La guerre de Trump dans laquelle La Réunion est impliquée

LIBRE EXPRESSION

Le 31 août 2025, le Premier Ministre indien, Narendra Modi, participe au sommet annuel de l’OCS (Organisation de Coopération Shanghaï), à Tianjin (Chine). En marge du Sommet, une rencontre bilatérale est prévue avec Xi Jinping. Dans un message écrit sur X, le dirigeant indien note que « des relations stables, prévisibles et constructives entre l’Inde et la Chine contribueront de manière significative à la paix et à la prospérité régionales et mondiales ». Poutine sera également présent. Il participe au défilé militaire de la Chine pour commémorer la victoire patriotique sur le fascisme japonais, lors de la 2e guerre mondiale. 

Cet événement sera mis en balance avec la guerre commerciale unilatérale menée par Trump et toutes les tentatives de bloquer le développement de la Chine. Globalement, c’est l’échec de « la stratégie indopacifique » initiée par les pays occidentaux et l’Otan qui repose sur l’exacerbation des divisions entre l’Inde et la Chine. Déjà, l’an dernier, en octobre, la veille du sommet des BRICS, à Kazan (Russie), XI et Modi ont créé la surprise en annonçant la fin de la confrontation frontalière par la co-gestion de la partie contestée. Sans nul doute, ils feront un bilan positif des avancées obtenues depuis 10 mois. 

Le contraste est saisissant avec la politique des Etats-Unis et celle des puissances européennes, empêtrées dans leurs guerres infinies, nostalgiques d’une époque impériale. Ils ont pillé l’Inde, provoqué la famine et divisé son territoire. Ils ont fait la guerre à la Chine  pour ouvrir ses ports au commerce de l’opium et ils se sont installés à demeure. L’Inde et la Chine étaient 2 puissances commerciales avant la colonisation. Devant la résistance des pays en développement, les Etats-Unis disposent encore de 750 bases militaires réparties dans le monde et ainsi que l’Otan, la seule coalition militaire active. Ils se font la guerre entre eux jusqu’à l’insulte. En 2023, Trump accuse Macron de « lécher le cul » du président chinois. En 2025, c’est un « ami ». Il l’aime jusqu’à l’os !

Dans ce contexte, c’est une aberration de positionner La Réunion comme une base militaire dans une stratégie indopacifique totalement formelle. On bavarde sur l’indo-pacifique et on se fait plaisir, avec l’argent public qui finit dans des voyages et de petits fours. Macron est venu à la Réunion pour concrétiser cette ligne politique. L’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN) est à la manœuvre. Des Universitaires se prêtent au jeu mais surtout des Collectivités et leurs élu-es. En décembre dernier, la directrice de recherche à l’IRIS, co-responsable du programme Asie-Pacifique, directrice de l’Observatoire géopolitique de l’Indo-Pacifique, Marianne Péron-Doise écrit « L’Indo-Pacifique a constitué une priorité incontestable de la première présidence de Donald Trump. C’est en effet ce dernier qui avait, avec une certaine prescience, adopté cette terminologie proposée par le Premier ministre japonais de l’époque, Shinzo Abe, pour en faire l’épicentre de la politique étrangère des États-Unis et d’un discours très anti-chinois. » 

Une question se pose . Depuis quand les Réunionnaises et les Réunionnais ont été consultés sur ces dangers stratégiques pour La Réunion, au point de nous aligner sur les élucubrations des Etats-Unis et des Européens vis-à -vis de la Chine ? L’hypocrisie de la bien pensance est telle qu’on trouve normal d’offrir une place d’observateur à la Chine dans la Commission de l’Océan Indien pendant que La Réunion n’a pas le droit de signer des accords de coopérations régionales avec ses voisins. La stratégie gagnante pour La Réunion est de signer des accords de développement tous azimuts, gage de tranquillité et de paix. Suivez l’actualité et les décisions de l’OCS, c’est l’exemple d’un voisinage en construction où vit la moitié de la population mondiale qui ont , eux-aussi, des besoins primaires comme nous. Et nous, nous n’avons même pas un million d’habitants à nourrir. 

Ary Yee Chong Tchi Kan