[LIBRE EXPRESSION]
Les îles situées au large des côtes iraniennes, dans le Golfe persique ou dans le Golfe d’Oman, forment un large archipel sur la côte ouest de la province d’Hormozgan qu’un travail prospectiviste propose de transformer en « quais des futurs ».
On pourrait aussi les appeler les îles du Ponant Perse. Ce nom faisant référence à leur situation géographique occidentale : au Ponant, là où le soleil se pose. Ces îles ont également en commun de ne pas posséder de lien fixe avec le continent (pont ou route submersible). Elles peuvent jouer un rôle d’espace de la diplomatie des deux rives.
L’insularité : des atouts et des contraintes
Vivre sur une île c’est faire partie d’un petit monde, fait de chaleur humaine, de solidarité et de fierté de vivre sur des lieux si singuliers, jalousement protégés par la mer. C’est tout un art de vivre. Mais c’est aussi des contraintes sociales, vivre dans un univers où chacun se connaît… L’angoisse si l’accident arrive et que la météo n’est pas favorable. La contrainte de circulation qui, à une époque de déplacements faciles et rapides, est fort mal ressentie. C’est la rareté de certains services. Il y a aussi le coût élevé de la vie, le manque d’emploi, la pression foncière… Tout cela est très variable d’une île à l’autre.
Vivre sur une île c’est donc avant tout vivre différemment. L’insularité impose que soient réunis en un même temps et en un même lieu les conditions mêmes de l’existence et de l’épanouissement. Si l’un vient à manquer, c’est l’exil. Un fil rouge traverse toutes les formes de l’Arc de l’Innovation, qui se construit à la manière d’un récit composé de trois épisodes dont le thème est l’insularité, le dialogue des deux rives, et les technologies du futur.
À l’instar du Koweït, de Bahreïn, du Qatar ou des Emirats Arabes Unis qui ont entretenu leur passé maritime lié aux pêcheurs de perles, prenons l’exemple de l’île de Kish qui pourrait devenir une vitrine des biotechnologies marines où s’expérimenteront des solutions innovantes issues des algues sur les façades des immeubles. Par exemple, des prototypes de «mur d’algoculture » permettront de cultiver des algues afin de les utiliser comme capteurs solaires biologiques, grâce à la photosynthèse, ou pour créer du biocarburant.
Carrefour du monde
Pourquoi ne pas imaginer des ambiances musicales liées à la mer dans des bassins qui pourraient véhiculer des sons de l’océan ? Au niveau mondial, l’accélération des mutations économiques nous amène à vivre, consommer, acheter, travailler, bouger, nous divertir autrement. De nouveaux usages reconfigurent les manières de vivre ensemble et modifient notre environnement, nos comportements et nos modes de vie.
On dit que la province iranienne d’Hormozgan et son principal port (« Bandar-e-Hormoz ») ont été particulièrement prospères entre 241 av. J.-C. et 211 av. J.-C., mais son Importance a crû encore grâce son rôle de carrefour commercial avec ses îles. Marco Polo a visité le port de Bandar Abbas en 1272 et en 1293, et a décrit l’importance de la joaillerie perse, de l’ivoire et de la soie d’Indochine, et des perles de Bahreïn dans les bazars des ports d’Hormuz. Zheng He, explorateur maritime très célèbre en Chine, a visité la région dans son expédition de 1413-1415.
Depuis deux mille cinq cents ans, les côtes du Golfe persique ont joué un rôle de carrefour du monde pour conclure des affaires mais également pour partager des idées, des expériences et des inspirations.
Une biennale internationale de mobilier urbain, événement éphémère pourrait permettre de tester en grandeur réelle les créations de designers urbains. Et ainsi de choisir le mobilier qui participera demain à définir l’identité de base arrière insulaire pour développer la diplomatie des deux rives du Moyen-Orient, entre ressources de la mer et technologies.
Kevin LOGNONÉ