La haute sensibilité, un potentiel sensible à déployer

PSYCHOLOGIE

L’hypersensibilité, ou plutôt la haute sensibilité, comme préfère l’appeler la thérapeute Fanny Jimenez, touche près de 31 % de la population mondiale, soit environ 3 personnes sur 10. Ce trait de caractère se présente comme un réel défi à relever au quotidien, mais aussi comme une force qui permet de voir le monde sous un autre regard, un regard plus profond. À La Réunion, Lauriane Hune-Sam nous partage son quotidien en tant que maman avec une sensibilité élevée.

Pour Lauriane Hune-Sam, « L’hypersensibilité, c’est avoir un petit plus ».

Êtes-vous hypersensible ?

31, c’est le pourcentage de personnes touchées par la haute sensibilité dans le monde, selon une étude menée en 2018. Un pourcentage élevé qui, pourtant, est probablement sous-estimé, selon la thérapeute formée par l’Observatoire de la sensibilité Fanny Jimenez, dans la mesure où de nombreuses personnes n’ont pas conscience de leur sensibilité élevée. Et vous, êtes-vous hypersensible ?

Vous êtes fatigué, vous saturez, vous avez des réactions excessives face au bruit, à la lumière, aux odeurs, aux goûts, au toucher ou encore face à vos pensées ou vos émotions ? Vous êtes très observateur, vous avez le sens du détail ? Vous êtes perfectionniste et êtes tourmenté par le doute ? Vous ressentez vos propres émotions mais aussi celles des autres avec une grande intensité, variabilité et durabilité ? Vous percevez les gestes, les mimiques, les intonations de voix chez les autres avec facilité ? Alors, il se peut que vous fassiez partie des personnes ayant la haute sensibilité comme trait de caractère.

Bien qu’il existe des caractéristiques communes à la haute sensibilité, la thérapeute Fanny Jimenez, nous précise que « chaque personne est unique dans sa sensibilité ». D’après Saverio Tomasella, un docteur en psychologie clinique et chercheur français spécialiste de la haute sensibilité, il existe un seuil de tolérance propre à chacun. Ce seuil est délimité par ce qui nous est possible de supporter. Aller au-delà de cette limite revient à devenir intolérant et à éprouver toutes sortes d’émotions trop intenses.

Un quotidien marqué par l’intensité

Lauriane Hune-Sam, une maman avec un « petit plus », témoigne des impacts négatifs que peut apporter l’hypersensibilité à son quotidien. « Le bruit, ça peut être gênant, même au quotidien. J’ai deux enfants en bas âge ; quand on allume la musique et que l’ambiance sonore est un peu trop intense, je sens que ça peut m’impacter et j’ai besoin vraiment d’y faire attention. » « C’est impactant dans la mesure où, lorsque l’un de mes sens est plus exacerbé, j’ai les émotions qui sont plus à fleur de peau, j’ai un stress qui est clairement plus important, ça peut me mettre dans des états émotifs peut-être plus forts, plus intenses par rapport à la moyenne. » Lauriane Hune-Sam nous partage ici un quotidien pas toujours facile, impacté par ce trait de caractère qu’est l’hypersensibilité.

Pourtant, elle peint aussi un tout autre portrait de la haute sensibilité, un portrait plus positif. « Comme nos sens sont exacerbés et qu’on est, je pense, les hypersensibles sont naturellement plus attentifs et sensibles à l’environnement, aux changements d’états émotionnels des personnes avec qui on vit, qu’on côtoie, alors on peut être plus impacté, mais je pense qu’on perçoit plus de choses que la moyenne. » Une personne hautement sensible a le sens du détail, elle est observatrice et analyse chaque situation en profondeur. Cette sensibilité offre alors un vrai super-pouvoir : celui de percevoir le monde autrement, dans toute son intégralité.

Avoir une sensibilité élevée, c’est vivre dans un monde intense. Une intensité qui se manifeste par des émotions négatives, mais aussi par des émotions positives. Fanny Jimenez, une thérapeute avec une sensibilité élevée, témoigne : « Oui, je peux ressentir une colère encore plus forte qu’une autre personne, mais, par contre, je peux ressentir un sentiment de joie profond. »

Je suis hypersensible, que faire ?

La haute sensibilité, un trait de caractère qui nécessite une grande écoute de soi. Lauriane Hune-Sam a découvert sa sensibilité il y a peu de temps. Une révélation qui s’est présentée comme une redécouverte d’elle-même, lui permettant de mieux réagir face à ce tempérament. « Avant, je pense que j’étais dans une suradaptation à dire oui et ne pas m’écouter, ne pas prendre en compte mes besoins, et maintenant j’y fais plus attention. Je prends vraiment en compte ce dont j’ai besoin, envie (…) je vais pas me forcer, je prends le temps de m’écouter. » Elle nous adresse un message : « Il faut oser être soi-même, arrêter de culpabiliser si on se sent différent et, en fait, l’hypersensibilité, c’est avoir un petit plus. »

La thérapeute Fanny Jimenez utilise différents outils pour « déployer son potentiel sensible ». Parmi eux, la somato-psychopédagogie qui s’appuie sur la sensibilité corporelle, la technique de libération émotionnelle qui, elle, s’appuie sur la sensibilité énergétique, ou encore les massages caméléons.

Fanny Jimenez, qui a l’habitude d’accompagner des enfants, implique une dynamique familiale dans son travail. Sa particularité est d’intégrer l’habitat dans le but de créer un endroit réceptif à la sensibilité de l’enfant. Son travail s’appuie sur les recherches d’Elaine Aron, la psychologue américaine qui a conceptualisé la haute sensibilité en 1996. La chercheuse soulève notamment l’importance d’un environnement apte à accueillir la sensibilité afin de garantir l’épanouissement de tous.

Lauriane Hune-Sam nous fait part de sa relation avec son conjoint : « Il sait et il sent qu’à un moment, en termes d’émotion et de gestion du stress, il sait reconnaître quand j’arrive plus à gérer, et il est capable de répondre à mes besoins et de dire : « Là, je comprends, va te reposer, va t’isoler » parce qu’il sait que je suis pas bien à ce moment-là. ». L’écoute et la compréhension semblent alors être l’attitude à adopter face à une personne avec une sensibilité élevée.

Rédaction : Maï Noël

Illustration : Alice-Aurore