Frédéric Paulus

Endosymbiose, énantiodromie, exosymbiose, etc.

LIBRE EXPRESSION

Récemment, nous déplorions que la psychologie demeure « le maillon faible » des sciences du vivant.  Voir : https://www.temoignages.re/chroniques/di-sak-na-pou-di/la-psychologie-pour-le-meilleur-comme-le-pire-maillon-faible-et-pourtant-essentiel-des-sciences-du-vivant,100195

Cette réalité, difficilement contestable, devrait s’inscrire dans le contexte sociétal et épistémologique d’une dispersion, voire d’une disjonction des sciences du vivant.

Avec ce courrier articulant ces trois concepts et des outils pour penser, nous espérons avancer un début de synthèse vers cette intégration.

Tout d’abord, tentons de définir ces trois termes.

Le terme d’endosymbiose a été avancé par la microbiologiste Lynn Margulis connue pour avoir présenté, dans les années 1960, sa théorie endosymbiotique. Cette dernière suggère que les cellules eucaryotes seraient le résultat d’une suite d’associations symbiotiques avec différents procaryotes et organites telles les mitochondries.  A cette réalité, tel le Yin et le Yang, nous avons imaginé un « pendant », l’endosymbiose, l’exosymbiose, voir : https://parallelesud.com/les-cancers-langage-ou-maladie/

Nous avions ainsi soutenu l’hypothèse d’un début d’explication du cancer assimilable à un langage au niveau cellulaire, ne pouvant se traduire en mots mais s’exprimant en maux cancéreux. En d’autres termes, la sensibilité cellulaire, n’ayant pu se frayer un chemin informatif — selon des modalités d’expression symboliques et langagières — se trouverait enfermée au sein d’organismes agressés suivant de multiples sources causales (appelées facteurs de risques et stress divers). Cette sensibilité adopterait alors réactionnellement des modalités inversées aux processus symbiotiques qui auront façonné sur plusieurs milliards d’années cellules et organismes, processus dès lors appelé exosymbiotique [1].

Un autre regard sur la vie cellulaire

Cette hypothèse devient sujette à investigations depuis que les mouvements cellulaires peuvent être visualisés in vivo grâce à des technologies adaptées. Et ce, si l’on se réfère aux travaux annoncés du professeur en biologie moléculaire et embryologiste Thomas Lecuit lors de sa leçon inaugurale du 27 avril 2017 au Collège de France. Il dit : « Mes recherches sur les morphogènes m’ont convaincu d’évoluer dans mes approches en prenant davantage en considération la dimension temporelle des processus développementaux » (chez l’embryon de la mouche drosophile), etc. J’ai alors mis au point des méthodes de microscopie par fluorescence pour suivre en temps réel la dynamique de la membrane en repérant le processus de cellularisation par lequel se forment les cinq milles cellules épithéliales de l’embryon. J’ai tiré profit de nouvelles méthodes de vidéo-microscopie confocale et de la possibilité de fusionner une protéine d’intérêt avec des protéines fluorescentes afin d’en observer la dynamique in vivo. Ces innovations révélaient alors le monde encore largement ignoré de la dynamique cellulaire interne et ouvraient la voie à une approche renouvelée de la morphogenèse », p. 64, in Dynamique du vivant. Ces travaux sont prometteurs quand certains cancérologues prétendent que les cancers trouveraient leur « terreau » dès l’embryogénèse.

Pour nous, ce chercheur poursuit les travaux de Faustino Cordon qui soutenait — sans les technologies d’observation visuelle utilisées par Thomas Lecuit — que les cellules étaient dotées d’une sensibilité intrinsèque et d’une conscience de ce qui leur était favorable, ou non, pour vivre. La médecine holistique intégrative et évolutionniste, inspirée intuitivement notamment par le scientifique et philosophe Rupert Sheldrake (Réenchanter la science, Albin Michel, 2013), en arrive à cette même conclusion.
Dès lors, la symbiose décrite et affirmée par les biologistes Philip John (G.B.) et Lynn Margulis (U.S.A.) se voit remplacée par son contraire, l’exosymbiose, dans laquelle les mitochondries occupent une place centrale. Voir :

https://www.zinfos974.com/Cancer-s-Les-mitochondries-sentinelles-de-la-vie-mais_a157568.html

Aujourd’hui, nous suggérons d’aller plus loin dans l’interprétation de pathologies en dehors du cancer. Elle orienterait les énergies vitales d’une façon entropique, tels les infarctus, les collapsus vasculaires, les ulcères ou sur le plan psychique toutes les pathologies de l’introspection excessive et morbide.

Dès lors, le terme énantiodromie viendrait s’intercaler, favorisant une compréhension dynamique du vivant. C’est le psychanalyste Carl Gustav JUNG qui l’avança suite à différents tâtonnements cliniques et épistémologiques.

Existerait-il une loi physico-bio-psycho-sociale qui conduirait inéluctablement les excès à s’éliminer d’eux-mêmes en devenant entropiques à défaut d’être régulés ? Nous reviendrons sur cette alternative ultérieurement.

L’énantiodromie, principe énoncé par Héraclite et repris par Carl Gustav Jung puis par Watzlavick, souligne que chaque tendance excessive tend à se transformer en son contraire et qu’un excès de force dans une direction engendre une tension vers son opposé.

Nous en avons actuellement un exemple avec le « cas » Poutine, en nous permettant cette parenthèse. Et nous avions aussi, faut-il le rappeler, les « cas » Hitler ou Staline !

Notre pensée sous influence freudienne aurait tendance à interpréter tout excès entropique, créant du désordre par l’hypothèse de la pulsion de mort. Cette hypothèse véhicule une vision dualiste du corps-psychisme. Notre approche est moniste.

Nous suggérons a contrario en effet de penser que les énergies entropiques seraient liées à une intégration ontogénétique dysharmonieuse du vivant, ce qui nous ramène à l’éducation dès la conception du bébé, a fortiori dès sa naissance. Nous avons, pour mémoire, le cas de Salvador Dali dont les parents disaient, face aux « excentricités » du futur grand peintre : « Salvador n’aurait pas fait ça !». Celui que nous connaissons est né après le décès inexpliqué d’un frère le précédant dont les parents ne se remirent pas. Ils l’avaient déjà appelé… Salvador.

Frédéric Paulus, Directeur du CEVOI, Expert extérieur Haut Conseil de Santé Publique

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