L’art gens

LIBRE EXPRESSION

Beaucoup d’argent (toujours), peu d’élus (encore). 

Un rapide tour médiatique des avis des célébrités sur le montant de leurs rémunérations télévisuelles indique que l’acceptation d’une grosse somme peut être justifiée.

Même si cette somme vient d’une entreprise qui exploite des gens. 

Même si cette somme vient d’une entreprise qui comdamne le travail d’autres entreprises. 

Même si cette somme gagnée en quelques heures par une personne correspond au salaire de plusieurs années pour la plupart des individus. 

En fait l’artiste qui gagne cette très grosse somme d’argent pour s’amuser quelques heures selon un script et dans un cadre prescrit peut même justifier son gain par charité. L’accomplissement d’une vocation humanitaire presque. «Ça peut être utilisé pour aider». 

L’intention semble gentille et part peut-être d’un bon sentiment.

Seulement, est-ce désirable une sociétè dans laquelle l’idée que quelques-uns aident tous les autres s’est génèralisée ?

Ces autres aiment-ils être « des aidés » et projeter le rester ? Sont-ils tous incapables de gagner ce dont ils ont besoin ?

Les talents et aptitudes sont certes hétérogènes et enrichissent de maniére différentes. Mais « être un aidé » ne me semble pas constituer un don particulier. 

« L’aide » me paraît bonne, essentielle, quand elle est transitoire et apporte l’émancipation, quand la disproportion entre les situations de l’aidant et des aidés n’est pas si abyssale (200 000 euros net pour huit heures contre 92,16 euros brut). Autrement, elle est plombée de dépendance vis-à-vis de l’aidant, et génératrice de colonisation des perspectives de l’aidé. Elle étouffe et assassine toutes possibilités de l’entre-aide épanouissante et nécessaire à la vie sociale équitable. 

Peut-être serait-il plus judicieux, parce que plus aidant justement, de répartir cette grosse somme d’une autre manière que celle du spectacle de charité, en laissant les gens développer leurs capacités pour contribuer autrement qu’en consommant les fruits de l’amusement de queqlues uns. 

Pour en arriver là, il faudrait peut-être non seulement dénoncer mais aussi arrêter de participer au systéme qui permet la dominance de quelques uns sur tous les autres. Encore faut-il que ces quelques uns renoncent au statut de sauveur. 

L’ego de l’artiste devenu très riche est-il prêt à s’épanouir ailleurs que dans le secrétement « c’est grâce à moi ce que tu as ».

La question se pose aux sportifs multimillionnaire.

La question se pose aussi aux élus de la République et aux patrons qui font l’aumône des salaires.

Tant que la situation sera celle de trop d’argent pour peu de personnes, les appels à la compétition pour remporter une enveloppe ou les appels à bonne volonté bénévole pour améliorer le cadre de vie me paraitront aussi importants qu’une émission : de divertissements pour ceux qui y participent, et d’ankylosement pour ceux qui regardent.

À nos zapettes ! Aidants, aidés, brisons les chaînes du replay incessant de la domination.

Kala Livalisse

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