la main sur des milliers de petites boules les prénoms du bottin, ou détruire un à un des objets, pendant des heures, insérer leurs restes dans une bouteille de verre qui ira rejoindre une cohorte lumineuse dans l’installation « Conserve de mort » dans Elabakana en 2004… Chaque geste et chaque moment comptent. La temporalité et l’attention portée au processus habitent le cœur de sa démarche. La dimension méditative est certaine. Quelques séries de peintures en petit format montrent un travail récurrent qui s’étale sur de longs mois, à raison d’une œuvre par jour. « Si ça demande du temps, je suis ok avec ça, avec la fatigue, l’ennui, tous les sentiments qu’il peut y avoir avec la répétition du geste »[9]. La dimension magique et archaïque liée au rituel transparaît également dans ses performances, où on le voit accomplir des gestes mystérieux, selon une codification connue de lui seul, dans un espace temps suspendu. « Ça n’existe pas en dehors de moi. Dans le rituel il y a ce jeu sur l’interrogation, l’inconnu, la chose qui n’est pas dévoilée forcément. »

« Conserve de mort », Dominique Ficot, vue de l’exposition Elabakana, Lerka, 2006. © René-Paul Savignan

Dans « Big balls », il se met en scène avec un appareil génital hypertrophié, collé au sol et l’empêchant de bouger, dénonçant l’absurdité de l’attitude du mâle puissant qui dépose ses couilles sur le monde. Dans « Podium »,  il s’enchâsse dans un énorme socle de plâtre, perdant l’équilibre à chaque tentative d’avancer, pendant qu’à d’autres moments il promène son « Gros cœur » en plâtre dans une brouette à travers la ville, ou qu’il tente de s’échapper de « Robes » qui lui collent au corps… Ses vidéo-performances absurdes et graves à la fois proposent des formes d’auto-portraits empêtrés et piégés. Une figure de l’artiste en idiot, selon l’étymologie posée par Clément Rosset : « Idiôtès, idiot, signifie simple, particulier, unique (…). Toute chose, toute personne sont ainsi idiotes dès lors qu’elles n’existent qu’en elles-mêmes ». Dominique Ficot suggère, comme Maurizio Cattelan, que  « l’art est le métier où il peut s’autoriser une sorte de maintien délibéré de l’absurde »[10]. C’est un jeu dérisoire, qu’il invente et réinvente sans cesse et dont il partage les règles à qui le demande. Un jeu qui détourne le réel et l’asservit à ses propres règles, comme lorsqu’il crée un compte LinkedIn, se connecte à 29 918 abonnés, quasiment la limite que permet le réseau social, sans pour autant s’en servir.

« La Robe », performance, 2012, et un texte d’Aude-Emmanuelle Hoareau. Extrait du livre « Pelures », 2020, pp 30-31.
« Temps I -La Robe », extrait du livre « Pelures », pp 32-33, © Dominique Ficot.

« Habiter les habits des autres »

Dominique Ficot propose « des jeux pour l’esprit, des charades à tiroir ou des poupées russes »[11], des jeux sans rivalité et sans compétition, refusant les enjeux de pouvoir et les logiques duelles qui entraînent le rejet des éléments non assimilables par le groupe et génèrent intolérance et violence vis-à-vis de ceux qui sont différents. L’idiotie en art, selon Jean-Yves Jouannais, « ne vise pas à dépasser quoi que ce soit. Elle s’apparente davantage à un principe ésotérique qu’à un modèle dialectique. (…). Elle tente justement d’échapper à la compétition conceptuelle qu’est la philosophie. Elle n’est soumise à aucune obligation de rendement, de prouesse. C’est une idée paresseuse, comme l’ennui. Tout le contraire de la passion. Et pourtant leur manifestation peut être fulgurante »[12].

Avec l’idée Glissantienne de la Relation comme une écologie des différences, il ne perçoit pas, dit-il,  « l’humanité comme une somme d’individus », se voyant comme « une maille de plusieurs « filets » qui relient, enferment, cachent, dévoilent, les hommes aux hommes, les hommes aux femmes, les femmes aux hommes, les femmes aux femmes, les lieux et les objets, les histoires, les sciences, les croyances… » Le projet Pelures s’est ouvert à des collaborations avec d’autres artistes et écrivains[13] et a intégré dans son mode opératoire des rencontres ritualisées entre des amis de l’artiste, costumés spécifiquement en « gardiens de trésors » et des secrets enfermés dans une gangue colorée et brillante. Dans Pelures, toujours, les « Habits partagés » permettent d’« habiter les habits des autres ; de partager des expériences, de prendre soin de l’autre. Attendre pour permettre à l’autre de s’habiller, être attentif, aider le temps, construire une communauté circonstancielle ». Ainsi en est-il des « Vestes d’artiste », hybrides aux quatre manches, issues du croisement entre deux vestes différentes. Il les donne à Floyd Jalma et à Jako Maron, artistes de la constellation de Lerka, et ces « vestes créoles, métissées » permettent à chacun d’entre eux de porter « la possibilité, la réalité d’un autre ».

« Temps V – La veste qui voyage », Dominique Ficot. Floy Jalma. Extrait du livre « Pelures », p90-91 © Babou B’Jalah

S’il a réussi la gageure d’enseigner le sport pendant 40 ans sans inclure les pratiques compétitives, et en refusant systématiquement les inspections du ministère de l’Éducation nationale, en tant qu’artiste Dominique Ficot n’accepte pas non plus de se conformer aux règles du monde de l’art. Ce choix se traduit par des procédés de création qui mettent en faillite l’idée d’un objet de consommation artistique apte à intégrer le marché. Il préfère inventer et jouer son propre jeu, interroger les limites de ses propres univers, lancer des passerelles et des liens avec ceux qui l’entourent, qui les saisissent, ou pas. Avec au plus cinq temps forts dans son parcours (des expositions importantes dont une seule personnelle), Dominique Ficot jouit pourtant d’une reconnaissance certaine dans l’île auprès notamment des artistes engagés, étant très impliqué dans des collectifs de plasticiens et auprès de compagnies de théâtre. Mais il sait très bien qu’en tant qu’homme, blanc, hétérosexuel, non natif, retraité et ancien fonctionnaire de l’Éducation nationale dans une ancienne colonie et n’ayant pas fait d’école d’art, il explose tous les critères d’acceptabilité qui lui permettraient d’intégrer certaines stratégies de reconnaissance institutionnelle. Il continue néanmoins, dans son vestiaire, à coudre les oripeaux d’un monde dont il est déterminé à redéfinir les règles du jeu.

Patricia de Bollivier

Pour en savoir plus :

– LERKA, 51, route de Saint-François à Saint-Denis. facebook.com/reunion.lerka

– « Pelures », Dominique Ficot, 115 pages, éd. Le Corridor Bleu et Lerka, 2020. A commander sur : https://lecorridorbleu.fr/produit/pelures/


[1] Cité par Danielle Orhan, « Faites vos jeux dans l’art contemporain », https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/CIRHAC/La%20Satire_%20Orhan.pdf , p.18. Elle ajoute : « Baudelaire rapproche le poète du chiffonnier ; Benjamin le fait avec l’historien et d’une certaine manière, se fait lui-même « chiffonnier » dans la mesure où il se rend attentif à ce qui l’entoure, il porte un regard sur les choses délaissées et les réévalue. En ce qui concerne l’artiste récupérateur-glaneur, la comparaison avec le chiffonnier semble une évidence ; et elle permet aussi d’appuyer la distinction entre la collecte et la collection (…). La collecte est un art de la rue, pour lequel «l’artiste-chiffonnier» excelle contrairement au collectionneur pour qui les trésors se trouvent en général en des lieux de ventes ou d’échanges »

[2] ou tapi mandian, tapidkoin, tapidrosas : mot créole désignant le patchwork fait de morceaux d’étoffe hexagonaux. Cf. Dictionnaire Kréol Français, Alain Armand, Océan édition, p. 349.

[3] Dominique Ficot, entretien 13 février 2023.

[4] « Grau-Garriga, la tapisserie à bras-le-corps, Liberté créatrice et expressive », Julie Chaizemartin, Transfuge numéro 166, ww.transfuge.fr, 13/03/2023

[5] Julie Chaizemartin, id.

[6] cf « Défilages : genre et art textile aujourd’hui », colloque international, Université libre de Bruxelles, appel à contributions par Céline Guilleux, 2015, calenda.org

[7] Pelures est l’intitulé d’une série d’expositions organisées à Lerka par Dominique Ficot en 2012. Un livre d’artiste éponyme en lien avec l’écriture d’Aude-Emmanuelle Hoareau a été édité en 2020 par Lerka et Le Corridor bleu éd.

[8] « Dominique Ficot à Batissage : un raisonnement sensuel du rituel », propos receillis par Caton,Témoignages, date à vérifier.

[9] D. Ficot, entretien février 2023.

[10] In « faites vos jeux dans l’art contemporain », Danielle Orphan, https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/CIRHAC/La%20Satire_%20Orhan.pdf

[11] D. Ficot, Revue Noire n°16, 1995, p.45

[12] https://www.artpress.com/2003/10/10/lidiotie-une-sagesse-occidentale/

[13] Jean-Marc Lacaze, Aude-Emanuelle Hoareau, Jako Maron, Soleïman Badat, Floy Dog.

A propos de l'auteur

Patricia De Bollivier

Patricia de Bollivier est critique d’art et commissaire d’exposition indépendante. Elle a dirigé l’Ecole Supérieure d’Art de La Réunion entre 2014 et 2021, après avoir assuré la coordination technique du projet de centre d’art de la Ville de Saint-Pierre et la gestion et la valorisation de la collection d’art contemporain de la Ville de Saint-Pierre. Elle a enseigné la théorie des arts à l’ESA Réunion, l’Université de La Réunion et l’ENSAM-Antenne de La Réunion et assuré la direction de projets artistiques (résidences, commissariats d’exposition, éditions). Docteure de l’EHESS en sciences de l’art, sa spécialisation et ses domaines de recherche portent sur la création visuelle à La Réunion et la création en situation post-coloniale.