La fermeté de Macron à l’épreuve

LIBRE EXPRESSION

Le 15 août 2021, les Talibans triomphent à Kaboul après 20 ans d’occupation occidentale. Un mois après, le 15 septembre 2021, l’Australie met fin au contrat de construction de 12 sous-marins français conclu en 2016. Dans les 2 cas, nous avons à faire à un « putch ». Quelle a été la fermeté de la France? 

Tout démarre par un accord politique conclu le 29 février 2020 entre les Etats-Unis et les Talibans. Cela se passe à Doha, capitale du Qatar, dans une mise en scène médiatique. Le Secrétaire d’Etat américain est venu épauler son négociateur. Le gouvernement Afghan légitime en est exclu. On a beau cherché la fermeté de Macron devant ce coup de force antidémocratique. Il sera un peu plus réactif quand Biden a chipé à la France le « contrat du siècle » : 34 milliards pour la construction de sous-marins pour l’Australie ! C’est 4 fois le montant des 7,8 milliards qu’ont rapporté la vente des 36 avions Rafales à l’Inde. Même là, la fermeté n’a pas dépassé le stade de bouderie. 

A chaque fois, les « putchistes » américains arrivent à leur fin en avançant une explication politique, puis le Président Français rentre dans les rangs. L’accord sur le retrait américain devait ouvrir une ère de gouvernance et de prospérité entre Afghans. L’Australie avait besoin de sous-marins à propulsion nucléaire pour contrecarrer la Chine. Non seulement la France aurait pu les construire mais elle a été exclue de la nouvelle coalition AUKUS (AUstralie-Kingdom-US) qui s’en est suivie. Quelle a été la fermeté de la France? 

L’humiliation est à son comble quand on apprend que  le sort du contrat du siècle a été réglé entre Américains, Anglais et Australiens, à la réunion du G7 qui s’est tenue en Angleterre en juin 2021, dans le dos du président Français alors qu’il était présent. Ainsi, 2 mois avant le 15 août 2021, l’effondrement afghan n’était pas la priorité. La fermeté de Macron s’est heurtée à la ligne de défense des intérêts anglo-américains. 

On retrouve actuellement la même ligne divergente en Afrique où la France n’est pas soutenue par les Etats-Unis. L’une défend son arrière-cour historique avec des propos surprenants. L’autre doit faire face à la séduction qu’exercent la Russie, la Chine et l’Inde envers la jeunesse africaine et ses revendications. Biden a fait rapatrier les ressortissants américains et a invité le Président du Nigéria, à le rencontrer, en marge de la prochaine Assemblée Générale de l’ONU, fin septembre. Ce calendrier international fixe les limites de la fermeté de Macron. Va-t-il se présenter en triomphateur de la France et de l’Occident, au G20 qui se tient en Inde les 9 et 10 septembre? 

Ary Yee-Chong-Tchi-Kan

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