Frédéric Paulus

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La Santé « à portée de main » des parents

LIBRE EXPRESSION

« Faire de la santé mentale une grande cause nationale », telle était l’ambition du Premier Ministre Barnier qui fut remercié, à notre grand regret tant nous imaginions pouvoir contribuer à apporter notre pierre à l’édifice de sa réalisation. 

Ne dissociant pas la santé physique de la santé mentale, nous reconnaissons intuitivement qu’annoncer promouvoir la « seconde », présentée « isolement », pourrait favoriser l’implication des citoyens associés à cet engagement sans considération de professionnalisme. Et ce, d’autant que la santé mentale repose grandement sur les parents, notamment sur leur désir d’enfant dès l’annonce d’une maternité puis lors de l’accompagnement « éducatif » des enfants dans leur quotidienneté. 

Porter de nouveaux regards sur le temps de la grossesse et des premières années de la vie des enfants, en dehors des interventions de professionnels comme les sage-femmes – dont nous regrettons qu’elles ne puissent s’associer à des psychologues cliniciens – pourrait enrichir une culture des parentalités non encore instituée professionnellement. 

Une culture de l’accueil spontané des enfants éclairée par la science est-elle possible ?

Cette culture de l’éducation des enfants de Monsieur tout le monde, dit familièrement, aura été ignorée, disons pratiquement impensée. De fait, la diversité culturelle autour des enfants est occultée du côté des parents mais investiguée lorsque des problèmes adviennent.

La santé mentale des Français pourrait devenir un enjeu public. Indubitablement, nous serions amenés à en questionner la genèse et à convenir qu’elle résulterait bien de l’engagement parental dès la conception du bébé. Et les parents pourraient profiter d’éclairages scientifiques intégrés dans  une culture de tous les jours.

Pour des parents relais citoyens

Nous pensons pouvoir apporter notre expertise dans ce domaine, laquelle se traduit par la proposition de promouvoir l’idée de Parents Relais Citoyens forts de leur expérience de parents, sans pour autant s’ériger en modèle. Avec un statut reconnu de bénévole, ils accompagneraient de futurs et jeunes parents à être parents ayant reçus un ensemble de points de repères fiables sur les avancées des sciences.

Préalablement à cette application en « recherche-action », nous proposons de réfléchir aux enjeux éthiques et méthodologiques sous-jacents et à l’esprit philosophico-scientifique, afin d’étayer une approche humainement éclairée et transposable sur d’autres communes. 

Nous serions tributaires de trois terrains d’application : une partie du 17emearrondissement de Paris (les Quartiers Batignolles – Epinettes), la commune de Montpellier et une commune de l’île de La Réunion (non encore désignée). Notons que nous avons déjà réalisé une première expérimentation à la fois sur Paris et sur cette île. 

Concernant les communes du 17èmearrondissement et de Montpellier, des échanges sont en cours avec certains responsables municipaux et élus. Nous avons pensé vous informer de ces projets en gestation en espérant un soutien à distance de votre part sur  cette île française de l’océan Indien.

Une documentation pourrait être communiquée, qui préciserait ces ambitions. Mon livre « L’éducation fondée sur les sensations » pourrait être adressé localement sur l’île, renseignant sur les pré-requis scientifiques réunis dans les années 1990 que nous réactualisons régulièrement, et même à distance. 

Une suite éditoriale ajustera nos données aux découvertes dans le champ de l’épigénétique et des forces psychiques vitalistes qui existeraient chez tout être humain à son insu. 

Il nous faudra évoquer les nombreux travaux développés fort à propos dans le livre du physicien et auteur Christophe Galfard qui réalise une très appréciable synthèse sur « la vie à portée de main ». 

Impliquer largement les populations, nous y avons pensé, d’où la médiation de Parents Relais Citoyens, éclaireurs des parentalités et de la santé mentale des enfants. Il s’agirait désormais de réfléchir en effet à un statut et à une déontologie de ces nouveaux intervenants afin qu’ils puissent accueillir la diversité des façons d’être parent. Ils offriraient aussi un cadre pour renouveler les perceptions quant aux besoins des bébés, besoins verbalisés par les parents le plus spontanément possible. Bref ils favoriseraient les échanges comparatifs en groupes de paroles sans porter aucun jugement de valeur.

Renouer avec une culture populaire des « rêves »

La dimension de la santé mentale, que nous qualifions dans les différentes façons d’agir, de penser, d’être se manifeste également lors des « rêves ». 

Cette approche ré-envisage ce que nous avons considéré comme « inconscient » car le cerveau construirait selon nos déductions des scénarios dits « oniriques » pouvant même anticiper nos actions conscientes, c’est ainsi qu’ aux alentours de mes cinq ans, lorsque que nous quittâmes la ferme agricole de mon père pour être scolarisé à Constantine (en Algérie) je fus impliqué dans une scène « surprenante » lors de mes nuits en plein sommeil où je me précipitais pour extraire un bébé qui traversant le boulevard face à notre maison qui risquait d’être écrasé par le tram. In-habitué comme petit campagnard cette machine infernale qui  m’impressionnait, toutes les vingt minutes devant nos fenêtres, (fin du rêve pouvant être assimilé effectivement à un cauchemar). 

J’interprétais immédiatement ce rêve comme étant à la fois ce bébé et ce vaillant petit garçon désirant sauver ce nourrisson d’une fin tragique. 

Ultérieurement je proposerais un étayage conceptuel théorique pour interpréter  cette vigilance créatrice que nous aurions durant nos nuits.

L’inconscient non névrosé, (nous verrons pourquoi « non névrosé » ultérieurement) devrait entretenir un rapport actif avec l’environnement ; un désir et un plaisir d’agir, de penser par soi-même lors de nos moment de conscience et d’engendrer, enfin un possible respect vis-à-vis d’autrui, et pourquoi pas une créativité.

Cet ensemble d’alternatives viserait à susciter un autre regard sur une potentielle intelligence innée des bébés dès leur conception.  Avec la découverte des neurones – miroirs pourrait ainsi être réfléchie de nouvelles façon appréhender de façon collective l’intelligence innée des bébés. 

Avec la découverte de l’épigénome, la biologie se « libère » du « statisme » imaginé strictement génétique

Nous savons de nos jours que ces moments qui déterminent le devenir d’un enfant sont influencés génétiquement et épigénétiquement, au niveau des cytoplasmes cellulaires, lors de l’expression des génomes et des épigénomes des géniteurs ; ainsi qu’après la fécondation, lors du développement génétique et épigénétique du bébé à naître jusqu’à sa fin de vie, en fonction du contexte émotionnel de la vie des couples notamment. La vie est émotion bien que constamment sous influences génétiques et épigénétiques ; là réside la nouveauté depuis plusieurs décennies. Nos organismes se modifient continuellement, nous le constatons notamment  lors des rêves.

Ces dimensions s’appréhendent en fonction du mode de vie, de l’appartenance ou non à une religion, de la culture des parents dans la situation psychologique d’attente lors de la gestation d’un enfant à naître. Ces dimensions anthropologique, transdisciplinaire et onirique interfèrent dans la santé, cette dernière aura été reléguée aux psychanalystes qui en ont fait leur « chasse gardée » !

Je valoriserai la possibilité de tenir compte de la réalité de l’analyse des « rêves » en situation de groupe. Pour nous, ceux-ci résulteraient d’une faculté du cerveau à traiter, lors du sommeil, de l’information survenue éveillée; dont les énigmes oniriques signifiantes pourraient être levées populairement. Et ce, par le vecteur d’une réflexivité de groupe, lorsqu’une ambiance de respect durant des échanges est requise. 

Je me permettrai de rapporter, lors d’échanges de sensibilisation qui pourraient être imaginés avec Zoom par exemple, un extrait de trois de mes rêves analysés dans ma thèse de 2000 étayant la réflexion. 

Parallèlement à mes activités de psychothérapeute en libéral, notre expérience d’animation de groupe en « développement personnel » tente de montrer que lorsque la possibilité d’analyse de « rêves » des participants est évoquée, non seulement les personnes réunies profitent du moment pour les présenter, mais ont de surcroit un vif plaisir à le faire en manifestant une part active à leur auto-interprétation. Voilà de quoi réjouir un philosophe défenseur de Socrate. Les intuitions oniriques ravivant des intuitions s’additionnant, le résultat est souvent pertinent, voire probant dans cette analyse groupale, certainement dynamisante. 

Nous aurions là comme une preuve que ce « continent » appelé « l’inconscient » apparaîtrait comme un espace de liberté. Il se manifesterait lors de notre sommeil et chercherait à devenir conscient sans l’intermédiaire d’un psychanalyste.

Oui, la popularisation de la santé mentale de nos concitoyens pourrait être une thématique d’actions à imaginer et à entreprendre qui pourrait transformer humainement nos sociétés ! Cet avis n’enlève en rien la pertinence du travail analytique en cabinet privé, qui s’avère plus élitiste.

Une approche transdisciplinaire et vitaliste de la santé

Par cette introduction schématiquement présentée, nous sommes conscients que de nombreuses interrogations surgiront et devront être scientifiquement débattues. Il serait regrettable que, du fait de la complexité du champ qui fonde la santé mentale – certaines réalités scientifiques étant pour l’instant non encore stabilisées – nous soyons freinés ou inhibés dans nos tâtonnements et critiqués a priori par des inspecteurs qui resteraient dans l’attente d’un savoir étayé et scientifiquement validé. Eduquer un enfant n’est pas un acte scientifique observable derrière un microscope ou un scanner. S’y associent une culture, des espoirs, des valeurs, des imaginaires, des singularités, des désirs conscients et inconscients, etc., incorporant des géniteurs et même des parents non géniteurs.

Afin de fournir certains points de repères, nous mentionnerons quelques auteurs dont les travaux nous semblent fiables voire recommandables. Ainsi, ceux du Professeur Henri Laborit (1914-1995). Je lui suis reconnaissant de m’avoir permis de m’extraire d’une formation universitaire trop influencée par Sigmund Freud (1856-1939). 

De nos jours, on peut considérer que les travaux de Laborit sont  complétés par ceux du neurobiologiste Francisco Varela (1947-2001); et toujours actuellement de façon plus dynamisante, par ceux du Professeur qui se dit à la fois spécialiste des neurosciences et psychologue, Antonio Damasio (1944). Parmi d’autres auteurs encore, je réserverai une place centrale à la biologiste Lynn Margulis (1938-2011). 

Et depuis peu, nous y associons ceux de Christophe Galfard, auteur de « La vie à portée de main », (2025).

Pour l’exploration de la vie psychique, après deux expériences salutaires de psychanalyse, je me réfère de nos jours au psychanalyste Carl Gustav Jung (1875-1961) sans esprit de chapelle, tout en privilégiant l’analyse de mes propres rêves.

Les défis sportifs révélateurs de forces vitalistes et psychiques

D’un autre côté, le spectacle récent des athlètes des Jeux paralympiques nous aura surpris, émus, enthousiasmés et questionnés quant à la force psychique dont ces sportifs (pour ne pas dire tous) ont fait preuve, en tentant de dépasser leur handicap. Leur vitalisme intrinsèque interpellera les scientifiques qui ont tendance à ignorer cette réalité du vivant, au moins chez l’humain.

Nous aurons une pensée particulière pour Paul-Joseph BARTHEZ, (1734-1806) botaniste et médecin natif de Narbonne, et précurseur d’une pensée vitaliste du vivant. Le vitalisme, depuis, n’a-t-il pas été « scientifiquement » critiqué plus ou moins ? Or cette expression de la vie apparaît, mise en évidence et amplifiée par les caméras, sous nos yeux étonnés puis conquis.

De nombreuses questions restent ouvertes pour tenter d’évaluer l’origine de la force psychique de ces athlètes. Elle peut d’ailleurs se manifester en « rêves », qu’ils soient en pleine possession de leurs moyens ou handicapés. Cette « force » devrait nous mobiliser pour mieux comprendre et appréhender la réalité du vivant en fonction de l’innéité ou des formes acquises de ces handicaps.

Une plus large perception de la réalité de ces personnes  handicapées et de leur histoire singulière pourrait se concevoir pour mieux faire connaissance avec chacune, au-delà du spectacle d’un trop bref moment. Car se greffent sur ces parcours de vie des entrainements éprouvants jusqu’aux résultats finaux avec obtention ou non d’une médaille. Cette investigation ne devrait pas laisser insensibles les personnes valides.

Pouvons-nous évaluer ce que ces athlètes, médaillés ou non, ont apporté comme humanité ? 

Promouvoir la santé mentale de nos concitoyens devrait recevoir l’assentiment d’un large public au-delà des corporatismes et des clivages politiques parfois stériles. Nous serions heureux de pouvoir contribuer à cette ambition.

Nos propositions d’accompagnement à promouvoir la santé mentale comme cause nationale et populaire restent entières.

Frédéric Paulus, Président du CEVE

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