Hélilagon hélicoptères

Hélicoptères : à La Réunion comme à Saint-Tropez

LIBRE EXPRESSION

Réduire le trafic des hélicos : c’est possible 

La Réunion est identifiée avec la presqu’île de Saint-Tropez comme un territoire sensible au regard des nuisances aériennes subies par la population, notamment par les hélicoptères. 

A ce titre, l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa) a publié deux rapports, en août 2022 puis un second en août 2023, qui abondent de recommandations pour limiter les nuisances sur ces deux territoires. 

Ces rapports ont valeur de feuille de route pour les préfectures concernées qui doivent donc se saisir à bras le corps de ce sujet environnemental et sanitaire crucial en appliquant à minima les préconisations de l’Acnusa. 

Enfin une préfecture courageuse

La préfecture du Var, sous l’impulsion du ministre des Transports Clément Beaune, est justement allée bien au-delà en durcissant de manière historique la règlementation locale. 

En effet, les nouvelles règles fixées par l’arrêté préfectoral du 10 août 2023 pris par la préfecture du Var permettent une réduction de 80 % du trafic des hélicoptères avec des limitations quotidiennes et hebdomadaires du nombre de mouvements inédite ! 

En effet, certaines hélisurfaces à usage commercial ne pourront pas compter plus de 2 allers- retours quotidiens sans excéder 6 allers-retours hebdomadaires : ce volume correspond à ce que certains d’entre nous supportent chaque jour en moins d’1 heure et ce 365 jours par an ! 

Alors, pourquoi pas chez nous ? 

Une idée tenace mais totalement fausse empoisonne le débat à La Réunion : certains croient dur comme fer que les hélicoptères nous sont indispensables ! Pour désenclaver Mafate ou pour des travaux aériens, oui, sans aucun doute. Mais pour le tourisme, c’est un NON catégorique. 

Quelques chiffres de 2019, année de référence pré-Covid, permettent de le comprendre : 

  • 60 000 passagers estimés pour 600 000 touristes : sachant qu’une bonne partie des passagers des aéronefs sont des locaux, on peut affirmer qu’au minimum 90 % des touristes venant à La Réunion ne sont pas clients du tourisme aérien,
  • le chiffre d’affaires des compagnies d’hélicoptères représentaient 0,09 % du PIB de La Réunion,
  • les effectifs salariés de ces mêmes compagnies représentaient 0,03 % des effectifs salariés à La Réunion.
    En clair, les entreprises du tourisme aérien ont un poids ridicule dans l’économie réunionnaise et ne sont donc en aucun cas vitales.
    Lorsqu’on sait en outre que les aéronefs sont défiscalisés en totalité, et que le kérosène ne supporte pas de taxes, on comprend mieux l’appétit des exploitants pour des survols toujours plus nombreux. 

Oui, il faut durcir la règlementation locale

Alors qu’il est maintenant impossible de randonner dans un cirque, de rester sur une plage, d’aller au volcan ou dans les Plaines sans devoir supporter le bruit d’une cohorte d’hélicoptères et d’ULM de tous types, il est clair que le tourisme aérien nuit totalement à la destination Réunion en dégradant à ce point l’environnement.
En effet, les touristes ne viennent pas à la Réunion « pour faire de l’hélico » mais viennent pour y découvrir un site classé patrimoine mondial de l’Unesco, des paysages à couper le souffle tous accessibles, et une biodiversité fabuleuse. C’est d’ailleurs ce que vante l’IRT !
Ils ne viennent pas pour entendre chaque jour 40 hélicoptères et une centaine d’ULM déverser partout pollution sonore, particules fines, dioxyde de carbone, oxyde d’azote, monoxyde de carbone, hydrocarbures imbrûlés, oxyde de soufre et autres particules de suies !
La population réunionnaise survolée est également à bout de nerfs en devant supporter annuellement un nombre de mouvements équivalent à celui de la presqu’île de Saint-Tropez. En effet, cette dernière comptait au total 23 000 mouvements en 2019 alors qu’ici, les seules hélistations de l’Ouest (Ermitage et Eperon) en comptent plus de 16 000 par an !

Il y a urgence

La Réunion est donc au même niveau de nuisances subies que la presqu’île de Saint-Tropez et l’arrêté pris par la préfecture du Var doit être un exemple à suivre. 

Il a pu être pris car le pouvoir des préfets a justement été renforcé en 2022 dans ce but. Monsieur le préfet de La Réunion a donc ce pouvoir de réglementation locale. 

Nous lui demandons donc de prendre ses responsabilités, de s’affranchir des idées reçues et des influences, et de se rendre au service de la population réunionnaise en prenant un arrêté aussi restrictif incluant les hélicoptères, les ULM et interdisant toute nouvelle création d’hélisurface. 

Kolair 974 

Membre de l’Union Française Contre les Nuisances des Aéronefs – UFCNA Membre de Halte Hélico 

A propos de l'auteur

Kozé libre

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