Fresque de Méo représentant Zoli Kèr, au lycée de Vincendo à Saint-Joseph.

[Fresque de Méo] A vif

ART

La polémique publique sur l’œuvre que l’artiste Méo a peinte au lycée de Vincendo aura duré une semaine entière. Sur les réseaux sociaux et à travers les communiqués de presse, les avis tranchent et écorchent les uns et les autres, s’affranchissant souvent de toute subtilité dans l’analyse. Au-delà des arguments des pours et des contres, le débat révèle la plaie à vif.

Fin de la partie. L’artiste engagé Méo, 46 ans, a obtenu gain de cause dans le conflit qui l’opposait à la direction du lycée de Vincendo. Les experts du pôle « valeurs de la République » du ministère de l’Éducation nationale, sollicités par l’établissement, confirment la position du Rectorat de conserver telle quelle l’œuvre du graffeur. Elle est donc bien jugée conforme aux « valeurs républicaines ». Méo a été finalement payé et ses textes explicatifs accrochés directement sur la fresque.

Parallèle Sud s’est retrouvé un peu par hasard au cœur de la polémique, là où tout est parti : le lycée de Vincendo, à Saint-Joseph. Lundi 15 avril, c’est la reprise pour nous ; notre deuxième saison d’éducation aux médias et à l’information (EMI) dans cet établissement s’apprête à débuter. Le projet s’articule autour du développement de la webradio du lycée. En traversant la cour, on lève la tête devant l’impressionnante fresque qu’a peinte Méo et qui recouvre un mur entier du bâtiment.

« Zistwar la Rényon »

Léa, notre intervenante EMI en service civique, m’accompagne pour ce premier cours. On commence avec une classe de seconde par la présentation du métier de journaliste. Une petite revue de presse des infos qui ont marqué les lycéens. Rapidement, les élèves abordent la polémique à laquelle ils ont assisté via les réseaux sociaux.

« Nous, on fait partie de la France », s’agace une jeune qui ne comprend pas que l’inscription « Histoire de France » soit barrée et remplacée par « Zistwar la Rényon » sur la première de couverture du livre au pied du jeune garçon peint par l’artiste. « On ne nous apprend pas notre histoire, je ne comprends pas qu’on cherche à censurer un artiste qui veut juste mettre ça en avant », estime une autre. « Moi je me sens Réunionnaise avant tout. »

Les lycéens ont tous leur avis, plus ou moins tranché sur la question. Aucun débat n’a été mis en place par l’établissement dont les professeurs sont déjà bien occupés, alors les élèves n’ont pas hésité à se positionner sur les réseaux sociaux. Un compte « élève du lycée de Vincendo » a été créé sur Instagram, d’autres ont commenté les articles de la presse en ligne ou les posts qui ont inondé les fils d’actualité sur leurs téléphones.

Menaces et agressions verbales

Visiblement les élèves ne sont pas les seuls à ressentir ce besoin de s’exprimer, en tant que premiers concernés. Le proviseur et le proviseur adjoint, avec lesquels nous travaillons depuis l’an passé, nous font part à demi mot de leur désarroi par rapport à la polémique exponentielle et aux menaces et agressions verbales à leur encontre sur internet. « On se sent bailloné », lâchent-ils.  « Au-delà de nos fonctions, on aimerait bien s’exprimer, et en attendant, c’est les autres qui utilisent l’espace. »

Les fonctionnaires ont un droit de réserve et se sont très peu exprimés depuis le début de la polémique qui a accaparé beaucoup de leur temps et de leur énergie. Ce lundi, ils attendent encore un positionnement du rectorat et essuient des critiques appuyées de la part de représentants politiques (Emeline K’Bidi, Ericka Bareigts, le PLR…) qui n’ont pas pris la peine de les contacter. En attendant, ils font le dos rond. Ils ont reçu avec dépit le soutien du parti Reconquête Réunion, le parti d’Eric Zemmour, qui soutient Marion Maréchal Le Pen aux prochaines élections. Un soutien dont ils se seraient bien passés tant il semble éloigné de leur démarche initiale.

« Ça donne l’image de la gauche et de l’extrême droite qui s’affrontent, avec nous au milieu. Certains cherchent à politiser cette affaire alors qu’à la base, c’est un conflit entre l’artiste et l’établissement. Le lycée est le commanditaire de l’œuvre et ce monsieur le prestataire. Et le contrat de départ n’a pas été respecté », pointe le proviseur, Jean-Hugues Arthémise.

« Un espace neutre, apolitique »

« En tant que responsable d’établissement, je suis garant de la légalité. Je n’ai fait que mon devoir dans ma zone de compétences pour garantir aux élèves et au personnel un espace neutre, apolitique, conforme aux attentes scolaires », assure le proviseur en invoquant le code de l’éducation L141 5.2 article 10 sur la protection de la conscience des élèves en milieu scolaire.

Les deux responsables d’établissement dénoncent une « mauvaise foi » de la part de Méo qui aurait selon eux « prémédité » son geste en peignant les lettres litigieuses sur le livre, trois jours avant la fin de son travail qui s’est étalé du 12 au 29 février. Méo a ensuite refusé de faire les modifications demandées. Méo conteste (lire par ailleurs) même s’il reconnaît que le dessin a évolué entre celui qui a été proposé à la direction de l’établissement en février et celui qui a été réalisé. Les réactions de certains professeurs et d’un syndicat d’enseignants seraient à l’origine du conflit.

Les deux responsables du lycée revendiquent leur volonté au quotidien d’accompagner au mieux les élèves dans une démarche d’émancipation. Le lycée de Vincendo, situé dans un quartier excentré, rural, est parmi les meilleurs de l’île en termes de résultats scolaires. Le proviseur adjoint, Sébastien Narayanassamy, regrette que malgré ce constat brillant, les jeunes ne poursuivent pas très loin leurs études.

Bumidom, enfants de la Creuse, maronnage…

La commande d’une fresque à l’artiste Méo s’inscrit dans une volonté de valoriser les origines des lycéens de Vincendo, d’où le nom du projet qu’ils ont intitulé « Celui qui oublie ses racines n’atteint pas sa destination ». « On a commandé trois choses : l’union, l’harmonie et la paix, on a récolté la désunion, la haine et la guerre », commente désabusé le proviseur Jean-Hugues Arthémise.

N’en reste pas moins le fond du problème soulevé par la polémique : en 2024, de nombreux Réunionnais souffrent de ne pas connaître suffisamment leur histoire et d’avoir été trompés sur leur identité. L’école selon eux serait directement responsable de ce passage sous silence. Certains lui reprochent même d’avoir effacé la culture locale au profit de la culture nationale, la culture française, privilégiée et valorisante. Ce dont le graff de Méo se fait l’écho.

« Ça a bien changé depuis les années 80 », affirment les responsables du lycée de Vincendo, qui mettent en avant la loi Taubira qui, depuis 2001 impose d’enseigner l’histoire de l’esclavage et de la traite négrière à l’école. Toutefois, force est de constater qu’aujourd’hui encore, la langue créole se parle de moins en moins parmi les jeunes générations, s’écrit peu, et que des événements marquants de l’histoire comme les avortements forcés, le Bumidom, les enfants de la Creuse ou encore le maronnage sont encore largement méconnus des jeunes.

Nouveaux imaginaires

« J’ai eu de super retours d’élèves en privé après leur avoir raconté l’histoire de Zoli Kèr », raconte Méo. « Ils m’ont dit ‘bravo parce qu’on ne savait pas qui étaient Cimendef, Mafate, Phaonce. On est allé chercher et on a vu l’importance que ces personnes ont eu dans notre histoire. On a réalisé que ce n’était pas que des noms de lieux ou de randonnées.’ »

Ce déficit dans la transmission du patrimoine historique, dans la considération de la culture réunionnaise – et tout ce que ça implique – est de plus en plus saillant et insupportable pour une partie de la population. Artistes et militants occupent le terrain, esquissent de nouveaux imaginaires. Mais le ressentiment de certains monte, les discours se polarisent, au risque parfois de tomber dans des simplifications voire des attaques violentes sur les réseaux sociaux où s’exprime tout un chacun.

Jéromine Santo-Gammaire

Méo : « Je n’aurais pas pensé qu’un simple graff serait allé aussi loin »

Comment accueillez-vous la nouvelle de la décision du Rectorat ?

Méo : Bien, je suis content que ça se termine enfin, que le Rectorat se soit positionné et que je n’aie pas atteint les valeurs de la République comme certains m’en accusaient. J’ai pas trop compris parce que mon message c’était pas d’attaquer qui que ce soit, c’était juste pour les marmays. Je voulais leur dire : « Apprenez ce qu’on vous enseigne à l’école, mais quand on vous apprend l’histoire de France n’oubliez pas que vous avez votre propre histoire ici à La Réunion. Oubli pa ousa ou sort. »

Ça vous a touché la polémique sur votre œuvre ?

On s’est arrêté sur une phrase de ce livre alors qu’il y avait plein d’autres messages à travers pleins d’éléments du graff. C’est dommage.

Quels étaient ces messages ?

Il y a le roulèr sur lequel est assis l’enfant et sur lequel on voit la carte de La Réunion. La symbolique est que si vous prenez les battements du roulèr et que vous les ralentissez, ça fait comme les battements d’un cœur. Les battements du roulèr sont comme les battements du cœur de La Réunion.

Ensuite, il y a deux oiseaux. Un moutardier et un bengali qui font référence à une chanson de Firmin Viry. Le moutardier, c’est un oiseau qui existe encore mais qui est très rare et le bengali a complètement disparu de l’île. C’est pour dire aux enfants vous avez aussi cette faune très fragile à La Réunion et il faut la protéger.

Le bertel c’était un clin d’œil au savoir-faire manuel, comme on était dans la zone du sud sauvage. Et la couleur orange ocre c’était pour rappeler le curcuma, le safran, et aussi le Cap jaune qui se trouve pas loin d’ici.

Avec le cardinal, j’ai rajouté une touche personnelle de mon histoire. On m’a toujours transmis que cet oiseau est un messager, que lorsque je le vois à la fenêtre, c’est qu’il a quelque chose à me dire. C’est pour ça que, dans mes fresques, quand j’ai un message à faire passer aux enfants ou autre, il est toujours là. C’est aussi le cas de Zoli Kèr.

Après, il y a l’herbier. Il a cette symbolique de transmission de générations en générations pour soigner. On voit des plantes qui dépassent, il y a le géranium rosat, le bois de Joli Cœur parce qu’il y avait un groupe d’élèves qui fabriquaient un savon à base de géranium et de Joli Coeur. La fresque était ouverte à participation, c’est pour ça que le dessin final n’est pas le même que celui du début. J’ai demandé aux élèves ce qu’ils voulaient que je rajoute. L’herbier, les plantes, les stylos, chacun donnait son idée. C’est pour ça que je dis qu’il ne s’agit pas que de ma fresque, c’est aussi la fresque des marmays.

Comment vous est venue l’idée d’écrire une histoire pour en tirer cette image ?

L’histoire je l’avais déjà écrite. En fait, la plupart du temps, j’écris le texte avant de créer l’œuvre pour avoir un support à raconter pour les marmays. Si c’est pour faire une fresque juste pour faire joli ça m’intéresse pas trop. Mais je suis pas un poète, chacun son domaine, moi c’est le dessin.

Vous vous attendiez à des réactions par rapport à cette œuvre ?

A la base du projet, ils m’avaient commandé une fresque à but pédagogique. Les responsables du lycée m’avaient contacté fin 2023, ils m’ont donné le thème de la fresque « celui qui oublie ses racines n’atteint pas sa destination », et ils m’ont dit ‘on te choisit parce qu’on connait tes engagements’. Ils me donnaient carte blanche donc j’ai dit ok et on s’est revus début février.

Ce sont les professeurs qui ont lancé la polémique. Les proviseur et proviseur adjoint ont été pris en tenaille, c’est humain. Ils ont eu peur de leur image. Ce que je regrette, c’est que les personnes qui sont allées se plaindre auprès du proviseur ne sont jamais venues me voir. Je les ai pourtant invitées plusieurs fois et la salle des profs est située à 18m de l’endroit où je graffais.

Je viens pour les marmays. Je ne m’attendais pas à ces réactions. Je ne suis pas venu faire de la provocation ou créer la polémique. J’aurais même pas pensé qu’un simple graff serait allé aussi loin. Ca m’a bien dégouté, je me suis remis en question, je suis allé voir d’autres artistes engagés. Je peins avec mon cœur et je me retrouve jugé sur ce que j’ai fait.

Ce que je raconte, c’est une fiction. Zoli Kèr, c’est lui qui a un message à faire passer. Comme lui, on a tous été jeune et on a tous raturé, ça reste un geste naïf. Si dans un film il y a un viol, on va accuser le scénariste d’être un violeur ?

Pour moi, il n’y a pas de débat zorey créole. Beaucoup de profs métro ont compris le message d’ailleurs.

Est-ce que dessiner l’inscription du livre à la fin était décidé délibérément ?

J’ai peint du 12 ou 29 février. Les élèves d’autres établissement sont venus voir l’avancée du travail à partir du 20 février. Mon objectif, c’était de placer tous les éléments avant que les élèves viennent voir la pièce. J’ai fait le livre rayé le 19 février avec l’écriture et tout, j’ai même des vidéos qui l’attestent. La polémique a commencé quand des profs sont allés voir le proviseur dans son bureau le 21. Donc ils savaient. Non, ce qui a fait changer la direction de position, c’est lorsque le syndicat de profs est monté au créneau le mardi 27 février.

Le proviseur m’a dit ça plait pas, est-ce que tu peux réfléchir à autre chose. J’ai répondu qu’il n’y avait pas de problème mais que je ne pouvais rien garantir, que je devais d’abord terminer. Et finalement je n’ai pas modifié. Je n’ai jamais eu de convention signée précisant qu’il ne fallait pas peindre ci ou ça. Eux-mêmes connaissaient mon engagement. Dans ce cas, fallait pas me donner carte blanche. Si j’avais fait ça en dehors de l’établissement, ça aurait été pareil, j’aurais fait la même chose.

Je suis au clair avec moi-même.

Est-ce c’est quelque chose que vous faîtes souvent d’intégrer des messages à travers vos graffs ?

Dans tous mes graffs, il y a un message, soit par rapport à l’histoire, un proverbe… Chacun est libre d’interpréter comme il le voit. J’essaie de faire le pont entre l’ancienne génération et la nouvelle génération numérique.

A Ravine blanche, quand j’ai peint un enfant avec une roue et un bout de bois, pleins de marmays sont venus me voir pour me demander ce que c’était. Je leur ai dit d’aller demande à leurs grands-parents. Pour moi c’est important la transmission de notre histoire, faut que tout ça continue à vivre.

ITW : JSG

Lire également, sur le même sujet, dans notre édition du 19 avril 2024 les contributions de Tishka Varèse, Méo, Zolikèr et le récit national, et de Jean-Louis Robert, Toush pa mon zistwar.

  • Fresque de Méo représentant Zoli Kèr, au lycée de Vincendo à Saint-Joseph.
  • Fresque de Méo représentant Zoli Kèr, au lycée de Vincendo à Saint-Joseph.

L’histoire de Zoli Kèr

« Zordi Zoli kér la désid alé maron.
Li té vé vid son kèr, dévid son santiman si bor ranpar kap zone.
Li la pa oubli son bértél vakoa momon la trèss po li ;
Anndanla navé tout’son bann liv lékol ék son bann léstilo tout’koulér.
Dan son tèt néna in ta kestyon i rézone, in ta leson lékol i maye.
Akoz mon lamontrér lékol i koz pa mwin maron marone ?
A koz kan mi di » ali, atwé, amwin « li ral su mon karabi ? Gramoun Viry la di » mon papa moutardié… mon monmon bingali «
Amwin » Zoli kér « ek mon ti tèt sevé konyié, mon po koulér la bou, mi rotrouv pa la tras’mon bann dann mon liv listwar la Frans-la ? Ousa nou lé ?
Akoz dann » se « liv listwar, zot i rakont amwin solman zistwar Charlemane, lo bann Golwa, la révolisyon 1789… Napoléon !
Amwin, Zoli kèr, mon zansèt i sort an Afrik, Madagaskar ! Minm mon dalon Yab, souvandéfwa dan son bann zansèt na pwin solman Golwa : néna osi tout’kalité nasyon ! Ousa la tras-la i lé ? Ousa listwar nout bann nasyon i lé : Kaf, Malgas, Malbar, Sinwa, Zarab…
Kisa i koz lad-si ? Ousa i explik-sa ? Kisa lamontrèr i pé rakont anou nout listwar éfasé ?
Akoz, zot i rakont pa mwin osi listwar bann maron(e) la batay pou zot liberté, zot dinité, lonèr é la vi nout’bann ?
Dan zot liv, kel paj mi pé rotrouv bann shèf maron Cimendef, Phaonce, Dimitile… ?
Zéro kalbass la fimé granbwa komdi madame Zakline ! »
Dan son lélan, Zoli kér i pran lo liv « Histoire de France », é li désid… éfas lo tit !
li vé dir anou ké li rokoné pa li dan « se » listwar-la ! Li vé i mèt dédan listwar gomé !
Pa grav… li va giny koud’zok, mé li la désid ékri son Listwar, Listwar bann Rényoné la rès dann fénwar, sat i rosanm a li vréman.
Lao dann pié filao, zwazo la antandi son roulér,
Toudswit, an bann… kardinal lad’sand, la antour a li po ékout son fonnkér !
Astér li larg son kozé :
« A zot foudi, a zot ti zwazo rouz, zwazo Lamour, a zot mon bann mésazé !
akout a mwin é alé di bana : nou néna nout Listwar, in gran listwar, ek domoun vréman gabyé !
Alé di bana, i fo pa nout lang i étin, fo nou lé fiér nout gayar,
Vol é Alé di partou, i fo le son roulér i kontinié fé bat lo kér la Rényon, son pèp !
Nout kréolité, sa mém nout fors.
Si nou vé alé lwin… oubli pa ousa nou sort, koman nou la ariv-térla !
Nout bann maron la mont anou shomin, la mont anou kosa in vé dir » léspri dobout « !
Kan ou lé dan la montane… lèv lo zyè dann santié, ékout son réspirasyon…
Lès pa personn kraz out dinité…

Méo

A propos de l'auteur

Jéromine Santo Gammaire | Journaliste

En quête d’un journalisme plus humain et plus inspirant, Jéromine Santo-Gammaire décide en 2020 de créer un média indépendant, Parallèle Sud. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste dans différentes publications en ligne puis pendant près de quatre ans au Quotidien de La Réunion. Elle entend désormais mettre en avant les actions de Réunionnais pour un monde résilient, respectueux de tous les écosystèmes. Elle voit le journalisme comme un outil collectif pour aider à construire la société de demain et à trouver des solutions durables.