Fermes-usines

LIBRE ESPRESSION

 Les militantes et militants de Greenpeace La Réunion dénoncent la responsabilité du préfet et exigent un moratoire national sur les fermes-usines.

Ce lundi matin, une dizaine de militantes et militants de Greenpeace La Réunion se sont mobilisés devant la préfecture de Saint-Denis, pour dénoncer la responsabilité de l’État face à l’élevage industriel et à l’essor des fermes-usines en France. Greenpeace exige un moratoire national sur la construction et l’agrandissement de ces méga-exploitations d’élevage .

Devant la préfecture, les militantes et militants de Greenpeace France, portant des masques de volailles et de cochons, ont déployé une banderole « Fermes-usines : ni ici, ni ailleurs », en référence aux 3010 fermes-usines situées sur le territoire français . Les conséquences délétères de l’élevage industriel étaient rappelées sur une autre banderole « Méga fermes = eau + air pollués », tandis qu’une autre appelle à mettre en place « + de fermes, moins d’usines », en référence au déclin du nombre d’éleveurs, notamment à cause de l’industrialisation de l’élevage. Des photographies de fermes-usines étaient également brandies pour témoigner des effets néfastes de ce modèle d’élevage.

Ce dispositif fait référence à la responsabilité directe de l’État dans l’industrialisation de l’élevage et l’essor des fermes-usines puisque ce sont les préfets qui délivrent les autorisations pour les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) d’élevage soumises au plus haut régime de classification.

Des actions simultanées dans toute la France et devant le ministère de l’Agriculture

Des centaines de militants et militantes sont également mobilisées devant 22 autres préfectures, avec le même dispositif. A Paris, des activistes de Greenpeace ont simulé une ferme-usine et déversé du lisier devant l’entrée du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire pour exiger la mise en place d’un moratoire national sur tous les nouveaux projets de création ou d’extension de fermes-usines en France.

Les citoyennes et citoyens peuvent aussi faire entendre leurs voix en signant une pétition lancée par Greenpeace et rassemblant déjà plus de 150 000 personnes.

L’élevage industriel : un fléau aux multiples conséquences négatives

Les fermes-usines ont de multiples conséquences négatives : émissions de gaz à effet de serre, pollution de l’eau par les nitrates qui favorisent par exemple la prolifération d’algues vertes, pollution de l’air par les émissions d’ammoniac, risques sanitaires pour les riverains et les animaux, perte d’autonomie des éleveurs et éleveuses… [6]. Face à la crise environnementale et climatique, le secteur de l’élevage doit faire l’objet d’une profonde transformation, qui commence par la mise en place d’un moratoire national sur tous les nouveaux projets de construction ou d’extension de fermes-usines en France. Cette refonte est nécessaire pour déployer et soutenir d’autres modèles d’élevage sur le territoire qui existent déjà : des élevages écologiques et paysans, adaptés aux territoires, qui respectent les limites planétaires, basés sur les pratiques de l’agroécologie et qui permettent l’autonomie des éleveurs [7].

La « grande loi agricole » de E. Macron : un échec pour la transition agroécologique ?

Cette mobilisation intervient alors que la publication du pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA), promis il y a un an par E. Macron, a été maintes fois reportée et dont le contenu reste très flou. Greenpeace exige que cette loi intègre la nécessaire transition de l’élevage : celle-ci doit être planifiée et accompagnée, au risque d’assister passivement à la disparition progressive des élevages les plus vertueux au profit d’exploitations industrielles, dont le nombre continue d’augmenter. Si le gouvernement souhaite réellement soutenir et voir de plus en plus d’éleveurs et d’éleveuses sur le territoire français, il est nécessaire d’amorcer une sortie de l’élevage industriel en France.

Bernard Pade

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