Des nouveautés à propos des MIN, Morts Inattendues du Nourrisson

LIBRE EXPRESSION

Chers lecteurs, je me permets d’attirer votre attention sur une autre façon d’envisager la question de la mort subite et inexpliquée du nourrisson, nommée ainsi initialement et assimilée dans les années 1990 à un « syndrome ».

En lien web, le texte initial publié en 1992 environ et repris récemment à La Réunion. 

https://parallelesud.com/la-mort-subite-et-inexpliquee-du-nourrisson-la-conjonction-de-deux-stress-endogene-et-exogene/.

Suite à deux contacts établis avec le professeur Pascal Bousquet (Professeur de cardiologie, université de Strasbourg, aujourd’hui retraité), nous l’avons remercié  d’avoir mené des investigations sur l’implication du nerf vague associé à une sollicitation cardiaque au-delà, selon toute vraisemblance, d’un certain seuil. Notons au passage que le stress se définit comme : « toutes demandes faites à l’organisme » selon Hans Selye, une référence en ce domaine.

Ce tableau clinique semble en concordance avec notre étayage d’hypothèses qui propose d’envisager la question à partir de la neurogénèse et des oscillations cérébrales (et non d’une défaillance du nerf vague) qui sont si fortes pendant les premiers mois de la vie qu’une chercheuse, Joëlle Adrien – rencontrée dans son laboratoire sur le sommeil à Paris (CHU Salpêtrière) dans les années 1985 (environ) -préconisait de parler de « sommeil sismique » du nouveau-né. Cette dame, retraitée, est actuellement présidente du Haut Conseil de la Recherche sur le sommeil.  

Notre hypothèse initiale proposait une majoration, de ce stress de vie à un stress acquis, chez le bébé qui aurait peur, isolé dans sa chambre et en prise directe avec ses déflagrations « sismiques », celles-ci non régulées par les parents du fait de leur éloignement dans une autre chambre durant la nuit. 

Le cerveau en embrasement neuronal sollicite aliments et oxygène en faisant appel au cœur et aux poumons. Le bébé est agité la nuit, les parents éloignés ne s’en aperçoivent pas nécessairement.. 

Ceci a fait croire un temps que nous préconisions de placer le bébé dans le lit des parents et nous avons dû répondre : « Same bedroom but not same bed ! »… lors d’une émission du « Téléphone sonne » proposée par RFO et son animateur Stéphane Bijoux. 

La suite fut marquée initialement par notre rencontre, portant sur ces questions, avec le pédiatre et chercheur belge André Khan ; lors d’un colloque organisé en 1988 par la fédération « Naître et Vivre ». Elle est explicitée en partie dans l’article ci-dessus rediffusé récemment par « Parallèles Sud », site réunionnais qui publie régulièrement nos travaux du CEVOI, désormais CEVE. Eloigné des centres spécialisés de métropole, j’étais domicilié, à l’époque, uniquement sur l’île de La Réunion.  

Nos velléités de communications autour de ce sujet de mort subite et inexpliquée du nourrisson (désignée à l’époque comme telle) ont commencé voici 40 ans avec les parents d’un couple d’amis ayant perdu une petite fille de cette façon.   

Après 40 ans de recherches sur ce sujet, il semble que la question reste encore ouverte sans que nos travaux aient été pris en considération. Nous les avons cependant communiqués à la Haute Autorité de Santé en 2021. 

Aujourd’hui, après la récente publication du livre du professeur en neurosciences et psychologue Matthew Walker, « Pourquoi nous dormons » (2018), je persiste à soutenir les mêmes hypothèses explicatives. Mieux, elles semblent renforcées du fait de nombreux travaux sur le « sommeil REM » relatés par ce chercheur outre Atlantique. 

L’énigme viendrait du cerveau qui a été maintenu, selon des exigences évolutionnistes – hypothèse plus que probable – à un haut niveau de connectivité lors du sommeil REM, « Rapid Eyes Movements ». Et ce particulièrement la première année, au point de faire penser que… pendant nos périodes de veille, le cerveau, étant moins sollicité, « se reposerait » !

Les rythmes cérébraux sont tels en sommeil REM qu’une thermodynamique qui les active (à réévaluer !?) mettrait à l’épreuve l’organisme, provoquant l’équivalent d’un stress inné. Celui-ci, lorsqu’il n’est pas régulé, peut entraîner la mort, conjugué à un autre stress, acquis, de se retrouver pour le bébé seul dans sa chambre, avons-nous vu. 

La première année du bébé, le sommeil est en phase REM à 80 ou 90 % de son temps, selon les auteurs, et alors que le chercheur Michel Jouvet nomma le REM : « sommeil paradoxal »). Ce serait essentiellement durant cette phase que les décès ont le plus de risques de se produire, alors qu’elle ne serait pas régulée culturellement. 

A Cilaos, commune des hauts de l’île de La Réunion où nous sommes intervenu particulièrement, il est rare de voir des maisons équipées de chauffage (pour des raisons économiques notamment), si bien que les bébés sont maintenus au chaud près du lit des parents. Or, aucune mort suite du nourrisson n’a été notée depuis… dans cette population.

De plus, il a été montré, en laboratoire, tel celui de Jouvet à Lyon, que les mamans proches de leur bébé, durant les nuits donc, tapotent leur bébé tout en dormant, lorsque celui-ci est agité.

S’instaurerait ainsi un accordage émotionnel entre maman et bébé et de là un sentiment de sécurité chez le bébé, prévenant et empêchant l’embrasement neuronal des « esprits frappeurs » (selon l’expression de Jean-Pierre Changeux cité dans nos travaux, voir lien ci-dessus).

Actuellement, après avoir préconisé la posture de dormir sur le dos, entre 350 à 500 décès se produisent toujours chaque année. La pédiatre que j’avais consultée se propose de faire un état des lieux de la question prochainement au siège de la Fédération « Naître et Vivre ».

Je rajoute quelques éléments dans ce courrier pour étayer la poursuite de nos travaux sur le sujet des MIN, désormais « morts inattendues du nourrisson ». 

La revue Spirale, qui sort un Numéro spécial sur « les émotions du bébé » et le livre « Pourquoi nous dormons » (2018) du neuro-scientifique et psychologue Matthew Walker, semblent confirmer nos hypothèses initiales.          

Nous pourrions peut-être envisager de considérer chaque humain comme unique « thermodynamiquement » avant de postuler une défaillance a priori organique. Selon nos déductions ce « syndrome », qualifié comme tel dans les années 1988, fut pathologisé a priori.    

De nos jours, on prendrait conscience de ces représentations. Elles firent écran à de nouvelles hypothèses explicatives réunies dans l’ouvrage de Matthew Walker du fait de ses nombreuses et récentes recherches aux USA à propos du sommeil REM. Sur le plan de l’évolution du langage parlé et articulé, les conditions cérébrales de présentations imagées se produisent avant que nous mettions des mots sur les images. 

Il se pourrait que le fin mot de l’histoire nous reporte à ce passé tumultueux neuronal quand des images étaient poussées par des pulsions hypothalamiques et téléo-sémantiques avant que nous puissions en être conscient, privé d’une possibilité de verbalisation. 

Dès lors la logique ne serait-elle pas d’attendre que l’enfant ait dépassé la première année ? et de lui offrir durant cette période une sécurité relationnelle avec ses proches ? C’est d’ailleurs ce que les pays nordiques (particulièrement la Suède ) pratiquent effectivement.

Dès lors, il nous faudrait recenser le nombre de MIN dans ce contexte en comparaison avec notre pays. 

Frédéric Paulus 

Président du CEVE 

Expert extérieur Haut conseil de Santé Publique. 

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